Chapitre 6

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Love, Rosie - High Hopes

[Chicago, 2009]

Cela faisait maintenant un an que j'avais fuis ma famille et le club. Un an que je vivais à Chicago. Où plutôt que je survivais à Chicago. Je venais d'avoir dix-huit ans. À cet âge là on ne pouvait s'imaginer qu'une enfant pouvait vivre seule sans un sou en poche, sans un toit sous lequel dormir et se protéger des hivers rude et du froid glacial qui régnait à ce moment là sur la ville, mais aussi et surtout, seule et effrayée dans une ville inconnue et dangereuse. 

J'essayais de trouver des petits boulots, histoire de pouvoir me nourrir ne serait-ce qu'un peu. Je ne vous cache pas que cela fut très compliqué mais je réussissais un peu, après tout cela faisait déjà un an et ma situation commençait à être décente. C'était surtout grâce à une femme qui m'avait recueillis peu de temps après mon arrivée à Chicago. Elle s'appelait Gorgia Mickaels mais tout le monde l'appelait Gigi. Nous étions plusieurs filles chez elle. Plusieurs que Gigi avait sauvé de la rue, du crime, de la délinquance et de la déviance. C'était un ange, du haut de ses un mètre soixante et de sa forte corpulence, Gorgia était afro-américaine, sa famille avait vécu toute sa vie à Chicago et elle connaissait la ville comme sa poche. Une aubaine pour nous qui venions de fuir un passé compliqué et chaotique. 

Nous étions trois sauvées par Gigi à l'époque, mes deux colocataires s'appelaient Lana et Kara. Nous étions inséparables. Les trois "A" selon Gigi, et toujours selon elle, nous étions destinées à vivre un bel avenir. Un avenir que Gorgia avait lu dans les cartes de tarots et dans les lignes de nos mains. Elle était comme la mère que nous n'avions jamais eus. 

Lana n'avait pas fui à proprement parlé. Sa famille était riche comme crésus, ils avaient émigrés depuis Tokyo à New-York pour s'implanter dans le pays le plus puissant du monde. Selon Lana, son père dirigeait les Yakusa, elle voulait quitter sa famille pour ne pas être comme eux. Lana voulait être quelqu'un d'honnête. 

Kara quant à elle ... son passé faisait froid dans le dos. Elle était la dernière survivante d'un incendie qui tua toute sa mère et son beau-père par la même occasion. Kara refusait d'en parler. Je la soupçonnais même d'avoir mis elle-même le feu et de fuir par peur de représailles judiciaire. Lana et moi imaginions que son horrible beau-père devait être abusif envers elle et que sa mère fermait les yeux pour ne pas affronter la réalité des choses. 

J'avais avoué mon passé aux filles, elle méritait de savoir ce qui pourrait leur arriver si mes proches me retrouvaient. Après quelques mois, j'eus des crampes d'estomacs et je perdis les eaux chez Gigi. Elle m'expliqua que j'avais fait un déni de grossesse et que je venais d'accoucher. C'était une fille, elle était magnifique. Seulement, je fis une dépression post-natale et je ne pouvais plus porter ma fille dans mes bras sans que je me mette à pleurer à chaudes larmes. Je ne pouvais pas assumer un bébé, je n'arrivais déjà pas à m'assumer toute seule. Je savais que je lui ferai du mal sans le vouloir. Je ne pouvais pas l'élever. Sofia. C'était le prénom de ma fille. Je pris la décision de laisser Gigi s'en occuper le temps que je mette ma vie en ordre, que je trouve du travail et que ma situation devienne stable. J'avais décidé que ma fille aurait un avenir meilleur que celui que j'avais ou plutôt avenir que je n'avais pas encore. 

Lana me tannait pour que je parle de Sofia à son père. Je refusais catégoriquement. Cela voulait dire en parler au club ... en parler à mon père. Et je ne pouvais me résoudre à cela. Ma fille méritait un avenir en dehors du club et de sa violence. En sois, Lana avait raison, Sam avait le droit de savoir qu'il était papa, mais je ne pouvais me résoudre à reprendre le contact. Pas comme ça. Pas encore.

Sofia était si belle et si innocente. Généralement, je trouvais que les bébés ce n'étaient pas vraiment quelque chose de beau à regarder et je ne comprenais pas l'obsession des mères et vouloir montrer la beauté de leur progéniture mais je compris enfin en regardant ma fille. Objectivement et en toute honnêteté, ma fille était vraiment un beau bébé, contrairement à certains qui ont la peau toute fripée et un visage qui ressemblait à une gargouille.

J'étais devenue maman à dix-huit ans et je ne pouvais pas juste l'abandonner comme l'avait fait ma mère. J'allais tout faire pour donner un avenir à ma fille. Elle le méritait. J'entrepris alors quelques recherches d'emplois. Certaines finir par aboutir et j'eus quelques emplois de barmaid et serveuse dans des restaurants avant d'avoir la brillante idée d'ouvrir mon propre bar avec l'aide de mes sœurs.

Georgia eut du mal à accepter l'idée de nous voir ouvrir un bar, surtout à Chicago et surtout aussi jeune. D'ailleurs j'avais mis trois ans avant de légalement pouvoir vendre de l'alcool et de pouvoir légalement en consommer. Kara était la plus âgée et c'était donc elle la barmaid officielle jusqu'à mes vingt et un ans, jour où elle quitta le Thunderstorms (nom trouvé par Gigi, car selon elle, Kara, Lana et moi étions comme des orages prêts à exploser) pour ouvrir son salon de Tatouage, lui aussi nommé le Thunderstorms Tattoo Shop. Lana, elle, avait décidé de rester à mes côtés pour être la baby-sitter officielle de baby Sofia.

Notre ange gardien avait eu raison. Nous avions enfin notre belle avenir qui se traçait devant nous. Sofia et moi allions enfin avoir notre belle petite vie bien rangée et tranquille dans la ville de Chicago. Même après un départ chaotique j'arrivais enfin à voir un peu d'espoir. Non. J'avais beaucoup d'espoirs pour notre future. La vie avançait et Sofia grandissait et sa beauté ne faisait que grandir avec elle et je ne voyais aucune tache d'ombre à l'horizon. J'étais enfin heureuse. Mais pour combien de temps?

Blooming Thunderstorm (Français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant