- Le treize décembre -

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— Un jus d'orange fraîchement pressé pour une jolie demoiselle, annonce Charlotte pleine d'enthousiasme.

— whaoo, tu es géniale chouquette, la remercie je en me redressant dans le lit.

Je fais la grimace avant d'attraper le verre qu'elle me tend . Mes jambes sont recouvertes de bleus et d'ecchymoses. Un douloureux hématome barre mon ventre. Le moindre de mes gestes me fait souffrir. Par chance, mon visage est presque intact, seule une petite griffure entaille ma lèvre inférieure.

— Tu n'aurais pas aussi un antidouleur, s'il te plaît ? Gémis -je.

— Eh ben ! Elle ne t'a pas loupé cette conne, soupire Charlotte en filant dans son armoire à pharmacie.

— Moi non plus je l'ai pas raté, crois moi ! Elle va se souvenir de moi, affirme-je en parlant assez fort pour qu'elle m'entende depuis la salle-de-bain.

Si mes blessures physiques ne sont pas agréables, elles ne sont rien comparées au déchirement qui perfore mon âme. Je n'en reviens pas qu'une personne aussi cruelle que Julia existe. Un tel concentré de méchanceté est monstrueux. Je vais perdre mon job à cause d'elle, alors que j'excelle dans le service. Je suis née pour être barmaid.

L'angoisse me saisit. Sans salaire, je vais devoir déménager. Adieu mon bel appartement en centre-ville et mes petits plaisirs quotidiens, bye-bye les bananasplits, les rouges à lèvres Dior et les ensembles de lingerie de miss Delcourt.
Sans que je m'en aperçois, mes larmes coulent sur mes joues. Je me remets à pleurer, ce qui ne perturbe pas mon train-train. Depuis hier, je suis une madeleine.

J'ai bien fais de dormir chez Charlotte, sans elle je ne sais pas ce que je ferais, ni dans quel état je serais. Elle me prend dans ses bras et me laisse verser ma tristesse sur son épaule. Sa chaleur me fait du bien. Son cœur bat pour nous deux.

— Allez ma chérie, ça va aller. Cet aprem on se fait belles et ce soir on sort, annonce t'elle avec entrain. Et je t'interdis de refuser. Tu te gaves de médocs s'il le faut mais crois moi cette soirée va être mémorable.

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Charlotte pose une bouteille de tequila, du tonic, du sel et des quartiers de citron sur un angle de la baignoire; puis m'explique les règles du jeu qu'elle vient de mettre au point. C'est simple : dès qu'une pensée négative me transverse, je bois ; dès que je pense à Julia ou à ma mise à pied, je bois ; mais si mes préoccupations sont optimistes c'est elle qui boit.

— Oulla, je vais finir mal. C'est vicieux ma chouquette, râle-je.

Je n'attends pas une minute et verse de la tequila dans un shooter. Je l'allonge avec un peu de soda, presse le citron sur le dos de ma main et verse du sel par dessus. J'attrape le verre, le recouvre avec la paume de ma main libre et le frappe fort sur la faïence de la salle de bain. Je bois cul-sec le contenue encore mousseux, lèche le sel imbibé de citron puis croque dans une rondelle.

L'alcool combiné à l'acidité de l'agrume brûle ma gorge et descend le long de mon gosier, jusqu'à mon estomac. Il réchauffe mon tube digestif. Les larmes qui me piquent ne sont, pour une fois, pas du à mon désespoir mais à la puissance du spiritueux. Je lâche un soupir de contentement sous le regard mi amusé, mi surpris de Charlotte.

— Ben quoi ?! Je respecte tes consignes. Je crève d'amertume ... lui enjoins-Je.

Je m'assoie sur une chaise face au miroir et laisse mon amie me coiffer. Ses gestes doux, caressent mon cuir chevelu et m'apaisent. Je m' abandonne à ses effleurements. Elle s'est lancer dans la mission périlleuse de lisser mes cheveux bouclés. Bon courage.

De temps en temps, je me lève pour boire une tequila paf, d'autre fois je fais preuve d'espoir pour que Charlotte se serve un bon shooter. Plus le temps passe, moins je bois et plus mon amie picole. La boisson fait son effet.

— On va se galocher sur du Beyonce ! M'esclaffe-je.

Et hop, mon amie boit .

— Tu voudras bien danser coller serré avec moi ?

Et aussitôt, elle ingurgite un deuxième shooters.

Deux heures et beaucoup de teq paf plus tard, nous sommes presque prêtes. Nous prenons néanmoins le temps de nous poser sur la table base pour manger notre traditionnelle assiette de pattes au pesto d'avant sortie. Une fois repues, nous donnons la dernière touche à notre maquillage en colorant nos lèvres. Nous choisissons le même rouge intense que nous nous étalons mutuellement en grand renfort de smacks.

Guillerettes, nous quittons l'appartement et nous installons dans un taxi direction la boîte du nuit.

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Je frotte ma cuisse contre le sexe de Charlotte qui hésite entre rire et gémissement. Enlacées l'une à l'autre on danse au milieu de la piste du Kiss, entourées par d'autres fêtards tous autant serrés que nous. La musique zouk se prête aux corps à corps. Charlotte aussi passe sa jambe entre les miennes et s'amuse à frôler mon entre-jambe. On se colle puis on descend vers le sol en rythme. De temps en temps nos lèvres se touchent .

Une flopée d'hommes nous observe. Certains timides jettent des œillades à la dérobée dans notre direction, d'autres plus hardis ou éméchés forment un cercle autour de nous, les plus entreprenants s'accrochent à nos tailles pour partager une danse. En fonction de leur physique et de leur façon de bouger on se laisse faire ou non . Être au centre de l'attention, me grise.

L'alcool qui coule dans mes veines corrompt mes sensations. Mon épiderme, à fleur de peau, est sensible au plus petit effleurement. Le moindre contact m'offre des frisons et durcit mes tétons. Je les sens pointer, ça en est presque douloureux. A contrario, je n'éprouve plus aucunes douleurs causées par la bagarre avec Julia et mon licenciement est devenu le cadet de mes soucis. Les miracles d'une bonne beuverie.

Je montre une table libre à mon amie, émettant silencieusement l'idée de faire une pause. Charlotte acquiesce, cueille ma main et m'entraîne jusqu'à la banquette, en fendant la foule. Je m'effondre sur un pouf et m'enfonce dans le cousin. J'ai l'impression que les murs tournent. Je me tiens la tête.

— wooo, je crois que je suis déchirée, annonce-je à Charlotte.

Je me dénude à moitié en essayant de vouloir récupérer mon téléphone dans mon soutien-gorge, offrant la vue de mes seins dressés à qui regarde. Quand j'arrive enfin à l'attraper, je le laisse tomber par terre. Il ricoche sur le sol, jusqu'à la piste où il reçoit une série de coup de pieds qui l'entraîne toujours plus loin de moi.

Je passe le quart d'heure suivant à le chercher, à quatre pattes entre les danseurs. Je le récupère aux pieds d'un beau latino qui m'observe intéressé. J'évalue son potentiel, jolies fesses, grandes mains et dents blanches... lorsque les vibrations de mon téléphone attirent alors mon attention. J'ai reçue un nouveau message de Ronald, le brun devient tout de suite plus fade. Je le délaisse pour retourner à ma table.

Charlotte dévore la bouche d'un homme. Elle n'a pas perdu de temps dit donc. Je lis mon message.

✉️ Madame, j'ai le regret de vous informer que je vous ai désobéi. Je viens de jouir dans mes mains. Je suis tellement désolé.

Je relis plusieurs fois le SMS. Il faut que je le punisse, tout de suite. Je rédige rapidement une réponse,

✉️ Retrouve moi dans une demi heure à mon appartement pour recevoir ta punition. 32 rue Rivoli.

Il es précisément minuit lorsque je grimpe dans un taxi en direction de chez moi.

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