Chapitre 11

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Nous étions bouches bées, comment quelqu'un d'aussi jeune pouvait gérer un groupe aussi grand ? Enfin, je faisais de même, mais personne ne m'appelait « Roi » ni même « Chef ». Très étrange comme comportement, et vachement prétentieux d'ailleurs. Sebastien est le premier à avoir récupérer la parole :

«-Pardon ?

-Bah oui, tout le monde a la même réaction, mais je suis bien « Le Roi ».

-Mais, enfin comment c'est possible ? Tu dois avoir 15 ans maximum ? Alexie était sorti de sa torpeur en sursautant.

-Eh bien je suis le premier ici, enfin avec un groupe d'amis, et on a prit possession de l'endroit. Tout simplement.

-Mais pourquoi « Le Roi » ? C'est un peu cliché non ? C'était à mon tour de parler, évidemment je ne trouvais pas ça bizarre qu'un enfant puisse être chef, l'ayant été moi même.

-On ne choisit pas ses surnoms... »

Il nous a invité à nous asseoir autour de la table pleine de documents, s'étirant de tout son long. Je me suis alors approché en regardant un peu autour de moi, pour tenter de trouver un moyen de nous échapper sans trop de risques, mais à part la porte et les fenêtres, il n'y avait rien de ce genre. Après m'être assis en face du Roi, je l'ai regardé de plus près. Brun, le visage fin et taillé, une musculature plutôt développée pour son âge, et surtout d'immenses cernes trahissant son manque de sommeil plus qu'évident.

« Bon alors déjà, donnez moi vos prénoms. »

Nous avons répété ce que nous avions dit au soldat, toujours le même mensonge pour ma part.

« Vous comptez rester ?

-On ne sait pas encore, notre précédent groupe n'a pas tenu très longtemps, je ne sais pas si c'est vraiment pratique de rester au même endroit.

-Je comprend, mais ici on a résisté à tout. Les morts, les vivants et même les tempêtes.

-Vous aussi des humains vous ont attaqué ? Avait reprit Monsieur Savin.

-On est en pleine guerre actuellement, mais ça devrait bien finir.

-Une guerre ? Contre qui ? Alexie semblait enfin reprendre un minimum vie.

-Un groupe qui a attaqué un de nos détachements. Un de mes hommes à tuer une fille là-bas pour se défendre alors ils veulent se venger. »

Cette déclaration fut ponctuée par un silence plutôt pesant. Personne ne savait vraiment trop quoi dire face à cette révélation. Il y avait bien plus de groupe que je ne le pensais, et c'était frustrant.

« Je pense que l'on va rester, mes parents et moi. C'était Alexie qui avait dit ça, et maintenant que j'y pensais, il regardait tout le temps le Roi dans les yeux, comme obnubilé par lui. En passant outre les cernes, je pouvais voir qu'ils étaient gris et pétillant, malgré l'obscurité de la pièce.

Le Roi sourit légèrement.

-Trois personnes de plus, ça ne se refuse pas. Vous êtes qui les uns pour les autres à part ça ?

-Alexie et Lisandre sont mes amis, Sébastien est mon ancien professeur de math et Noël et Erica sont les parents d'Alexie.

-Je vois, vous avez survécu comment jusque là ?

Au tour de Sébastien de parler.

-Pierre a réussi à ramener beaucoup de monde au lycée dans lequel il étudiait. J'y suis aller pour récupérer une clé que j'avais oublié quand tout est parti en vrille et j'ai décidé de rester. »

Le garçon tourna la tête vers moi. Je pouvais voir dans son regard qu'il semblait surpris qu'un autre enfant ait été chef. « Vous étiez que 6 tout ce temps ? » Un nouveau silence, plus pesant et triste.

« -Pas exactement, Lisandre a perdu son père il y a presque deux semaines et...

-Et moi j'ai perdu ma petite sœur.

-Ah, je... je suis désolé pour vous...

-Et avant ça, on était 120 environ, mais un groupe est arrivé et a mit des morts dans le lycée. »

Encore un silence, toujours de plus en plus pesant. Nous avions tous baissé la tête, même Alexie qui avait arrêté de fixer les yeux du Roi pour faire un mini deuil.

Ce n'est qu'une quinzaine de secondes plus tard que nous avons pu reprendre une conversation.

« Je vais réfléchir à si on reste ou pas. Mais ça m'a l'air d'être une bonne idée... »

Je savais que Lisandre et Sébastien allaient me suivre quoique je choisisse, enfin je l'espérais. Après avoir serré la main du Roi qui venait de nous donner les tickets de rationnement pour nous 6, nous sommes partis. J'étais quasiment sûr qu'Alexie avait regardé le garçon jusqu'à la dernière seconde, mais j'ai choisi de ne pas le relever. Nous avons alors commencé à visiter le Royaume, qui était bien plus grand que notre pauvre lycée, et bien plus peuplé également. Une grande partie de la ville moderne était entourée par des plaques de taules en un nombre incalculable, mais à en juger les rues et les maisons, l'électricité n'avait pas été remise.

C'est alors que nous avons tenté de trouver Erica et Noël, pour leur donner leur ticket. Nous les avons trouvé dans l'appartement provisoire qui avait été donné à Alexie pour sa famille. Erica tenait un couteau dans les mains et semblaient bien décidée à étriper Noël, qui était coincé sous elle en lui tenant le bras et en appelant à l'aide. Erica hurlait, elle semblait possédée par une sorte de démon et frappait de toute ses forces. Alexie s'est jeté sur elle et la tiré le plus loin possible alors qu'elle se débattait de toutes ses forces. Ce n'est que vingt minutes plus tard que nous avons réussi à la calmer, car elle s'était tout simplement mise à pleurer à chaudes larmes. Le couteau gisait maintenant au sol, ainsi que Noël. Il n'était pas mort, c'est juste qu'il s'était évanoui de peur en voyant sa femme tenter de le tuer.

Sans que je ne sache pourquoi, mes jambes m'ont fait me lever et sortir de la pièce en claquant la porte. Fatigué mais surtout ennuyé par cette histoire, je me suis rendu à l'infirmerie pour trouver Lisandre endormi. Bon, bah j'allais devoir marcher sans rien faire, je ne pouvais pas retourner chez Alexie après être parti sans ne rien dire. J'ai alors déambulé dans la ville, regardant à droite à gauche comme un chien que l'on venait de sortir.

Je venais d'arriver au dessus des remparts, une partie qui surplombait la ville sans trop de personne pour être tranquille et réfléchir à la proposition du Roi. J'avais les jambes au bord du vide et les balançait de droite à gauche en me tenant fermement à la pierre afin d'éviter de tomber. Une douce brise me caressait le visage, faisant voleter mes cheveux. Je fermais les yeux afin de profiter au mieux de cet instant calme.

Ce n'est que pendant une paire de minute que j'ai pu profiter de cela tranquillement avant de me faire déranger par une voix grave et masculine.

« Vous ne pouvez pas rester là, c'est interdit au public »

J'ai tourné la tête vers la source du trouble et j'ai vu un homme en armure, encore un, ils semblaient pousser ici. Son visage était caché mais je pouvais voir qu'il était plutôt grand, le mètre quatre-vingt-dix passé avec brio. Il tenait une épée à deux mains qu'il avait sorti de son fourreau, ils semblaient tous faire cela à l'intérieur des remparts d'ailleurs, peut être pour se muscler. Je me suis levé afin d'être face à lui, mon intuition sur sa taille étant plutôt véridique, il faisait une bonne tête de plus que moi, voire même deux.

« -Comment ça c'est interdit au public ?

-Seuls les soldats peuvent aller sur les remparts, sinon c'est trop dangereux. »

À ce moment là, une lumière s'est allumée dans mon esprit, me faisant parler sans que je réfléchisse.

« Et... Comment on devient soldat? »

Jour De SurvieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant