9.
Un silence embarrassant pesa dans la pièce. Arthur lacha le regard que lui soutenait Marie. Elle n’avait pas l’intention de le déstabiliser autant. A dire vrai, elle ne pensait pas que ses propos pouvaient donner tant d’effet. Peut être qu’il était moins insensible à ses charmes que ne voulait l’entendre sa mère. Après tout comment faisait-il pour ne pas se lasser de ces conquêtes sans lendemain? Marie sentait qu’au fond de lui se cachait une sensibilité secrète, qu’il lui fallait une clée pour pouvoir accéder à cet espace d’intimité. Aussi dangereux que cela puisse paraitre de s’approcher d’un homme à la conduite réprimable, elle en éprouvait une certaine attraction de le connaitre d’avantage.
- Passons à autre chose, dit Marie avec une voie victorieuse, Je vois que notre conversation vous rend mal à l’aise. Je ne tiens pas à vous laisser une mauvaise impression.
Arthur lui envoya un magnifique sourire. Marie se demanda ce qu’il pouvait bien avoir en tête. En tout cas, elle espérait qu’il n’évoque plus ses soirées au « Fallat ». Un frisson de honte la parcouru en imaginant son père surprendre cette conversation. Peur de voir Arthur reprendre l’avantage de la conversation (car du peu qu’elle le connaissait, il n’était pas du genre a rester sous le contrôle de qui que ce soit) Marie se hâta de parler du théâtre qui venait d’ouvrir et qui faisait déjà parler de lui.
- Il joue des pièces classiques mais aussi d’autres plus à la mode, je vais m’y rendre avec une amie ce samedi. Oh peut être que vous la connaissez.. Lucie Degar. Lucie Degar..oui.. elle s’est mariée maintenant, dit elle d’une voix pensive.
- Je ne connais pas ta Lucie. Tu sembles peiné ? C’est le mariage qui ne te plait pas?
- Non. Au contraire je rêve de me marier.
- Menteuse.
- Je ne sais pas ce qui vous fais dire ça.
- Il y a à peine cinq minutes tu m’étalais ton grand désir de trouver le prince charmant. Le mariage va avec le prince.
- Oui mais pas de prince pas de mariage.
- Bien vu.
Arthur qui se tenait raide comme un « i » face à elle, plia son buste pour lui chuchoter quelque chose à l’oreille, les mains croisées dans le dos.
- Mauvaise situation pas de choix de mariage.
Marie le repoussa d’un bond. La colère lui montait au coeur.
- Vous vous trompez sur toute la ligne vis à vis de ma famille. Mes parents sauront décider ce qu’il y a de meilleur pour moi. Et leur choix sera me combler de toute évidence.
Il était hors de question pour Marie d’avouer son désaccord avec sa famille au sujet de ses prétendants. Le simple fait de repenser à Jacques lui donnait la nausée. Elle préférait montrer qu’il n’y ait aucune mésentente dans sa famille. Même si Arthur se doutait bien de la fausseté des sentiments de Madame Petit et de son penchant pour les manigences, il devait être loin de se douter qu’ensemble elles étaient de mèches pour gagner une dote d’héritage.
Arthur semblait se lasser des faux semblants de Marie et se donna un peu d’action. Il arracha des mains son nouveau livre.
- Les essais de Montaigne. Je ne savais pas que je m’adressais à une femme très spirituelle!
- Rendez moi ce livre! Je ne compte pas débattre avec vous de quoi que ce soit de philosophique.
- Pourtant tu as tort, dit il plus sérieusement, j’ai beaucoup de principes.
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Arthur Lechevalier
Ficção HistóricaLa famille Lechevalier est la plus riche de toute la région. Elle perd sa bonne réputation avec le décès de Monsieur Lechevalier. Arthur, son fils, connu pour sa recherche incessante de plaisir, n'est pas attaché aux conventions de son époque et vit...