- Le huit décembre -

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On est  dimanche, le troisième week-end avant noël. De nombreuse familles profitent de l'occasion pour décorer leur sapin, décider du menu et emballer des paquets . Les bambins, déjà impatients, sautent d'excitation dans les caddies ou dans les allées du marché de noël. Ils scandent des chants évoquant la neige, les boules et les souliers, sous l'œil attendri de leurs géniteurs, occupés à déguster des fruits confits et s'enivrer de vin chaud.

J'avais prévu une aprem patin à glace avec Charlotte, mais finalement je travaille toute la journée. Ma collègue est absente au moins pour aujourd'hui, clouée au lit par  une grippe. Je la remplace sur son créneau, ce qui fait de moi l'unique serveuse de la brasserie pour les deux services. Pas la peine de préciser que ça s'annonce folklorique. Je ne vais pas m'ennuyer.

Ma mauvaise humeur tutoie des sommets. Je fais une croix sur la patinoire, sur mon cadeau de l'avent . Patiner à pleine vitesse devait être la nouvelle fenêtre du calendrier. Au lieux de ça je suis bloquée au taf. Non pas que je n'aime pas mon travail, mais je déteste voir mes plans contrariés. Les pourboires ont intérêts de pleuvoir pour atténuer mon acidité.

Une fois la salle prête, je me retranche dans les vestiaires pour respirer une dernière fois avant le rush. Je consulte machinalement mon téléphone. Toujours aucune réponse de Ronald. Je n'aurais pas dû regarder ce maudit appareil une vague d'amertume s'ajoute à ma colère. Je balance mon smartphone, enfile mon tablier et ouvre le restaurant. Tout le travail qui m'attend est un mal pour un bien, se tuer à la tâche pour ne plus gamberger.

J'accueille les premiers clients avec un large sourire. Ils n'ont pas à pâtir de mes états d'âmes. Ils sont rapidement suivis par d'autres personnes affamées que je reçoit avec tout autant d'égards. Les tables se remplissent a une vitesse folle. En bonne professionnelle, je gère, je reste organisée, méticuleuse et serviable. Pas de blabla ou de chichi, je fais vite, bien et rapide. J' oriente les indécis vers le bon choix, en trente seconde top chrono. Je tire les bières en une seule pression sans faire de mousse. Je me plie en quatre pour offrir un service de qualité. En apparence, je suis agréable et prévenante, mais à l'intérieur, je boue.

La femme de la table neuf me les brise menues. Elle me demande le détaille de chaque plat alors que la carte est explicite . La liste de ses exigences est plus longue que la queue de rocco en moins intéressante. Vegan, allergique...je  prends sur moi pour lui répondre sans heurt. Elle se décide pour le burger végétarien, puis examine un bon quart d'heure les eaux minérales avant de me commander une carafe. Heureusement, la gêne de son compagnon me console.

Quand j'apporte leur commande, seulement dix minutes plus tard, elle râle :

- C'est pas trop tôt.

Je l'ignore et continue ma besogne. Brusquement, elle se lève et m'interpelle sur un ton outrancier, attirant l'attention des clients .

- Hey ! Vous la serveuse avec les frisettes et la poitrine démesurée !

Je me tourne vers elle et lui demande :

- c'est de moi dont vous parlez ?

- Oui qui d'autre ? Vous êtes la seule a exposer vos seins monstrueux ici . Je vous ai signalé mon intolérance au gluten et vous me servez des pains sur mon burger. C'est inacceptable. Vous êtes incompétente et dangereuse. Je vais me plaindre à votre hiérarchie.

Sa méchanceté gratuite me va droit au coeur. Mais pour qui se prend cette folle. Je m'arrache les cheveux  pour trouver de quoi la rassasier et elle la ramène avec une soit disant intolérance qui n'existait il y a trente secondes. Ma patience a des limites. Je la regarde droit dans les yeux et la remet à sa place.

- Sérieux ! Vous voyez le nom du bar ? C'est le bar back ! Vous saisissez le jeux de mot ? Ici on mange de la viande, un point c'est tout. Si vous voulez peter du choux fleur y'a d'autres restaurants plus « verts ». Alors arrêtez d'emmerder les gens avec vos demandes à la con.

La femme se lève et quitte la brasserie les lèvres pincées, sous les rires des autres tables qui célèbrent ma tirade. Je reçois plusieurs félicitations et approbations. Mon emportement obtient l'adhésion de la salle à l'unanimité. Avant que la porte ne se referme sur là vipère, je rajoute :

- Ah oui et j'allais oublier, dans un burger il y a un pain en dessous et un pain au dessous sinon c'est plus un burger.

Cette harpie a réussi à me blesser avec son flot d'immondices. La situation et ma fatigue me submergent. Ma colère se mue en larmes. Je cours me réfugier au vestiaire. Le trop plein d'émotion s'écoule sur mes joues, le sel envahit mes lèvres et mon corps se secoue au rythme de mes sanglots.

Animée par mon devoir en salle, je me maîtrise et me redresse, non sans difficultés. J'allume mon téléphone, ouvre l'appareil photo, le règle en mode selfie et examine mon visage. Je sors mon démaquillant et nettoie le mascara et les gouttes qui perlent mes pommettes. Je me repoudre pour gommer ma blancheur et applique du rouge sur ma bouche pour attirer l'attention sur la pulpe de mes lèvres. Les traces de mon chagrin ont presque disparues. J'ai bien fait de la recarder, je n'ai rien à regretter.

C'est alors que je repère l'icône d'un message dans l'angle de mon téléphone. Mon cœur qui s'était accélérer avant même que je ne découvre l'expéditeur, menace de me casser les côtés quand je vois qui est le destinateur. C'est bien lui ! C'est Ronald ! Il me répond enfin.

✉️ « Comme vous désirez madame Sandra. »

La salope de vegan devient le cadet de mes soucis. Miraculeux. Ronald donne suite à ma demande et accepte mon ordre. Il n'y a plus que ça qui compte. Je vais lui apprendre a être un bon soumis, lui enseigner comment me satisfaire. La joie pénètre mon cœur. L'idée que Ronald s'empêche de jouir pour satisfaire mon injonction aiguise mon envie. Je lui réponds immédiatement.

✉️ « Parfait jeune homme. Tu peux te donner autant de plaisir que tu le souhaites, mais tu dois t'arrêter avant la jouissance. Je veux connaître  tous les détails de tes masturbations et ébats, sans cachoterie, ni mensonge. Si il t'arrivais de jouir sans autorisation ou de me cacher quelque chose je te punirais.
Dernière chose, c'est la dernière fois que tu prends autant de temps à me répondre. A l'avenir si je n'obtiens pas de réponse de ta part sous quinze minutes, je te châtierais. »

Légère et euphorique, je termine mon service sur un nuage. Les clients choqués par tant de cruauté, me réconfortent et me soutiennent. En retours, je les bichonne et les choie, mais les véritables raisons de ma félicité sont les vibrations de mon smartphone . Ronald a retenue ma leçon et répond immédiatement à chacun de mes messages.

J'ai mis mon téléphone en mode vibreur dans la poche avant de mon pantalon. Le tissu ample fait balloté l'objet lors de mes déplacements dans le bar. Tantôt prêt de ma hanche, tantôt sur ma chatte. Quand un message du rouquin arrive les vibrations stimulent mon sexe et caressent mon clitoris. Mes lèvres intimes vrombissent en cadence, attisant mon désir et provoquant ma lubrification.

Parfois surprise par les tremblements de l'appareil j'ai du mal à prendre correctement une commande ou je m'arrête dans une explication. Je me retranche souvent prêt du passe plat pour gémir à mon aise en cachette. Je frotte alors mon con sur le coin d'un tabouret à l'abris des regards pour me calmer. Mon corps est en feu, je mouille tellement que j'ai peur que ça devienne visible.

Le second service file à tout allure. Ce huit décembre a bien mal commencé mais il m' offre finalement le plus beau des cadeaux de l'avent. Un cadeau qui ne s'achète pas, un cadeau qui se mérite : la soumission de Ronald.

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