Chapitre 14

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Je dois vous avouer que ce groupe m'intriguait. Pourquoi voulaient-ils négocier avec nous ? Pas que ça me dérangeait, au contraire, mais... Ils pouvaient nous tuer si ils le voulaient, pour ne pas prendre de risque, c'est mieux quand même. Enfin bon, il fallait bien profiter de cette « petite » erreur de leur part pour tenter de s'en sortir sans trop de morts.

J'allais prendre la parole, mais deux de mes compagnons ont commencer à marchander, que dis-je, à supplier qu'on ne les tue pas. Comme les deux parlaient en même temps, ils étaient incompréhensibles. Je me suis donc retourné vers eux avant de demander à mes compagnons de se mettre en cercle autour de moi, dos au groupe d'étrangers. Il fallait que quelqu'un parle au nom de nous tous.

« Bon, alors c'est pas comme ça qu'on va réussir à éviter la mort. On doit choisir un délégué qui va parler à notre place à tous et qui va porter la responsabilité sur ses épaules. Qui se propose ? » En voyant leur regard tourné vers moi, j'ai vite compris que la question ne se posait pas. C'est donc en soupirant que je me suis mis face aux 5 personnes avant d'entamer les négociations, comme ils l'avaient dit plus tôt.

Le premier à parler fut le roux, qui semblait être le chef de ce joyeux petit groupe.

« Tout d'abord, on sait que vous n'êtes pas seuls, alors n'essayez pas de nous faire croire qu'il n'y a personne d'autre. »

Merde, premier point pour lui, je pris la main.

« Ce n'était pas mon intention. Vous voulez quoi ? »

Ok, peut-être un peu trop dur pour eux. Ils me regardaient mal maintenant.

« Votre groupe se trouve où ?

-Vous êtes là depuis combien de temps ?

-Répond à ma question.

-Si tu répond à la mienne. »

Pourquoi je disais des truc comme ça moi ? C'était totalement bête ! Par chance rouquemoute soupira avant de me répondre.

« On est arrivé ici il y a 3 jours. Pourquoi ?

-Ah je comprend mieux. Notre groupe est à Carcassonne, c'est juste à coté. Je trouvais ça bizarre que vous ne nous ayez pas vu, mais c'est pour ça du coup.

-Carcassonne ? Vous avez combien de survivants là bas ? cette fois c'était la fille allongée qui avait parlé

-Euh, quelques dizaines...

-Combien exactement ?

-Je sais pas moi ! J'ai pas compté tout le monde, je dirais, ouai quelques dizaines... »

Ils semblaient peu persuadés par mon mensonge. Pourtant il me semblait être bon comédien, j'ai alors essayé de détendre un peu l'atmosphère.

« Et vous... Vous êtes musiciens ?

-Oui, on faisait parti d'un groupe.

-Ah oui ? Vous vous appeliez comment ? »

Au tour du brun à capuche de prendre la parole.

« Tail of Snake, on faisait du rock »

Oh, intéressant... D'après moi, la musique était toujours importante à notre époque, ce n'était pas pour rien que j'avais directement monté une petite chorale au lycée.

« Et vous avez encore vos instruments ?

-Pourquoi ça t'intéresse ?

-Je suis persuadé que la musique pourrait nous aider à aller mieux, la nouvelle ère ne permet pas beaucoup de divertissement... »

Je venais de retourner la situation, maintenant, c'est plus eux qui semblaient intéressés par ce que je pouvais dire, plus qu'à les faire languir un peu et c'était b-

« Ça ne nous intéresse pas. » Ah. D'accord. Loupé. Échec critique même. Barbe-rousse semblait maîtriser le dialogue.

« Mais... Pourquoi ? Enfin c'est mieux de vivre en communauté, plutôt que de rester à 5 dans un endroit comme cela.

-On n'est pas intéressés.

-Euh, d'accord, mais tu sais que ce n'est pas la meilleure des décisions ? On a un grand groupe, dans quelques temps on aura même de l'électricité. Enfin après on n'a pas besoin de vous nous, vous faites comme vous voulez... »

Peut être que cette méthode allait marcher...

« Alors pourquoi tu insistes autant pour qu'on vienne ? »

MERDE ! Il m'a bloqué ! Que dire ? Que dire ?

« On va réfléchir à la proposition. Attendez dehors quelques minutes. » La chanteuse m'avait sauvé la vie, enfin plutôt m'avait aidé à ne pas me ridiculiser.

Sans attendre, mes compagnons sont sortis, je voyais bien que 2 d'entre eux relookaient la fille allongée mais je n'y ai pas fait attention. Je les ai suivi dans le couloir en soupirant.

« Et faites attention, il y a peut-être quelques cadavres qui marchent ! »

Merci du conseil, vraiment.

Heureusement, rien à signaler dans le long couloir sombre. La faible lumière de dehors nous éclairait à peine et on ne pouvait voir que quelques mètres devant nous. À ce moment, je me suis dit que c'était ce genre d'attente que ressentaient les personnes après avoir fait le test du VIH. Personne ne parlait, attendant simplement qu'ils prennent leur décision. Si ils ne venaient pas, nous étions sûrement des hommes (et femme) morts...

Ce n'est que 3 minutes plus tard que le brun à la barbe de trois jours nous a rejoins, un air sombre sur le visage.

« On va venir. Mais à la moindre manigance, on vous tue. »

Je souriais, après tout ça c'était relativement bien passé.

« Promis, il n'y aura rien de tel. »  

Jour De SurvieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant