8 - É T E R N I T É.

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Je tremble encore et encore, le froid embaume mon corps alors que mon sang s'écoule le long de ma tempe. Je suis à terre en sang, j'ouvre les yeux, paniqué. Je tente de reculer en rampant mais je suis complètement tétaniser et ma tête tourne.

Une carrure musclée s'en prend à mon agresseur, c'est comme si le temps ralentissait autour de moi.
Aucuns sons ne sort de ma bouche, mon corps est lourde et je vois flou. Je me mets à pleurer, ses mains l'étouffe alors que mon agresseur essaie de le repousser.

Il le lâche enfin laissant son corps au sol et ses mains s'égoutter. Je distingue quelques gouttes de sang d'écraser au sol.

- Casse-toi.

Il le prend par le col et le pousse vers la sortie du cul de sac. Je me sens de plus en plus mal. L'homme disparaît de mon champs de vison alors que l'autre se tourne vers moi. Il s'approche et me regarde.

- Tu te sens bien ?

Il s'accroupi devant moi. Il pose sa main sur ma joue et attrape lentement mon visage. Je tente de le repousser par peur qu'il s'en prenne à moi lui aussi.
Son regard est insistant sur moi. Je sens ses bagues froides contre ma joue, je frissonne instantanément.

- L.. Laisse..

Mon cœur bat fort au point de le sentir contre mes tempes. Je me remets à pleurer, mon corps me tue et mes côtes s'enfoncent dans mon ventre.

- Tu peux te lever ?

J'hoche la tête pas serein avant de poser une main sur le sol. Le relief du goudron s'enfonce dans ma peau, je ne bouge pas, je n'arrive pas, je pleure et ferme fortement mes yeux.

Il passe sous mon bras et attrape ma taille de l'autre main. Il me lève en douceur, mes jambes tremblotent.

- Ça va ?

J'esquisse un sourire, comme si ça avait vraiment l'air d'aller... Il serre son bras autour de moi et retire sa capuche, je plonge mes yeux dans les siens jusqu'à ne plus rien voir. Je me sens faible, mes yeux se ferment sans même que je m'en rende compte.

- Répond moi, comment tu te sens sens ?

Je m'agrippe à sa veste en cuire, mes jambes lâchent, il me resserre contre lui.

- Accroche toi, je t'emmène à l'hôpital.

Son odeur embaume mes narines, je me sens vide et bien, même si je ne comprends pas ce qu'il se passe. Il m'assois sur quelque chose de plutôt moue.

- Passe une jambe de l'autre côté.

Je lève doucement ma jambe et la passe de l'autre côté, je penche sur le côté mais il me rattrape, sa main appuie sur le côté de mon abdomen. Une douleur réveille mon corps.

- Merde...

Il me lâche une mini seconde.

- Quoi.. Merde...

Il me passe un casque sur la tête tout en me tenant toujours la taille avant que son corps ne se retrouve devant le miens.

- Serre moi et garde les yeux ouverts, les fermes pas, regarde le paysage..

Ses mains encerclent mes poignets et il me les passent autour de sa taille. Mon torse se colle au siens, je me mets à le serrer de toutes mes forces.

Un bruit se fait fort. Je comprends enfin que je me retrouve sur une bécane.

- J'ai.. Mal...

Ma voix est faible, j'arrive plus à sortir le moindre mot.

- Je sais que t'as mal, tiens toi à moi et me lâche pas.

Je pose ma tête contre son épaules. Sa moto ronronne et je vois le paysage défiler sous mes yeux, des suites imaginable d'immeubles. Je remarque seulement maintenant qu'ils se ressemblent tous, ou alors ce n'est juste moi qui rêve.

- Aide moi...

- Arrête de parler, tu te fatigues pour rien, concentre toi sur autre chose je t'ai dit.

Je continue de regarder tout ce qui m'entour. Je baisse mon regard vers la route, le sol défile à une vitesse fulgurante. Les reflets varient entre l'orange, le jaune et le noir. L'eau croule sur mes vêtements laissant une couleur rouge bouffer mon pull. Il me colle à la peau, mon sang s'est écoulé le long de mon jean. Bordel de merde.. Je vais finir par y passer si je continue. Tout ce que je voulais.. C'était baiser et gagner de l'argent, chanceux comme je suis, je suis tombé sur le plus gros violeur de tout le quartier...

Je veux juste.. Retrouver ma mère droguée sur le canapé et m'allonger avec elle. Il ralenti.
Je refermé les yeux, je vais pouvoir me reposer.

- Tient toi à moi.. J'ai pas tant de muscle que ça... Puis je dois nettoyer ma bécane tu l'as dégueulassé, fait chier.

J'arc un sourire, il est si.. Con. Et ça fait si mal de rire alors que je perds la moité de mon sang. La seule chose à la quelle il pense, c'est sa moto, c'est sûr que c'est toujours plus important qu'une personne semi consciente.

Je ne fais plus vraiment attention à ce qu'il chante. Quelques marmonnements par-ci par là mais surtout des bourdonnements sourds et longs. Je ne le sens pas, c'est peut être... Pas vraiment normal... Mais je me sens bien.. Comme quand ma mère s'occupait encore de moi. Comme quand elle était mon père et ma mère en même temps... Avant qu'elle plonge et ne remonte plus à la surface.

Je ne sens rien, juste le néant, comme si j'étais défoncé et c'est plutôt cool, j'me sens éternel.

Bécane [BOYXBOY]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant