Chapitre 3

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Je me suis rendu au bureau pour retirer les ciseaux du crâne de la bête avant d'envoyer un message à tous mes contacts. « C'est la fin du monde, prenez tout ce que vous pouvez, rendez-vous au lycée. »

Après avoir envoyé ce message, qui, sans connaître le contexte, pouvait paraître un peu étrange, je me suis dirigé vers le couloir qu'avait emprunté l'infirmière avant de crier à mort. En prenant le virage à droite, j'y ai vu une large flaque de sang qui s'écoulait de la cage d'escaliers. En m'approchant un peu, j'ai pu me rendre compte que cette flaque provenait de la fameuse infirmière, qui était maintenant allongée au sol, en plein centre du liquide rouge. Le « zombi » avait dû la surprendre dans l'entrée de la cage et lui attraper la gorge. 

C'est à ce moment-là, que je me suis rendu compte que tout ceci n'était pas une blague de mauvais goût, et que les morts qui avaient tenté de me croquer n'étaient pas des acteurs de talent, mais bien de véritables « zombis ». Comment j'ai pu savoir ça ? Aucun maquillage ne peut autant mimer avec autant de réalisme une carotide arrachée... 

Avec surprise, je n'ai pas vomi, ni même déglutit, les séries et les films avaient dû me conditionner à ce genre de spectacle. Bien évidemment, il n'y avait rien d'excitant dans cette vue, mais ce n'était pas aussi horrible qu'on aurait pu le croire.

J'ai donc enjambé le corps en vérifiant qu'il n'y avait pas un autre corps mobile dans le coin, mais le bête qui avait fait ça était sûrement celle qui avait reçu un coup de ciseaux dans le crâne plus tôt. Juste après avoir posé le pied au sol, j'ai senti une vibration dans mon pantalon, un message m'était parvenu. 

« Regarde la télé, c'est la merde » 

J'ai alors soupiré, réfléchissant à où je pourrais trouver une télé qui ne diffusait pas que des chaînes pour enfant. L'accueil de l'hôpital semblait être le meilleur endroit, dans mes souvenirs, il y avait plusieurs petits écrans là-bas. J'ai donc répondu à mon contact, qui était en fait un ami à moi, que j'avais déjà un peu remarqué, suivi d'un « je t'expliquerai, va au lycée avec toutes les armes que tu peux. » avant de ranger mon téléphone dans ma poche. Je me suis ensuite rendu compte que je tenais ma ceinture dans ma main depuis tout à l'heure, j'avais oublié de la mettre dans l'empressement. Mais cette ceinture n'était pas qu'une simple ceinture, à un Noël, j'avais réussi à me faire offrir une «2stealth knife», c'est à dire une ceinture dont la boucle était pourvue de deux petits couteaux que l'on pouvait retirer en tournant un bouton qui, au premier abord, sert à la décoration. Je l'ai donc mise et ai commencé à descendre les escaliers pour me rendre à l'accueil, laissant mes traces de pas ensanglantées sur le carrelage blanc. 

Sauf que j'ai senti du mouvement derrière moi, je me suis donc retourné et ai vu l'infirmière se relever, alors que son sang coulait encore à flot sur le sol. Elle s'est approché de moi, les bras devant, comme les autres. Eh bien... C'est officiel, les morsures rendent les vivants morts et les font se lever pour mordre les autres vivants, seul un fou ne pourrait pas appeler ces monstres des « zombis » à ce niveau là. Mais bon, pour l'instant, l'heure n'était pas à la réflexion. J'ai tourné le bouton afin de libérer les lames qui me permettront de tuer cet ancien être humain. Pas la peine de faire un détail complet, j'ai tué la pauvre femme qui n'avait juste pas eu de chance et me suis dirigé par la suite vers l'accueil, toujours avec les petits couteaux entre les doigts. Une fois sorti de la cage d'escaliers, j'ai jeté un coup d'œil un peu partout afin de vérifier si la zone était libre. J'y ai vu une dizaine de morts qui étaient agglutinés autour des télés suspendues au plafond, un faible son étant à peine perceptible de là où j'étais. 

Donc les zombis sont bien attirés par les bruits, pratique de savoir ça. Mais comment celui qui avait amoché l'infirmière m'avait trouvé ? Ils peuvent aussi voir ? Non, ils doivent pouvoir entendre des sons très faibles, et ma respiration saccadée à dû lui donner mon emplacement. Ou alors, une fois qu'il sait où on est, il a une sorte de radar qui permet de « voir » sa cible sans qu'elle ne fasse de bruit... Chose à vérifier. Mais là, ils étaient un peu trop nombreux pour me permettre de faire des expériences de ce genre, je devais donc reporter mes questions à plus tard. 

Visiblement, le seul moyen de passer était d'aller discrètement à côté pour tenter de sortir. Mais, avec chance, ou mal chance, c'était encore à voir, une personne avait crié dans la rue, sûrement en se faisant arracher un petit morceau de peau. De ce fait, le petit groupe de zombis s'est lentement déplacé vers la sortie de l'hôpital, me bloquant cette partie. Un mur m'empêchait de voir ce qu'ils faisaient, mais le bruit me laissait deviner qu'ils frappaient contre les portes vitrées, sans vraiment savoir quoi faire. J'en ai donc profité pour sortir de la cage qui m'enfermait et regarder si ils n'y avait pas une autre issue. C'est là que j'ai vu : de l'autre côté de la pièce, à côté du bureau de l'accueil où les gens s'amassaient pour prendre rendez-vous avant tout ça, une porte, avec le logo d'issue de secours sur le dessus. J'ai alors regardé vite fait les télévisions qui étaient encore en fonctionnement, l'une d'entre elles étant éteintes, je ne savais pourquoi. 

Différentes chaînes passaient sur les écrans, mais elles montraient toutes les mêmes images. Des morts qui arrachaient une partie d'un vivant avant d'aller vers un autre à cause du cris d'un spectateur, un mort qui dévorait une femme par terre, comme une côte de bœuf, un militaire qui tirait à plusieurs reprises sur l'un d'entre eux, sans arriver à le stopper, sauf en lui tirant dans la tête. Il y avait aussi un mort qui avait réussi à se faire attraper par l'armée, et que des hommes avaient filmé pour la télé, sauf que celui-ci avait réussi à se libérer en s'arrachant lui même les bras et à mordre celui qui avait la caméra. Toutes les télévisions se sont ensuite mise sur une seule et même image, celle du président. Il faisait sûrement un discours d'urgence.

 Voici ce qu'il avait dit :

« Mes chers compatriotes, vous n'êtes pas sans savoir ce qu'il se passe dans le pays et dans le monde, les médias vous l'on suffisamment diffusé pour que vous compreniez. Alors j'annonce officiellement que l'état ne pourra plus se relever après cet événement, chacun d'entre vous est livré à lui même. Tout ce que l'on a pu découvrir sur ces créatures, c'est qu'elles sont presque aveugles, mais qu'elles sont très sensibles aux odeurs et aux son. Ils ne s'attaquent pas uniquement aux humains, mais aussi aux animaux, ceux-ci ne semble pas revenir à la vie. Les personnes mourants de manières naturelles deviennent comme eux. Une morsure, une griffure ou l'entrée de sang dans l'organisme mènent à ce résultat. Ils sont lents mais plus fort que les humains et ne ressentent pas la douleur. Le seul moyen de les tuer c'est de rendre leur cerveau dysfonctionnel, si nous en apprenons plus, on vous le dira. Bonne chance. Mes chers compatriotes, vous n'êtes pas sans savoir ce qu'il se passe dans... » et ceci en boucle. C'était gentil de leur part de nous prévenir de tout ça. Au moins on savait quoi faire, et surtout, que l'armée ne viendrait pas nous aider. 

Avec tout cela, les morts avaient fini de frapper les vitres et recommençaient à essayer d'attraper les télévisions, en vain évidemment. Ça allait être compliqué de sortir d'ici sans aller au combat, mais il fallait bien essayer. Alors, le meilleur moyen était certainement de les contourner sans faire le moindre bruit. C'est donc ce que j'ai entreprit de faire, sans oublier de garder mes armes sur moi. C'était sans compter sur les flaques de sang par terre, qui, alors que ne n'était pas loin de la porte qui me permettrait de sortir de cet hôpital qui sera bientôt envahi, on fait couiner mes chaussures, faisant se retourner les morts vers moi, avant de venir vers moi. J'en ai donc profité pour faire un premier test, celui-ci était sûrement le plus risqué, mais en cas de problème, je n'avais qu'à courir. Pour essayer, j'ai grogné, comme le faisaient ces bêtes tout le temps, afin de voir si ils allaient me prendre pour l'un des leur. Ce qui n'a pas trop marché. Alors j'ai vite marché vers la sortie de secours pour ne pas me faire déchiqueter comme tout le monde. J'ai ouvert cette porte, qui grinçait beaucoup, et je me suis rendu compte qu'ils étaient vraiment très lents, même en marchant je pouvais les distancer. Bien que le mythe du zombi était qu'ils sont lents, mais qu'ils n'abandonnent jamais, cette survie apocalyptique avait l'air d'être plus simple que celle des films pour l'instant. 

Cette pensée, je l'ai vite mise de côté lorsque j'ai ouvert la porte, et que j'ai vu ce qu'était devenue la rue où je voyais les gens courir et crier 20 minutes auparavant, lorsque j'ai découvert un véritable champs de bataille.

Jour De SurvieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant