Chapitre 11

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11.

Marie n’avait jamais joué au tenis de table. Après avoir écouté les règles de bases, elle fit confiance à son adresse pour affronter Arthur qui connaissait bien déjà le jeu. A son premier tir, la bale sortit sans toucher la table. Arthur se mit à rire. En partant récupérer la bale, il riait encore. 

Marie se demanda quelle était la chose la plus humiliante: Qu’elle perde pendant toute la partie, ou que l’on puisse se moquer d’elle ouvertement? Aucun gentlemen ne ferait ça. Pas celui en tout cas de ses rêves. Elle manqua la bale. Une fois, puis deux fois. Arthur l’air enjoué par cette partie, déboutonna le col de sa chemise. Elle était un peu trop large pour sa taille, et ce long bout de tissu pendait maintenant vers un côté. Il n’avait pas fait un grand effort vestimentaire. Son visage non plus n’était pas soigné: les cheveux en bataille et la barbe naissante. 

 - Qu’est ce que tu as à me regarder comme ça? 

Marie tourna aussitôt le regard et stoppa la bale qui roulait par terre. Elle le trouvait beau. Elle comprenait que son air de canaille, ses petits yeux rieurs et son talent de charmeur fassent chavirer les coeurs. Il avait pourtant mauvaise réputation. Ce n’est pas quelqu’un qui aime ce Grand Arthur. Il charme, il dévore et il ruine. Marie serra la mâchoire, et le regarda droit dans les yeux. Les battements irréguliers de son coeur, le stress qui la faisait hésiter à prendre la parole, prenaient une tournure grave. Elle ne pouvait tomber amoureuse de lui. Jamais. Elle serait comme toutes ses autres filles, et aucune rose ne dure longtemps déjà cueillie.

- Vous comptez vous amuser de moi encore longtemps? 

Arthur leva un sourcil. 

- Tu as l’air bien grave tout à coup. Oh je vois tu es mauvaise perdante!

- Non. Ce jeu ne m’intéresse pas. 

Arthur prit une mine affectée. 

- Une dernière bale au moins? Après ça nous partons. 

Il lui sourit et elle céda même avec un petit rire. 

- Et pour aller où? demanda Marie en donnant un bon coup de raquette. 

Arthur jetta la sienne sur la table et laissa rebondir la bale. 

- Oh mais vous savez vous montrer gentlemen ! 

- Tu as vu? J’aurais pourtant pu continuer à gagner. Les habitudes sont très difficiles a changer tu sais! Et maintenant je t’emmène faire un tour de l’étang. Si tu ne vois pas d’inconvénient de marcher. Evidement je suis un très bon marcheur aussi, donc je vais ralentir mon rythme pour que l’on puisse se promener ensemble. A moins biensur que tu saches marcher pied nu, dans quel cas nous irions un peu plus vite qu’avec tes souliers. 

Arthur exagéra sa courbette et lui tendit son bras pour l’entrainer sur le chemin. Marie se mit à rire, et sentit ses pommettes rougir. 

- Je vais garder mes chaussures, je paraitrais moins audacieuse que vous, mais en vous suivant je le suis plus que n’importe qui!

Marie avait pour habitude de se promener avec Jacques ses derniers temps. Il se tenait bien droit et raide à ses cotés. Ils parlaient peu et bien.

Arthur ne tenait pas en place. A chaque envolé d’oiseaux dans les arbres, il se tournait et faisait plier son bras. Parfois il l’entrainait hors du chemin pour aller regarder de plus près ce qu’il avait prit pour un champignon. Son esprit était sans arrêt déranger par quelque chose: un bruit, une odeur, un mouvement dans les feuillus. Ce coté très enfant finit par beaucoup amusé Marie. Elle comprenait mieux pourquoi il s’emportait si facilement par ses émotions. 

Arthur LechevalierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant