Après une brève explication, Alexie et moi nous sommes dirigé vers le château, en quête du bus censé nous faire traverser. Alors que je me déplaçais plus ou moins facilement avec mes béquilles, je pouvais voir que mon camarade n'avait pas l'air dans son assiette. Je lui ai donc tout naturellement demandé ce qui le tracassait, oubliant les événements qui avaient eu lieu la semaine dernière. C'est le regard dans le vide qu'il m'a répondu, comme une intelligence artificielle répondrait.
« Je sais pas comment on a pu oublier Maria... »
Évidemment, ce n'était pas quelque chose sur lequel on pouvait passer l'éponge, perdre une petite sœur de cette manière, sans que personne ne sache réellement comment ça a pu arriver, et surtout en sachant que c'est à cause de parents pas assez regardants. Bien sûr, pour tout le monde, c'était la faute de Noël, car celui-ci pensait qu'il n'avait pas à s'occuper de sa fille lorsque Erica l'a posé au sol, mais je pensais que la mère, et même Alexie avait leur rôle là dedans. Une mère et un grand frère devraient vite se rendre compte qu'il manquait quelque chose, mais c'est mon professeur qui a dû leur rappeler au détour d'une phrase de base humoristique. Je me suis alors promis d'enquêter sur cette affaire plus tard, le temps de laisser digérer la pilule à la famille.
Alors que je m'étais abstenu de continuer la conversation et que le chemin s'était continué sur un silence de plomb, j'ai pu voir au loin le professeur, qui était en train de parler avec un homme en armure et qui semblait lui poser pleins de questions. Au bout de quelques secondes, le « chevalier » leva la main comme pour arrêter Sébastien avant de lui tourner le dos et de revenir à ses activités, le laissant en plan au milieu de la rue. Je me suis dirigé vers lui du mieux que je le pouvais. Il me remarqua et me sourit, faisant comme si il ne s'était rien passé.
« Salut Sacha, comment ça va ? »
« Eh bien écoute, je me suis jamais senti autant en forme » fut la seule réponse que je pu donner, il savait que je n'allais pas bien, mais un peu d'ironie ne faisait pas de mal. Vu le sourire qu'il affichait, il avait bien compris que ce n'était pas vrai. Mais lui n'avait pas l'air en grande forme non plus. Il avait d'immenses cernes et des yeux tellement lourds qu'ils semblaient tomber vers ses chaussures.« On doit aller parler au roi c'est ça ? »
« Oui, on y allez justement avec Alexie » J'ai pointé mon dos du doigt, pensant qu'il m'avait suivit. Mais ne sentant aucune présence, je me suis retourné pour voir qu'il n'avait pas bougé d'un iota, même ses iris étaient au même endroit, dans le vide. J'ai soupiré et me suis dirigé vers lui, avant de lui toucher le bras avec ce qui me servait à ne pas tomber, comme si je voulais faire bouger une araignée un peu trop proche de mon lit.Il a sursauté, me donnant la même réaction face à ce geste brusque. Il m'a regardé comme si il venait de se réveiller, avant de continuer sur le chemin que nous avions prit. Mon regard s'est tourné vers le professeur qui haussa les épaules avant de le suivre, tandis que je les talonnais.
Au bout d'un dizaine de minutes, nous sommes enfin arrivés au fameux bus. Le marchand nous avait dit qu'il se trouvait au seul trou dans les remparts du château et que c'était maintenant le seul moyen de rentrer, le pont-levis ayant été levé pour une durée indéterminée. Ils avaient alors bloqué la faille avec un bus scolaire, qui passait parfaitement bien. Des soldats en tenu de cuir se trouvaient au véhicule. Je pu en voir certains à l'intérieur tandis que d'autres faisaient des sortes de rondes d'un côté et de l'autre de la rempart de fortune. L'un d'entre eux s'approcha de nous, la trentaine, brun, une dague à la ceinture, un arc au dos, un carquois à la hanche. Visiblement, la zone disposait d'une petite armée, et plus on s'approchait des remparts, plus le nombres d'hommes portants des protections plus ou moins importantes grandissait. Il nous regarda de haut en bas tous les trois et sembla réfléchir quelques secondes.
« Je ne vous ai jamais vu, c'est vous les nouveaux ? » il avait dit ça d'un ton presque machinal, et pendant un moment je me suis demandé si je n'étais pas dans Terminator, dans un monde où les robots avaient remplacé les humains.
Sébastien prit la parole en s'avançant, levant la main pour lui serrer. « Oui, on vient de loin, on nous a dit d'aller voir le roi. »
L'homme accepta la poignée et nous sourit, il semblait posséder des sentiments finalement.
« Je dois prendre vos noms pour les marquer sur le registre »
Un de ses collègues se dirigea vers nous avec un carnet et un stylo dans les mains, nous incitant implicitement à dévoiler notre identité.
« Sébastien Savin. »
« Alexie Rimbaud, mais Alexie avec « ie » à la fin » mon ami était sorti de sa léthargie, avec un peu de chance je pourrais même avoir une discussion avec lui.
« Pierre Archaux » je ne voulais pas donner mon véritable prénom, ni nom d'ailleurs, pas pour l'instant en tout cas. Sébastien m'a regardé en arquant un sourcil mais n'a rien dit, tandis qu'Alexie se contenta d'hocher la tête, comprenant mes intentions.
L'homme qui prenait note interpella mon camarade. Je ne pouvais pas voir à quoi il ressemblait, un foulard vert cachant son visage tandis qu'un casque métallique surplombait sa tête. Il semblait cependant être plus jeune que le premier homme.
« Alexie ,I-E ? C'est pas pour les filles normalement ? »
« Si, mais la sage femme s'est trompé à ma naissance, depuis je dois porter ce prénom. »
J'ai intérieurement pouffé de rire, l'image de ses parents criant sur la femme juste après que l'enfant soit né était comique. L'homme rangea ensuite le carnet dans une poche et nous invita à le suivre silencieusement. Nous lui avons obéi et sommes passé par l'intérieur du bus, les portes étant ouvertes. Des hommes encore une fois armés jouaient aux cartes à l'intérieur et nous jetèrent un regard de travers. Pas très commode ceux-là.
En sortant, nous étions à l'intérieur des remparts. Ici les personnes étaient presque exclusivement des soldats qui vaquaient à diverses occupations. J'entendais au loin un bruit de martelage du métal, signe qu'un forgeron se trouvait ici. Une légère brise me venait sur le visage, cet endroit était vraiment reposant.
L'homme nous guida à travers plusieurs allées dans le village auparavant touristique. Les boutiques avaient été changées en habitation ou en atelier. Je pouvais voir un boucher, un boulanger et un cuisinier dans la même rue. Les odeurs se mélangeaient dans mes narines et c'est à ce moment que je me suis rendu compte que j'avais été lavé en arrivant ici. L'idée de voir quelqu'un me mettre nu pour me laver à la main me fit froncer les yeux, ce que personne ne remarqua.
Après quelques centaines de pas, nous étions arrivé au plus haut de la colline où se situait le château, devant une maison similaire aux autres, au moins le Roi ne semblait pas être quelqu'un d'extravagant. L'homme toqua et poussa la porte en entendant qu'il était invité à entrer.
La pièce était plutôt sombre et froide. La cheminée n'était pas allumée et il n'y avait que peu de fenêtre. À l'entrée se trouvait manifestement la salle à manger. Une grande table en bois était au milieu de la pièce et un garçon, qui devait avoir mon âge était assis sur une chaise. De nombreux papiers étaient dispersés un peu partout. L'homme qui nous avait accompagné s'exprima alors :
« Ce sont les nouveaux. »
Suivit par l'enfant.
« Bien, tu peux les laisser ici, merci Léo. »
L'homme ne dit rien et sorti de la pièce, nous laissant dans cet endroit tous les trois, avec ce garçon. Celui-ci soupira et se pencha en arrière sur sa chaise, croisant les bras.
« Alors c'est vous les nouveaux ? Vous pensez nous être utile ? »
« Je suis désolé, mais on nous a dit de parler au Roi, je pense que c'est ton père. » Avait répondu Sébastien. Lorsque j'ai vu un sourire fier se greffer sur le visage de notre interlocuteur, j'ai compris.
« C'est moi Le Roi. »
C'était lui Le Roi...
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Jour De Survie
AcciónMaintenant que j'y pense, tout s'est passé très vite. Un peu trop vite même... D'aussi loin que je m'en souvienne, personne n'était prêt à ça. Enfin presque personne. Je crois. Tout à commencé il y a... Je ne m'en souviens pas tout compte fait...