Le Voisin

8.

La voyante perut étonnée en découvrant Baekhyun.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Quelque chose ne pas pas ? demanda-t-elle.

— Non, répondit Baekhyun.

— Tu n'as pas l'air d'être en forme, tu es tout pâle, reprit la vieille femme.

— Le froid certainement, je suis glacé jusqu'aux os.

— Entre, ordonna la voyante, viens te réchauffer près du poêle.

Baekhyun s'engouffra dans la guérite et reconnut aussitôt les odeurs de vanille, d'ambre et de cuir, plus intenses à l'approche du réchaud. Il s'installa sur une banquette, la voyante s'assit à côté et prit ses mains entre les siennes.

— Alors comme ça tu es revenu me voir.

— Je... je passais par là, j'ai vu de la lumière.

— Tu es tout à fait charmant.

— Qui êtes-vous ? demanda Baekhyun.

— Une voyante que les forains de cette jetée respectent ; les gens viennent de loin pour que je leur prédise l'avenir. Mais hier, à tes yeux, je n'étais qu'une vieille folle. Je suppose que, si tu es revenu aujourd'hui, c'est que tu as dû réviser ton jugement. Que veux-tu savoir ?

— Cet homme qui passait dans mon dos pendant que nous discutions, qui est-il et pourquoi devrais-je aller à la rencontre de six autres personnes avant de le connaître ?

— Je suis désolée, mon chéri, je n'ai pas de réponse à ces questions, je t'ai dit ce qui m'est apparu ; je ne peux rien inventer, je ne le fais jamais, je n'aime pas les mensonges.

— Moi non plus, protesta Baekhyun.

— Mais tu n'es pas passé par hasard devant ma roulotte, n'est-ce pas ?

Baekhyun acquiesça d'un signe de la tête.

— Hier, vous m'avez appelé par mon prénom, je ne vous l'avais pas dit, comment l'avez-vous su ? demanda Baekhyun.

— Et toi, comment fais-tu pour nommer dans l'instant tous les parfums que tu sens ?

— J'ai un don, je suis nez.

— Et moi, voyante ! Nous sommes chacun doué dans notre domaine.

— Je suis revenu parce que l'on m'y a poussé. C'est vrai, ce que vous m'avez dit hier m'a troublé, avoua Baekhyun, et je n'ai pas fermé l'œil de la nuit à cause de vous.

— Je te comprends ; à ta place, il me serait peut-être arrivé la même chose.

— Dites-moi la vérité, vous avez vraiment vu tout cela hier ?

— La vérité ? Dieu merci, le futur n'est pas gravé dans le marbre. Ton avenir est fait de choix qui t'appartiennent.

— Alors vos prédictions ne sont que des salades ?

— Des possibilités, pas des certitudes. Tu es seul à décider.

— Décider de quoi ?

— De me demander ou non de te révéler ce que je vois. Mais réfléchis à deux fois avant de me répondre. Savoir n'est pas toujours sans conséquence.

— Alors j'aimerais d'abord savoir si vous êtes sincère.

— Est-ce que je t'ai demandé de l'argent hier ? ou aujourd'hui ? C'est toi qui es venu frapper deux fois à ma porte. Mais tu sembles si tourmenté qu'il est probablement préférable que nous en restions là. Rentre chez toi, Baekhyun ; si cela peut te rassurer, rien de grave ne te guette.