Jour De Survie

Chapitre 7

 Comme Lisandre ne ressentait rien, nous ne l'avons pas laissé longtemps, pour éviter de lui brûler la peau. Nous avons donc laissé le bras vers le haut pour éviter que le sang ne coule trop et pour sauver le gamin, maintenant sans main.

Le soleil venait de se lever lorsque mon tour de garde se finissait. Je voulais dormir quelques minutes, mais le temps n'avait pas décidé de m'accorder ce répit. C'est avec peine et frustration que j'ai vu de petites gouttes tomber sur les cendres à peine encore chaude du feu qui nous avait réchauffé toute la nuit. J'ai réveillé mes compagnons avec hâte, juste à temps pour qu'ils ne se retrouvent pas trempés de la tête aux pieds.

En réalité, personne n'avait vraiment dormi, nous ne faisions que somnoler lorsque nous avons trouvé refuge sous le seul arbre encore feuillu à cette période de l'année. "On va devoir trouver des lits pour la suite" avait dit Noël, c'était, je pense, la première fois que je l'entendais parler. Naturellement, Sébastien a rétorqué que de simples sacs de couchages seraient le minimum, et il n'avait pas tord.

Ce n'est que deux longues et pénibles heures plus tard que le temps s'est éclaircit. Notre patience avait été mise à rude épreuve, Alexie et sa mère s'étaient écroulés de fatigue tandis que nous autres restions éveillés du mieux que nous le pouvions. Seuls deux mordeurs étaient arrivés jusqu'ici, et à ce moment je me suis demandé si il leur arrivé d'être fatigué, eux. L'un d'entre eux avait la bouche couverte de sang, un pauvre animal avait sûrement croisé sa route. Lisandre, lui, aurait bien voulu dormir, mais, s'étant réveillé après avoir été amputé d'une main, il souffrait encore de cette perte douloureuse. Évidemment, il comprenait que nous avions été obligés de le faire, mais il n'était tout de même pas fou de joie à cette découverte en se levant.

Juste avant que nous partions, l'ancien professeur a fait une remarque qui, de base, semblait anodine, mais qui ne l'était pas vraiment. « C'est pratique que le bébé ne pleure pas quand même... » Ce qui fut suivi d'un silence pesant, qui ne dura que quelques petites secondes, mais des secondes tellement lourdes qu'elles semblaient interminables. Ce silence fut lui même suivit du cri d'Erica , qui me perça les tympans. À ce moment là, j'étais dos à elle, mais quand je me suis tourné, je l'ai vu avec un visage pas vraiment descriptible. Je ne pouvais voir que la peur et une inquiétude profonde dans ses yeux.

Sans rien nous dire, elle partit en courant dans la direction de notre rencontre, son mari et Alexie à ses trousses, la suivant de près. Sébastien et moi nous sommes regardés avant de les suivre au pas de course. J'avais peur de comprendre, mais je savais au fond de moi que j'avais raison...

Après quelques minutes, nous sommes arrivé à l'arbre où Gérard avait rendu l'âme devant nos yeux. Pas loin, il y avait un siège pour enfant, posé par terre. Alexie et Erica étaient devant et pleuraient, à genoux, tandis que Noël était debout et tenait fermement sa canne, le visage pas très neutre, comparé à d'habitude.

Dans le siège, se trouvait une masse informe, on ne pouvait pas vraiment la définir, le sang étant omniprésent. Mais il était clair qu'il s'agissait de Maria, la sœur d'Alexie...

Erica se leva, toujours en pleure, et poussa son mari qui manqua de tomber. « Pourquoi tu l'as pas prise ! C'est de ta faute ! » Sa voix était saccadée par les larmes, elle criai très fort, à s'en tuer la voix. Noël, essayant de rester le plus imperceptible possible, se rapprocha d'elle d'un pas ferme. « C'était ton travail de t'occuper d'elle. » J'étais scotché sur place, comment un père pouvait réagir comme ça alors qu'il avait laissé son enfant par terre, et que celui-ci s'était fait dévorer. On ne savait même pas si elle avait souffert ou non, si le mort avait rapidement abrégé ses souffrances, ou si il l'avait gardé longtemps en vie.