Chapitre 19

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19.

Lucie était toute excitée de transgresser une règle. Elle partait enfin à l’aventure, elle faisait enfin un acte interdit par son éducation, son mariage et la société. Cette soirée lui donnait un vent de liberté et une euphorie régnait en mot d’ordre dans la chambre de Marie qui se recouvrait d’un long chale pour sortir de l’hôtel. Elle riait en écoutant Lucie se venter d’avoir monter un plan sans faille pour leur éscapade! Personne ne se douterait qu’elles seraient partie "Au fallat" plutôt que chez sa tante. Lucie passa en revue tout ce qu’elle pourrait faire ce soir d’inhabituel. 

- Je n’ai en plus jamais bu d’alcool! s’écria Lucie dans la voiture qui les emmenait au fallat. Qui pourrait m’en interdire ce soir ? 

Marie plaisanta: 

- Je n’ai jamais porté quelqu’un, alors garde toi de trop boire! Je ne veux pas te ramener à ta chambre!

Lucie se mit à rire comme une enfant. Marie l’avait rarement vu si légère. C’est vrai que de sortir masqué les rendait anonyme pour une soirée, c'était l'occasion de devenir aussi quelqu'un d'autre.. N’était-ce pas le but du Fallat? 

- Personne ne doit ôter notre masque Lucie, répéta Marie pour être sur qu’elle l’avait bien entendu la première fois. Si tu es ivre, ne te laisse approcher de personne ! 

- Je sais me tenir quand même ! dit Lucie dans une moue boudeuse. Bon je te le promet, avoua t’elle. 

Marie n’en revenait pas de voir Lucie dans cet état d’euphorie. Elle semblait déjà ivre! Lorsqu’elles descendirent de la voiture, Marie se rendit compte réellement de ce qui l’attendait. Des hommes et des femmes qui se rencontraient secrètement pendant une soirée. Elle ressentie le poids de la honte d’être vue. Toute sa famille était en péril avec elle dans cette entreprise. Lucie faisait semblant de ne pas le voir, mais elle misait gros aussi. 

Elles montèrent les marches de cette grande bâtisse au style aristocratique. Deux hommes étaient postés devant les portes du Fallat, habillés en blanc dans une grande classe. Ils les firent directement entrer. Marie jetta un coup d’oeil à Lucie, qui était méconnaissable sous son bandeau et cette grosse robe aux miles et un tissus. « Réspire » se dit elle profondément, alors qu’elle sentait son corset l’étouffer, et sa tension monter. Au fur et à mesure qu’elle s’avançait dans le hall, elle fit le voeux de ne pas croiser Arthur. 

Lucie jettait des regards sur la petite foule qui les entourait, la bouche entre ouverte. Les femmes étaient vêtus dans un mode extravageante, certaines même s'étaient recouvertes les bras de fines paillettes. Marie remercia intérieurement Lucie de lui avoir choisi sa robe. 

A peine, la porte franchit, qu’elles ressentirent un choc. Elles entraient véritablement dans un autre monde. Une grande foule bruyante dansait sans se tenir, les femmes étaient pour la plus part ivres et très proches de leur partenaire. Certaines se retenaient au bras de leur danseur pour ne pas tomber, en riant à gorge déployée.

Marie et Lucie s’échangèrent un rapide regard, incertaines de vouloir avancer d’avantage. Lucie essaya de ne pas perdre son entrain. Elle se dirigea au buffet et proposa à Marie de se servir une flute de champagne. 

- C’est très bon apparemment les bules font ressentir la joie !

Une femme les interrompit, une coupe déjà en main. 

- Ce n’est pas que de la joie, dit elle savoureusement, mais l’exaltation de tous nos sens!

Cette femme habillée en robe bleu semblait venir régulièrement. Elle leur tendit deux coupes et susurra encore quelques mots vaporeux sur la soirée avant de les quitter. 

Arthur LechevalierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant