Blooming Thunderstorm (Français)

Chapitre 12

Kids (Ain't All Right) – Grace Mitchell

[Los Angeles, 2016]

Sam n'avait nullement l'intention de satisfaire ma requête. Je n'allais pas revoir ma fille aujourd'hui. Il prit son téléphone et m'envoya une photo.

C'était Sofia.

Elle avait l'air de s'amuser et avait l'air heureuse. Je l'espérais tellement. J'espérais tellement que tout se passait bien et que mon père n'agissait pas de la même manière qu'avec moi à l'époque. Sa cruauté n'avait d'égal que son égo et il le savait. Il en jouait souvent d'ailleurs. C'était la façon d'être de mon père. Il avait clairement des tendances de psychopathe. Le fait que Sofia soit en sa présence était suffisant pour que je m'inquiète.

« Sam ? C'était ton idée ?

- Comment ça ? demanda-t-il.

- Est-ce que c'était ton idée d'emmener Sofia ici ? »

Il ne répondit pas. Je connaissais Sam. Jamais il ne m'aurait fait ça. Jamais il ne se serait vengé de moi en utilisant notre propre fille. L'idée venait forcement de quelqu'un d'autre.

« Tu sais que je compte bien récupérer ma fille, à n'importe quel prix ?

- Oui je le sais très bien ... et lui aussi, continua-t-il. D'ailleurs ... son plan n'a jamais été de rencontrer sa petite-fille ... nous savons tous les deux pourquoi il agit de cette façon, termina Sam. »

Oui. Je le savais très bien. Je savais très bien pourquoi mon père se servait de ma fille comme moyen de pression contre moi. Mon père avait ce côté mesquin et immature d'un enfant de onze ans qui n'a pas ce qu'il veut quand il veut.

À l'époque où j'habitais encore à L.A je ne trainais pas avec les bonnes personnes. Déjà au lycée, j'étais la fille d'un chef de gang. Ça n'aidait pas vraiment à faire dans le social. Les professeurs considéraient que j'étais un élément à problèmes et mes camarades avaient peurs de moi. Je ne voulais pas être cette personne, celle que tout le monde craint à cause de sa famille.

À l'époque je cherchais l'approbation et l'amour de mon père. Chose que je n'ai jamais réussi à obtenir de lui. La seule chose que j'avais réussis à obtenir de lui était un terrain constructible que j'avais ensuite revendu à son pire ennemi. Un membre des Yakusa. C'était de ça qu'il s'agissait. J'avais permis à la concurrence de s'installer à Los Angeles, sur le territoire des Hell's Riders. Territoire que mon père avait perdu dans une partie de poker. Quand j'ai pris la décision de vendre le terrain du club c'était seulement dans l'unique espoir de mettre en rogne mon paternel. Et vous savez quoi ? J'avais réussi mon coup.

« Il m'en veut encore ? Demandais-je avec un léger rictus qui se voulait plus léger que ce qu'il paraissait.

- Et ça te fait rire Nora ? Tout ça c'est de ta faute ! s'énerva Sam. À cause de toi et de ton stupide égo d'adolescente tu mets la vie de notre fille en danger ! »

Je n'avais jamais vu Sam aussi sérieux. S'inquiétait-il vraiment du sort de Sofia ? Je ne pensais pas que mon père m'en voudrait encore pour une broutille d'il y a une dizaine d'années maintenant. La rancœur était vraiment persistante visiblement.

« On ne te rendra pas Sofia, annonça Sam en enfourchant sa Harley.

- Je me doutais bien que ce ne serait pas aussi facile ... mais s'en prendre à ma fille sera sa dernière erreur, crois-moi.

- Oh je n'en attendais pas moins de ma très chère ex-femme, seulement ... ne mets pas Sofia en danger juste pour prouver à ton père que tu es meilleure que lui. C'est l'unique et dernière chose que je te demanderais. D'ailleurs ! Les conditions de ton père pour récupérer notre fille sont les suivantes : arranges toi pour récupérer le terrain que tu as vendu aux yakuzas et cèdes le lui sinon il enverra notre fille dans un autre pays et on aura aucune chance de la revoir. »

Sam se tourna une dernière fois avant de remettre son casque. Il me regardait avec ce regard que je ne connaissais que trop bien. Ce regard qui en disait déjà long.

« Je t'aime toujours tu sais, malgré tout ce qu'il se passe en ce moment ... je n'ai jamais cesser de t'aimer. Depuis le premier jour où je t'ai aperçu dans ce bar ... je savais que ce serait toi. Le jour où j'ai reçu les papiers du divorce fut le pire jour de ma vie, je n'avais aucune envie de les signer. Je n'avais pas envie de te perdre. Je n'avais pas envie que tu abandonnes ce qu'on avait construit si durement. Et saches que ... que je continuerai de me battre pour nous. Quoi qu'il advienne, je me battrais pour nous, notre fille. Je me battrais pour qu'on devienne une famille. Je ne t'abandonnerais pas. Je ne referais pas la même erreur. Pas une seconde fois. »

Sam mit son casque et parti en trombe sans que je n'eus le temps de répondre. J'avais les larmes aux yeux. Qu'est-ce que j'aurai bien pu répondre de toute manière ? Tout ce qu'il venait de me dire n'avait pas le moindre sens pour l'instant et je ne pouvais pas me permettre d'y penser pour le moment.

Ce que mon père me demandait était impossible. D'une part, parce que les yakusas refuseraient de me vendre un terrain aussi précieux que celui de Los Angeles, et d'autre part, parce qu'il était hors de question que ce sale enfoiré gagne par le chantage. S'il voulait tellement ce terrain, il n'avait qu'à négocier directement avec les yakusas.

Je savais que je mettais la vie de ma fille en danger pour une simple histoire de vengeance et de terrain. Je m'en voulais terriblement. Il était hors de question que mon père envois ma fille à l'autre bout du monde. Il allait me le payer et très cher. À ses yeux je n'étais rien d'autre qu'une vendue. Pour lui, je mettais ranger du côté du clan adverse juste pour le contrarier.