Cette pensée, je l'ai vite mise de côté lorsque j'ai ouvert la porte, et que j'ai vu ce qu'était devenu la rue où je voyais les gens courir et crier il n'y a même pas 20 minutes, lorsque j'ai découvert un véritable champs de bataille. À peine avais-je fermé la porte, à peine avais-je ressentis une chaleur me chauffer le visage, avant même que je ne puisse rassembler les informations de l'état de la rue dans mon esprit, qu'un cris m'avait percé les oreilles.
En entendant cela, j'ai immédiatement tourné la tête vers la source de ce bruit, juste à temps pour voir un homme brun, d'environ 1m90 pour une carrure de rudby-man (enfin je dis ça car au début, je pensais que c'était une voiture) me foncer dessus avec un couteau en position poignard vers moi.
J'ai instantanément attrapé le bras qui tenait l'arme avec mes deux mains alors que la pointe aiguisée n'était qu'à quelques centimètres de mon visage. Je pouvais voir dans ses yeux une envie de tuer certaine, sûrement liée à la panique générale ambiante. Et soudain, des images me venaient à l'esprit, c'étaient les cours de combat que je prenais le lundi soir, après les cours. Une fois, le professeur nous avait apprit à nous défendre contre les attaques comme ça, exactement comme ça. C'était un enchaînement compliqué à maîtriser, alors j'ai exécuté les gestes techniques machinalement : un grand coup de pied dans l'entre-jambe suivit d'un désarmement et d'une mise au sol brutale. Personne ne peut résister à un coup de pied comme ça, même pas un géant. Mon agresseur s'était retrouvé à terre en moins de temps qu'il ne me faut pour le dire, un record dont moi-même je ne me croyais pas capable. Après ça, je l'ai sécurisé en lui envoyant un grand coup de pied dans le visage alors qu'il tentait de se relever. Son crâne avait heurté la porte de l'hôpital, faisant résonner le métal de celle-ci, suivit de plusieurs autres bruits beaucoup moins forts, mais beaucoup plus désordonnés et nombreux.
J'ai assez vite deviné qu'il s'agissait des morts et ne me suis pas trop inquiété, la porte s'ouvrait vers l'intérieur, une aubaine dans ce genre de situation, même si normalement c'était totalement illégal. Je me suis alors redressé et ai prit mon air le plus supérieur possible. « Vérifie si la personne est morte avant de l'attaquer » lui avais-je sermonné avant de partir en courant du mieux que je le pouvais dans la direction de mon appartement, enfin de celui de mes parents.
Sur le chemin, j'ai pris le temps de voir ce qu'était devenue la rue de l'hôpital, une voiture de secours avait été brûlée, d'où la chaleur lorsque je suis sorti, des morts étaient par terre, pas encore debout, des gens gémissaient alors qu'ils s'étaient fait arracher un morceau de peau, un homme était même au sol en train de se tenir le ventre, qui saignait abondamment. En y regardant bien, je me suis dis que ça n'était pas un mort qui avait fait ça, mais un humain, peut être celui qui m'avait attaqué...
J'ai décidé de les laisser là où ils étaient, leur sort étant déjà scellé à ce stade de dégâts. Ces pauvres hommes avaient dû essayer de se réfugier dans l'hôpital pour se faire soigner, mais trouver un homme un peu fou sur le chemin. Je suis donc passé à côté d'eux en me faisant le plus discret possible. L'un d'eux, enfin, l'une d'eux, une jeune femme aux cheveux rouges et aux yeux marron m'a regardé, c'était elle qui s'était faite éventrer par le fou. Elle m'a regardé avec des larmes plein les yeux.
« Pourquoi tu nous aides pas ? » Sa voix était à peine audible, mais elle m'a fendu le cœur, je ne pouvais pas les aider, je devais m'y faire, et puis de toute façon, je ne les connaissais pas, ce n'étaient que des inconnus qui n'ont pas eu de chance... Difficile de se faire croire que c'était normal de les abandonner. Ma marche s'est arrêtée comme par magie, lorsque je l'ai entendu geindre de douleur et tousser. J'ai fermé les poings. J'ai fermé ma bouche pour ne pas parler. J'ai fermé mon esprit, pour ne pas culpabiliser.
D'ordinaire, j'aurais accouru pour aider cette pauvre dame, mais là je ne pouvais pas, j'étais tétanisé, bloqué, souillé par la peur. Les larmes me montaient aux yeux, menaçant à tout moment de me faire regretter mes prochaines paroles.
Je suis parti, sans rien dire. Je suis parti, sans me retourner, sans m'excuser. Car je savais. Je savais que si je jetais un œil derrière moi, je ne pourrais faire machine arrière. Je savais que ce n'était pas humain ce que je faisais et je savais que jamais je ne pourrais me pardonner de n'avoir rien fait. Alors je suis parti, laissant des personnes qui souffraient et qui continueraient de souffrir jusqu'à que la mort les sépare de leur corps, sans même abréger leur souffrance par pitié.
Jamais je ne pourrais me pardonner de n'avoir rien fait...
C'est au bord de l'explosion que j'ai quitté la rue, en faisant mine de ne pas entendre les pleurs de la femme à la chevelure de feu. La tension montait dans mon corps, je risquais de fondre en larme à la moindre seconde, la voix de la femme m'avait transpercé l'âme, jamais je n'avais entendu de plainte comme ça.
Lors d'une pente, j'ai senti qu'il commençait à pleuvoir sous mes paupières, une pluie silencieuse mais terriblement abondante. Toute force avait quitté mon corps, me laissant seul, avec mes couteaux dans les mains, à la limite de la chute, au milieu d'une ville d'ordinaire si pacifiste qui était en train de tourner au chaos, pour le malheur de tous, mais le bonheur de certains.
La pluie est vite passée, au moment où j'ai vu une connaissance, aussi appelé « ami » en train de se faire attaquer. Je me suis surpris à hésiter à lui apporter mon aide, je commençais vraiment à devenir un lâche qui abandonnait les gens dès le moindre problème. Je détestais penser ça de moi alors je l'ai aider en tuant les 2 morts qui le pourchassaient. Il respirait fortement et était visiblement essoufflé.
« Merci, t'as vu ce qu'il se passe ? C'est fou non ? » a-t-il dit avant d'ajouter « je venais à l'hôpital pour te voir, c'est des zombis hein ? »
« Ouai c'en est, ils sont complètement pareil, merci de m'avoir dit d'aller voir la télé, j'y suis arrivé juste à temps pour regarder le discours du président. Par contre l'hôpital est inaccessible, il y en a plein à l'intérieur. »
« Merde, on fait quoi du coup »
« T'as pris quoi sur toi ? »
« Rien, je suis venu direct »
Après une brève entrevue où nous avons un peu parlé de ce qu'il allait se passer, nous sommes parti vers mon appartement pour récupérer de quoi se défendre. Je m'étais un peu spécialisé dans le tir au lance pierre et à la fronde. Que voulez-vous, c'est pratique pour semer les adultes qui nous pourchassent quand on a fait une bêtise. Mais une autre arme allait nous être plus utile.
« Au fait Lisandre, tu as toujours ton arc ? »

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Jour De Survie
ActionMaintenant que j'y pense, tout s'est passé très vite. Un peu trop vite même... D'aussi loin que je m'en souvienne, personne n'était prêt à ça. Enfin presque personne. Je crois. Tout à commencé il y a... Je ne m'en souviens pas tout compte fait...