Le Voisin

11.

— Ce fut une expérience épatante, dit-il en coupant le contact. J'ai adoré conduire.

— Eh bien, nous pourrons vous donner une seconde leçon cette semaine, si le cœur vous en dit.

— Ce sera avec un immense plaisir.

Arrivés sur leur palier, Chanyeol et Baekhyun se saluèrent.

Baekhyun se sentait fébrile et l'idée de se reposer n'était pas pour lui déplaire. Il remercia Chanyeol et, une fois chez lui, il étendit son manteau sur son lit et se blottit sous les draps.

Une fine poussière flottait dans l'air, brassée par un vent chaud. Du sommet d'une ruelle en terre, un grand escalier descendait vers un autre quartier de la ville. Baekhyun avançait, pieds nus, regardant de tous côtés. Les rideaux de fer des petits commerces aux couleurs bariolées étaient tous baissés.

Une voix l'appela dans le lointain. En haut des marches, une femme lui fit signe de se presser, comme si un danger les guettait. Baekhyun courut pour la rejoindre, mais la femme s'enfuit et disparut. Une clameur grondait dans son dos, des cris, des hurlements. Baekhyun se précipita vers l'escalier, la femme l'attendait au bas des marches, mais elle lui interdit d'avancer. Elle lui jura son amour et lui fit ses adieux.

Tandis qu'elle s'éloignait, sa silhouette rapetissait jusqu'à devenir minuscule tout en grandissant dans le cœur de Baekhyun jusqu'à devenir immense. Baekhyun s'élança vers elle, les marches se lézardaient sous ses pas, une longue fissure fendit l'escalier en deux et le grondement dans son dos devint insoutenable.

Baekhyun releva la tête, un soleil rouge brûlait sa peau, il sentit la moiteur sur son corps, le sel sur ses lèvres, la terre dans ses cheveux. Des nuages de poussière virevoltaient autour de lui, rendant l'air irrespirable.

A quelques mètres, il entendit une plainte lancinante, un gémissement, des mots murmurés dont il ne comprenait pas le sens. Sa gorge se serra, Baekhyun suffoquait. Une main audacieuse le prit par le bras et le souleva de terre juste avant que le grand escalier ne se dérobe sous ses pieds.

Baekhyun poussa un hurlement, il se débattit du mieux qu'il le put, mais celui qui l'empoignait était bien trop fort et Baekhyun sentit qu'il perdait connaissance, un abandon contre lequel il était inutile de lutter. Au-dessus de lui, le ciel était immense et rouge.

Baekhyun rouvrit les yeux, ébloui par la blancheur de la verrière couvert de neige. Il grelottait, son front était brûlant de fièvre. Il chercha à tâtons le verre d'eau qui se trouvait sur sa table de nuit et fut prit d'une quinte de toux en avalant la première gorgée. Il était à bout de forces. Il fallait qu'il se lève, qu'il aille chercher une couverture, de quoi chasser ce froid qui le glaçait jusqu'aux os. Il essaya de se redresser, en vain, et sombra à nouveau.

Il entendit chuchoter son nom, une voix familière tentait de l'apaiser. Il était caché, recroquevillé, la tête entre les genoux. Une main plaquée sur sa bouche lui interdisait de parler. Il avait envie de pleurer, mais celle qui le retenait dans ses bras le suppliait de se taire.

Il entendit le martèlement d'un poing à la porte. Les assauts devenaient plus violents, on donnait maintenant de sérieux coups de pied. Des bruits de pas, quelqu'un venait d'entrer. A l'abri du petit cagibi, Baekhyun retenait son souffle, il lui sembla que sa respiration s'était arrêté.

— Baekhyun, réveillez-vous !

Chanyeol s'approcha du lit et posa une main sur son front.

— Mon pauvre, vous êtes brûlant.