Chapitre 13

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We Used To Be Friends – The Dandy Warhols

[Los Angeles, 2016]

Je restais sur le bord de la falaise un moment pour digérer la déclaration inattendue de Sam. Rien ne m'y avait préparer et j'étais encore sous le choc. Être sous le choc était un euphémisme ... à vrai dire ... cette situation me déranger. L'amour que Sam me portait était déplacé et mal venu. Mes sentiments envers lui étaient clairs, nets et précis. Il était hors de question que je me remette avec cet homme. Sam m'avait trahi une fois et je ne comptais pas laisser cela se reproduire une deuxième fois. J'étais et je serais toujours une personne plus que rancunière, étonnant qu'il ne le sache pas depuis le temps.

« Désolée que ça se soit passer comme ça, déclara Lana dans l'oreillette. On arrive. »

Le fait que Lana et Joon ait tout entendu me mis mal à l'aise.

Surtout vis à vis de Joon. Lui et moi, notre histoire remontait à Chicago, je devais avoir dans les dix-neuf ans et Lana et moi vivions chez Gigi. Joon n'était pas encore réapparu dans la vie trépidante de sa sœur cadette. Avant de se sentir l'âme d'un justicier, Lana était du genre rebelle et il était hors de question pour elle de devenir un yakusa.

Quant à moi j'étais enfermée, emprisonnée dans une relation sans avenir avec Sam. Lui n'imaginait que ça. Un avenir florissant, une maison de banlieue avec un jardin, des petites clôtures blanches mais tout de même assez hautes pour empêcher notre chien imaginaire de s'enfuir ainsi que deux beaux enfants, jouant ensemble dans le jardin pendant que nous serions en train de boire un thé ou un café assis sur une balancelle en bois blanc. Ce rêve idyllique n'était pas le mien. C'était bien celui de Sam. J'étais devenue sa seule et unique raison de vivre depuis les Hell's Riders. Je ne voulais pas de cette vie. Je ne voulais pas d'une vie bien rangée ... pas maintenant en tout cas. C'était bien trop tôt, surtout à l'époque à laquelle Sam en parlait.

Mon père, lui, voyait le même rêve que Sam. Sauf qu'il l'aurait en plus, mis à la tête du club. On serait devenue la famille de rêve des Hell's Riders. 

Quand Joon, le frère de Lana, a débarqué dans nos vies tel un ouragan détruisant tout sur son passage, quelque chose s'était produit. C'était à ce moment précis que je sû ce que je devais faire. J'allais pouvoir faire d'une pierre, deux coups. Ce jour-là, j'ai vendu le terrain vague aux yakusas et ce jour-là, Joon m'invita à aller diner. Je pensais que j'allais enfin pouvoir sortir de ma vie si compliquée. Ce fut une grosse erreur.

Certes, je venais de mettre du piment dans ma vie. Mais ce n'était pas le genre piment de Cayenne, celui qui est comestible et qui sert non seulement à cuisiner mais aussi qui aide dans les douleurs articulaires ... non ... là c'était plus du piment trinidad moruga scorpion, le piment le plus fort du monde, celui qui s'installe et qui vous détruit de l'intérieur aussi lentement et aussi douloureusement qu'un scorpion. Une douleur vicieuse et mortelle à la fois.

Là, c'était l'effet qu'avait fait l'entrée de Joon dans ma vie. Seulement j'en redemandais. Je voulais de cette douleur. Je savais que mon père et les yakusas étaient des ennemis mortels et je savais qu'un des deux camps auraient ma peau. Mais Joon provoquait en moi un sentiment de désir que je n'avais pas ressentis avec Sam, un frisson qui me faisait vivre et ressentir la vie au point d'avoir envie de continuer à vivre.

La monotonie que j'avais à vivre avec Sam me rongeait et m'avait poussé à m'enfuir et à vendre un terrain familial à l'ennemie. J'aurai pu juste m'enfuir et ne pas provoquer de guerre, oui j'aurai pu. Mais mon envie de destruction des Hell's Riders était déjà bien présente à l'époque aussi.

J'avais fait d'une pierre, deux coups.

Blooming Thunderstorm (Français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant