Chapitre 12

88 10 0
                                        


Cela faisait 1 mois que nous étions arrivé au Royaume. Après mûre réflexion, j'avais décidé de rester, avec les autres. Il s'est passé pas mal de chose pendant ce temps.

Tout d'abord, nous avons sympathisé avec le roi, qui, étant de notre âge, n'était pas très exigeant au niveau de la discussion. Il nous arrivait de se rencontrer en dehors des missions, juste pour discuter, seul ou à plusieurs. Je suis devenu soldat du Royaume peu de temps après notre arrivé, environ 2 semaines je pense. Plus précisément, j'étais épéiste, apprenti bâtonnet. C'est le nom qui était donné à la classe de soldat la plus basse qui apprenait à se servir d'un bâton de combat, un « Bô Stick » plus précisément. Cela n'était pas très haut en grade, mais je n'étais là que depuis peu. De plus, le Roi a décidé de me faire passer un entraînement pour devenir chef d'une petite escouade, comme il savait que j'étais le chef de mon ancien groupe.

Ensuite, Noël et Erica ont été séparés, évidemment. Leur « petite » dispute n'est pas passée inaperçu et de toute façon, c'était trop dangereux, l'un d'eux aller craquer et tuer l'autre, c'était inévitable. Alors Alexie est resté avec sa mère. Il pensait qu'elle avait raison d'avoir tenté, qu'il le méritait, que c'était de sa faute si Maria était morte. Alors que moi je ne voyais qu'une femme qui avait tenté de tué son mari, certes pas très agréable à vivre, mais c'était tout de même une tentative d'homicide. Enfin... Je ne suis pas sûr que ce genre de vocabulaire était vraiment encore d'usage à ce moment...

Le moment le plus joyeux du mois a très certainement été quand Lisandre a reçu une prothèse pour son bras, commandée par le roi lui-même. Mais ce n'était pas qu'un simple bout de métal. Celle-ci était équipée d'un pas de visse, et le forgeron avait pour ordre de fabriquer une main équipée d'une arme à chaque fois que Lisandre passait un grade. De ce fait, il était encore plus motivé que moi quant à devenir soldat. Il ne l'avouait jamais, mais sa blessure était encore plus douloureuse, cela semblait être même accrue lorsqu'il pleuvait. Il passait son temps à courir partout, pour améliorer son endurance, à s'entraîner avec une seule main, à faire tout type d'exercice. D'après moi c'était surtout pour s'occuper et tenter de passer à autre chose. Mais quand même, je ne pensais pas qu'un corps humain, de base plutôt frêle, pouvait supporter un changement d'état aussi brutal. En moins d'un mois, il avait des abdos tracés à la règle.

Sébastien a commencé à flirté avec une femme qu'il a rencontré sur le marché, je me suis souvent moqué de lui pour cette rencontre des plus clichées. Lui s'est foutu de moi en disant que j'étais en couple avec le roi. Si seulement il savait.

Ceci était d'ailleurs une magnifique transition vers la suite. Un jour, Alexie est venu me voir après le repas, que l'on partageait avec le reste de notre quartier sur une grande table en bois. Il m'a prit à part pour me parler de quelque chose je cite : « Importante mais pas trop enfin tu verras toi même. »
Lorsque nous avons réussi à trouver un endroit sans oreilles indiscrètes, il m'a tout simplement dit qu'il pensait être amoureux du Roi, qu'il s'en voulait et qu'il voulait savoir si ça ne me dérangeait pas. La première réponse que j'avais pu lui apporter fut une magnifique direct du droit dans le visage. En voyant l'incompréhension dans son regard, je lui ai tout simplement dit qu'il n'avait pas besoin de mon accord, ni de s'en vouloir. Pour moi, l'homosexualité était loin d'être quelque chose de négatif, on me l'avait suffisamment répété à l'école pour que ça reste de manière indélébile dans ma tête. Et même de base, j'étais quelqu'un de plutôt tolérant.

C'est donc avec une poignée de main que je lui ai promis d'essayer de tirer des informations du nez du Roi, afin de voir si il avait ses chances. Mais voici ce que j'ai pu récolter.

« Je suis bi, mais j'ai personne en vue en ce moment, pourquoi ? » Après cela, on ne pouvait que bégayer en disant que c'était juste par curiosité, mais évidemment, il devait penser que j'étais moi même intéresser. Certes il n'était pas désagréable à regarder, mais je n'étais en aucun cas attirer par lui, ni par un autre homme d'ailleurs.

C'en suivit un long silence gênant, très gênant, tout du moins pour moi, car lui ne semblait pas du tout dérangé par cette conversation. Ce qui me mettait encore plus mal à l'aise. Je me suis empressé de le dire à Alexie en revenant. Celui-ci avait des étoiles dans les yeux, suffisamment pour m'aveugler de manière temporaire. J'ai même pensé que le courant était revenu dans la ville.

J'ai ensuite eu le droit à ma première sorti hors de l'enceinte, dans le but de trouver de la nourriture dans la ville voisine, renommée Artist. Une bonne partie des vivres avaient été tout simplement pillées, mais j'ai réussi à trouver un paquet de barres de céréales à peine entamé par les cafards, une aubaine à cette période. Lisandre nous avait accompagné, et lui avait trouvé 2 barres d'acier que les forgerons pourraient faire fondre. On dirait pas comme ça, mais c'était l'une des meilleures récoltes du mois...

En ressortant de la ville, j'ai pu voir sur un panneau un inscription relativement étrange. « παρτεζ » derrière un panneau de circulation. Je me suis d'abord dit que c'était un tag fait lorsque le monde a basculé, mais après deux nuits blanches à me demander ce que ça pouvait être, j'ai décider de tenter de déchiffrer ce message. Je n'ai pas mis longtemps, ayant fait fait du latin/grec quelques ans. En le récrivant sur une feuille et en raccordant chaque lettre grecque à sa version latine, on pouvait lire un positif « Partez ».


                                                           ****************


« Ce n'est pas la première fois qu'on voit un message en grec » Le roi avait dit ça. Je l'avais rejoins chez lui pour lui parler de l'inscription trouvée sur le dos du panneau stop. D'après lui, un groupe de survivants qui vivait dans le coin marquait son territoire avec des mots dans d'autres langues, principalement antiques. Les soldats avaient l'interdiction d'en parler à la populace, pour ne pas créer la panique. Cependant, personne ne connaissait des lettres autres que le π et le α, ce qui est relativement peu pratique pour ce genre de texte. Ils avaient deviné que ce n'étaient pas des invitations à boire du thé à la fleur d'orangé, mais ils ne pouvaient pas traduire complètement.

Maintenant, ils le pouvaient, je leur avais écrit chaque lettre de l'alphabet grec, et la version lettre latine. Mais une détail me faisait encore réfléchir : pourquoi ils n'utilisaient pas le verbe antique de « partir », pourquoi ils ne changeaient que les lettres ? J'ai émis l'hypothèse qu'ils ne savaient pas vraiment parler la langue, mais qu'ils avaient trouvé un livre pour ça. Le roi m'a promis d'envoyer une patrouille pour fouiller chaque bibliothèque dans les environs, afin de tenter de trouver le groupe. Après cette entre-vue, je suis sorti en le saluant, mais il m'a retenu lorsque j'ai posé la main sur la clanche.

« -Attend ! J'aimerais de dire quelque chose...

-Je t'écoute.

-Alors voila, en fait le truc c'est que... Comment dire... »

À ce moment là, j'avais peur qu'il me parle de notre discussion sur sa sexualité de la dernière fois, je n'avais absolument pas envie de reparler de ça avec lui, ce détail ne m'intéressait pas personnellement !

« Noël a commencé à se saouler, il est devenu agressif avec les autres. On l'a enfermé le temps qu'il décuve, maintenant il ne veut parler qu'à toi. »

Une vague de soulagement me parcouru, mais je n'en fis rien, préférant garder une expression des plus neutre possible.

« -Euh, d'accord, j'irai donc le voir, la prison est où déjà ?

-J'ai demandé à Vermeil de t'y amener en sortant » Vermeil était le nom du second du Roi, c'est un peu lui qui faisait le sale boulot, le chien de garde, la main gauche. Je ne le portais pas spécialement dans mon cœur, déjà qu'il ne parlait pas beaucoup, mais en plus, c'est lui qui m'avait sorti de ma rêverie au bord des remparts. Enfin c'était aussi lui qui m'avait donné l'idée de devenir soldat, ça rééquilibrait un peu la balance...

« Très bien, je vais y aller, alors au revoir mon Roi. » J'aimais bien l'appeler comme ça, ça l'énervait.

« -Tu sais Sacha, tu peux m'appeler par mon pré-

-Non il est nul ! »

Je suis immédiatement sorti en claquant la porte avant de me retrouver face à une armure de métal. Il ne pesait pas ses mots quand il disait qu'il m'attendait à la sorti. Mon sourire dû à la blague que je venais de faire disparu immédiatement lorsque j'ai vu l'immense Vermeil me regarder avec des yeux sombres.

Jour De SurvieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant