Chapitre 22

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22.

Marie l’observa, incrédule.

- Nous devons parler et vite, dit Louise en gardant une voix douce.

Elle prit la main de Marie et l’entraina à quitter la pièce. On se retournait sur sa chaise pour les dévisager, Edmond était si tendu qu’il n’arrivait plus à prononcer un seul mot. 

- Je vous remercie encore Edmond de ne pas m’avoir inviter, fit Louise en se retournant pour le saluer discrètement.  

Les deux femmes sortirent. Marie n’en revenait pas. Edmond et les autres étaient restés cloués sur place! Mais tout se mélangeait dans sa tête: Qu’allait penser ses parents quand ils apprendront que cet après midi était un fiasco total et que Louise l’avait aidé à sortir définitivement du cercle de la haute société? Comment pourrait elle maintenant avoir une bonne réputation? Que va t’elle devoir faire ? 

- Ces gens, ajouta Louise en entrainant Marie vers la splendide voiture garée à l’entrée, ils n’ont plus de savoir vivre ! Je me demande comment mon époux arrive à supporter Edmond!

- Ils se connaissent ? demanda Marie encore stupéfaite.

- Oui..oui… Ils font des affaires ensemble. Tu es apparemment surprise de savoir que l’on peut accepter notre famille ! Mais Edmond est un homme particulier, tout le monde n’a pas un avis aussi tranché que lui sur toutes les choses. Sa petite fortune lui interdit en tout cas de ne pas au moins nous saluer. Il empreinte systématiquement chez nous, comme bien d’autres d’ailleurs! Ce sont les corbeaux qui jouent aux rossignols! En cachette, ils viennent frapper sans arrêt à notre porte et ensuite ils font comme s’ils ne nous connaissaient pas! Qui a financer son grand bal ? - Elle rit- C’est bien les Lechevaliers! Enfin.. ne t’en fait pas.. Viens Marie nous devons régler une histoire!

Mais Marie s’était arrêtée en chemin. Elle ne pouvait pas suivre Louise. Ces derniers temps, elle avait désobéit à ses parents bien plus qu’il ne fallait. Aujourdhui elle venait de se faire chasser du cercle d’Edmond, en partant avec Louise, elle tirerait définitivement un trait avec tous ces gens. Louise venait de lui expliquer que tout le monde dépendait secrètement de la famille Lechevalier car elle était la plus riche de la région. Elle comprenait pourquoi maintenant l’honneur et le déshonneur n’étaient pas leur préoccupation, ils étaient au dessus de ce monde. Mais elle ? Marie ne pouvait se mettre au dessus de la haute société, elle n’avait pas le statut pour en être écartée sans en être affectée. 

Elle jetta un regard sur l’allure grandiose de Louise, à mieux la regarder elle se rendit compte qu’elle avait sous estimé pendant tout ce temps leur fortune. Pendant quelques secondes elle jugea sévèrement la robe en soie simple et ses petites manchettes sans fantaisie qu’elle portait. 

- Je ne viendrais pas avec vous. Je n’ai plus rien à voir avec Arthur, désormais tout est fini. 

- Que dis tu ? demanda Louise étonnée.

C’était apparemment une habitude dans cette famille de tutoyer. 

- C’est urgent Marie! Il faut que tu ailles le voir, il s'est enfermé seul et ne répond à personne. Tu es mon seul espoir. Accèpte de le voir.. je t’en prie. 

Louise lui lanca un regard triste, elle attendait la réponse de Marie qui ne vint pas tout de suite. 

- Je suis désolée .. je ne veux plus le voir. 

Marie se tourna et se dirigea vers la maison. Il fallait qu’elle affronte son destin une fois pour toute. Le mieux était de retourner la tête baissée, et de se faire petite et oublié jusqu’à la fin de cet après midi. Le mieux était de rester, endurer les rires moqueurs et les mots méprisants qu’on allait lui lancer au visage. Elle devait rester forte, croire que son destin n’était pas perdu. Qu’un jour peut être, elle finira par gagner leur coeur. Un jour peut être un homme voudra bien d’elle, et fera aussi le bonheur de ses parents. 

Soudain Louise couru et lui attrapa le bras, la forcant à se retourner. Les yeux embuées de Marie avaient du mal à la fixer.

- Je ne pleure pas madame, dit Marie, c’est le vent qui est passé sur mon visage. 

- Marie.. souffla Louise embarrassée.

Elle releva son petit manton.

- Je me rend compte à présent que je ne suis qu’une idiote! dit Marie en tournant la tête sur le côté pour ne pas pleurer devant elle. Je ne savais pas.. enfin de votre fortune, de tout ça, je ne m’en étais pas rendue compte. Je ne me serais jamais autorisée à aimer quelqu’un qui était si éloigné de ma condition. 

Louise eu un petit rire, elle trouvait charmant la façon dont Marie s’exprimait avec tant d’innocence.

- Enfin Marie, si cela peut te rassurer tout le monde en quelque sorte est éloigné de notre condition! La mauvaise réputation des Lechevalier ne s’est pas bâtit que sur les scandales d’Arthur et la frivolité de ma mère. Ceux qui ont le plus participer sont les jaloux, les hypocrites et les orgueilleux. Avoir une telle richesse donne aisément du tort. Ceux qui nous aime vraiment sont très peu. Je suis plutôt heureuse qu’Arthur apprécie une jeune femme simple, douce et innocente comme toi. 

Marie fit un pâle sourire. Elle sentait bien que Louise ne connaissait pas toute l’histoire. 

- Arthur m’a parlé de vous un jour, dit Marie. Il m’a dit que vous étiez la seule femme qu’il aimait. Sur le momemt, même si c’était ridicule - elle échappa un petit rire gênée - j’ai été un peu jalouse. J’aurais tant aimé être celle qui lui fallait. Etre celle qui a réussi à le faire aimer d’un amour véritable! Mais je me suis trompée. J’aurais du comprendre que toutes ses anciennes histoires, la dernière avec mademoiselle de Licourt par exemple, ne sont pas des parenthèses dans sa vie, mais c’est bien tout ce qu’il recherche! Je dois y aller maintenant, laissez moi partir. 

Louise la retint par le bras une nouvelle fois. 

- Ne le juge pas sévèrement ! Cette histoire... Ce n’était pas de sa faute! Il l’a fait pour moi, je détestais cette fille, et je m’en veux, je n’aurais jamais du l’entrainer dans cette vengeance. Je n’aurais jamais du.. S’il te plait, je ne veux pas qu’il soit perdu par ma faute. Va le voir, je t’en prie. 

Marie avait du mal à la regarder dans les yeux. Elle était en train de la supplier de retrouver Arthur. Son coeur aussi  brulait de désir de le revoir, mais elle ne voulait pas céder. 

- S’il ne t’aimait pas Marie, il n’aurait jamais fait signé cette lettre à ta mère!

Elle lui tendit le papier. Marie ne savait absolument pas de quoi il s’agissait mais quelque chose lui disait qu’elle allait enfin savoir ce qui s’était passé lors de la dernière visite de sa mère dans la maison Bonloi. 

Arthur LechevalierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant