Chapitre 18

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BTS – Run

         [Localisation inconnue, 2016]

            Après finalement de longues heures de route en tête à tête avec un agent du FBI (plutôt canon je dois bien l'admettre), nous arrivâmes enfin dans un endroit que je ne connaissais pas. Par la fenêtre du côté passager, d'immenses hangars comme s'il s'agissait d'une zone de stockage ou d'une zone portuaire. Certains hangars avaient l'air anciens et abandonnés, dévorés par la rouille et la crasse. Au loin on pouvait même voir des rats s'y faufiler.
            J'ouvrais la vitre du SUV pour sentir l'air sur mon visage. Je pris une profonde inspiration et l'air qui entra dans mes poumons était glacial et sec, un frisson parcouru mon corps qui se raidit presque aussi tôt.
            L'agent du FBI ferma aussitôt la fenêtre en se plaignant qu'il faisait un froid de canard et qu'il avait l'impression d'être en hiver et que la température était anormalement basse.
            Tandis que je le laissais deblaterrer sur le réchauffement climatique une idée me traversait l'esprit à ce moment et c'était l'idée de retrouver ma fille et Joon. Tous deux me manquaient terriblement et pendant ces longues heures de trajet j'avais agi comme une enfant impatiente. J'avais passé mon temps à harceler monsieur Men In Black.

            « Quand est-ce qu'on arrive ? » demandais-je alors une première fois. Suivirent ensuite les « J'ai besoin d'aller aux toilettes. » et les « Et d'ailleurs, où est-ce qu'on arrive ? ».

            Je continuais pendant ces inlassables longues heures à poser inlassablement ces mêmes questions qui je dois bien l'admettre une fois de plus, m'énervais moi-même. À la place de ce séduisant agent du bureau fédéral d'investigation, je me serais mis un coup de Taser histoire de me faire dormir un peu pour admirer la tranquillité et beauté du paysage que je ne faisais que ternir avec mes questions épuisantes d'enfants.

            Fort heureusement pour moi, après quelques heures d'impatiences enfantine, l'agent fédéral m'annonça une bonne nouvelle.

            « Nous arrivons ... enfin, souffla-t-il soulagé. »

            Je ne pus contenir mon soulagement et me mit à regarder autour de moi avec un sentiment mixé d'angoisse, de méfiance et toujours d'impatience. Je ne savais pas si je devais être contente d'être enfin arrivé.

            Allait-il me tuer ? M'enfermer ? En réalité je me moquais de ce qu'il pouvait bien advenir de ma personne du moment que ma fille et l'homme que j'aime seraient en sécurité et en vie. Bien évidement si je pouvais rester en vie ce serait un plus. Un gros plus même.
Pour l'instant la seule et unique chose que je voulais c'était serrer ma fille dans mes bras et ne plus jamais la lâcher. Un énorme câlin était la seule chose que je désirais le plus.
            Au loins j'aperçus Sofia dans les bras de Joon, Lana se tenait à leurs côtés. Il faisait froid se jour-là et je craignais que ma fille ne tombe malade.

            Je ne savais pas pourquoi mais plus j'avançais vers ma fille, plus l'angoisse et la crainte augmentaient.
J'avais un mauvais pressentiment. Un très très mauvais pressentiment. Un de ceux qui nous prennent aux tripes et qu'on n'arrive pas a expliquer. Déjà l'endroit était sordide, l'odeur putride comme si des cadavres jonchaient le sol. Pourtant rien. L'endroit était désert. Nous étions seuls ... Avec les rats. Je ne comprenais pas pourquoi nous devions nous rejoindre dans un tel endroit avec une jeune fille qui n'a pas besoin de voir d'avantages d'horreurs.

            L'agent fédéral n'eut le temps d'arrêter la voiture que j'étais déjà sorti pour attraper ma fille et la serrer fort contre moi. Je pleurais. Sofia pleurait aussi. Joon et Lana en avaient eux aussi les larmes aux yeux.
            Mon chauffeur donna un sac a Lana et parti aussitôt sans même dire un seul mot ou lancer un seul regard.
            Je ne prêtais pas attention a ce qu'il se passait autour. Ma seule et unique priorité était s'enlacer ma fille.

            « Maman tu m'étouffes ! Dit-elle en soufflant.
            - Je sais ... Mais tu m'as tellement manqué, déclarais-je sans pour autant lâcher l'emprise que j'avais.
            - Tu peux me lâcher s'il te plaît j'aimerai respirer. »

            Quand enfin je me décidai a laisser ma fille respirer, Joon en profita pour me serrer dans ses bras a son tour. Il m'enlaça tellement fort que je compris ce que me disait Sofia. J'en avais même du mal à respirer. Je sentais son souffle dans mon cou. Je profitais de ce court moment avec lui avant de lui confier la décision que je venais de prendre. Une décision qu'il n'approuverait pas. Cela me déchirait le coeur rien que d'y penser. Je devais prendre mon courage a deux mains et lui dire.
            J'avais un plan.

Blooming Thunderstorm (Français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant