Nous sommes assez rapidement arrivé chez moi. Les seuls obstacles sur la route n'étaient que de petits groupes de morts que nous avons aisément contourné en étant les plus silencieux possible. De ce fait, aucun affrontement n'avait été à déplorer.
J'ai donc poussé la porte d'entrée de mon immeuble et nous sommes rentré. Il n'y avait aucun bruit, aucun mouvement, RAS comme disent les policiers, la voie était donc libre en apparence. Lisandre, plus petit que moi et donc plus petite cible que moi est passé en premier. Mon ami était venu à plusieurs reprises dans mon appartement alors il savait comment y accéder. Une fois dedans, nous avons sécurisé les lieux en fermant la porte à clé et nous avons cherché tout ce qui pouvait être utile à notre future vie, à laquelle on avait déjà l'air habitués. Nous avons tout rassemblé dans le salon, à côté de la télé que nous avions allumée pour voir si il y avait du changement. De temps en temps, on pouvait voir de nouvelles informations arriver au milieu du discours du président qui passait encore en boucle, comme des « Paris est tombée » ou des « L'armée est débordée, les autorités ont quitté le pays ». Des sacs étaient remplis d'armes de fortune, de sacs de couchages, de vivres, nous avions même préparé un sac isotherme pour les bouteilles d'eau et nous avons attendu que mes parents reviennent du travail.
Après deux heures à ne rien faire à part jouer aux cartes et répondre aux messages qu'on nous envoyait, j'ai enfin reçu un message de mon père qui disait : « Je suis bloqué à la base, je ne peux pas partir, on est entourés, prend le fusil et cherche sur internet comment l'utiliser, c'est un M1 Garand. Apprend aussi les gestes de commandement de l'armée, je ne t'en ai pas montré assez. Bonne chance mon fils, je suis fier de toi »
Mon père était militaire, et apparemment, la base avait été envahie. Il était assigné à un escadron de l'armée et devait partir en mission aujourd'hui, son avion allait peut être partir pour leur permettre de fuir, en tout cas je l'espérais. J'ai retenu mes larmes de peur de ne jamais revoir mon père, c'était toujours comme ça quand il partait, je m'y étais habitué à force. « D'accord, si on peut on viendra prendre des armes quand ça se sera tassé, je t'aime papa »
C'était la seule chose que je pouvais dire, je ne savais pas comment réagir. Alors j'ai relu le message « prend le fusil » J'avais oublié ! Mon grand-père avait donné un vieux fusil à mon père quand il a décidé de quitté la maison, une sorte de sniper de chasse sans lunette, évidemment ce n'était pas légal d'avoir ça chez soi, mais on l'avait bien caché. J'ai alors demandé à Lisandre de chercher des vidéos pour nous apprendre les gestes tactiques, ce qui serait très utile vu qu'il fallait faire le moins de bruit possible. Pendant qu'il cherchait ça, je suis allé ouvrir la caisse sous l'armoire à chaussures, c'est là que se trouvait l'arme, les munitions étaient cachées un peu partout, alors je suis parti à leur chasse. En faisant ça, j'ai trouvé 7 clip de 8 cartouches, donc 42 balles, j'ai aussi pu prendre deux couteaux de chasse que mon père avait dissimulé à d'autres endroits. De ce fait, on a pu avoir quelques armes plutôt utiles.
Nous avons donc passé encore une heure à apprendre les gestes tactiques en les répétant et en se mettant dans des situations diverses et variées pour s'entraîner. Nous avons aussi envoyé les vidéos à tout notre répertoire, en espérant que certains prennent le temps de les apprendre. Au total, environ 30 personnes nous ont dit qu'elles viendraient au lycée pour que l'on puisse réunir un groupe de survivants. D'après moi, environ 5 personnes devaient avoir des armes à feu chez eux, étant donné que cette pratique était plus courante que l'état ne le pensait, ce qui nous donnait une petite puissance de feu, mais pas une suffisamment grande pour vider une base militaire avec des centaines de morts.
Avec Lisandre, nous avons aussi essayé de trouver un symbole pour différencier les ennemis humains et les ennemis morts, ainsi que les cadavres pas encore debout. Pour les morts qui marchent, nous avons décidé de faire une patte d'ours avec les mains, et pour ceux qui ne marchent pas, la main complètement ouverte mais avec le majeur replié.
Nous avons aussi essayé de nous déplacer le plus discrètement possible à travers mon appart, pour s'entraîner à ne pas faire de bruit. Le but était simple : on avait 10 secondes pour se cacher et l'un de nous devait trouver l'autre qui devait se déplacer partout. J'étais plutôt doué à ça, même si, vu la taille du lieu, ce n'était pas très simple de se cacher et de marcher sans se faire voir.
En pleine « partie » j'ai reçu un message de ma mère me disant qu'elle ne rentrerait pas, qu'elle préférait partir à la campagne pour trouver une famille qui pourrait l'aider. Donc elle m'avait abandonné, c'était clairement le message... Je me suis d'un seul coup sentit bien faible et bien seul. Mon père, j'avais l'habitude, mais ma mère, c'était la première fois que j'avais l'impression qu'elle m'abandonnait...
C'est donc avec tristesse que je suis sorti de chez moi, alors que le père de Lisandre, qui avait une camionnette attendait devant que l'on charge les affaires. J'ai laissé un post-it sur la porte où était inscrit le lieu où l'on serait si quelqu'un nous cherchait. Sur le chemin vers le lycée, j'ai écouté des musiques sur mon téléphone et me suis dit qu'il faudrait que l'on imprime des partitions, pour que l'on puisse les reproduire afin de se divertir. Mais cette idée n'était pas la priorité.
Après une dizaine de minutes en voiture, nous sommes enfin arrivé devant le lycée, qui était fermé étant donné que ce jour était un mercredi, et que l'on était en pleine fin d'après midi. De ce fait, le lieu était très certainement vide, nous avons donc escaladé le mur pour aller ouvrir le portail par lequel les professeurs rentraient, pour faire rentrer la voiture de Gérard, le père.
Il n'y avait aucun bruit encore une fois, l'épidémie n'avait pas eu l'air de s'être infiltrée là. Alors nous avons déchargé les objets, Lisandre avait récupéré son arc ainsi qu'un bon paquet de flèches et nous avons choisi des classes pour s'installer dedans. Je me suis également dépêché d'imprimer les chansons après que Gérard m'ait rappelé que l'électricité allait sûrement être coupée. J'ai donc imprimé pas mal de musiques, connues ou non, classiques ou non, avec mêmes quelques partitions pour celles que l'on pouvait jouer avec des instruments. J'ai dû à plusieurs reprises changer les cartouches d'encre, mais de toute façon elles n'allaient plus servir après. J'ai même imprimé certaines d'entre elles en plusieurs exemplaires, pour que plusieurs personnes puissent les apprendre.
Entre temps, d'autres amis nous avaient rejoint avec leur famille. À la fin de la journée, on avait tous apprit une bonne partie des signes tactiques, sécurisé le lycée en bloquant certaines portes, fouillé chaque endroit pour trouver des armes ou des vivres et totalement vidé la cantine pour récupérer tout ce qu'il pouvait l'être. On avait assez rapidement regroupé environ 100 personnes, ce qui était déjà un groupe assez grand. Et sans même qu'on s'en rende compte, Lisandre et moi les avions dirigé toute l'après midi, comme si nous étions les leaders.

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Jour De Survie
AksiMaintenant que j'y pense, tout s'est passé très vite. Un peu trop vite même... D'aussi loin que je m'en souvienne, personne n'était prêt à ça. Enfin presque personne. Je crois. Tout à commencé il y a... Je ne m'en souviens pas tout compte fait...