Rédemption (Is It Love ? Gabriel)

Chapitre 8

Mon parquet grince au moment où je pose un pied au sol. Je lance un regard rapide à l'homme endormi dans mon lit. Il ne bouge pas, je soupire, heureuse de ne pas l'avoir réveillé. Il a l'air tellement sage endormi ainsi, bien loin de l'amant passionné qu'il était un peu plus tôt. Je reste quelques minutes  à le regarder. Il est vraiment très beau... je le savais déjà, mais de l'observer d'aussi près sans qu'il soit dans le paraître ou dans la séduction... ça change.

Je sors à pas feutré de ma chambre attrapant de quoi m'habiller au passage, un short et un gros pull. Il est 3 heure du matin mais je n'arrive pas à dormir. J'ai trop de choses à penser, agréables et désagréables.

Gabriel, je viens de m'envoyer en l'air avec Gabriel. Et ce n'est pas le pire. Le pire, c'est que j'ai vraiment aimé ça. Je me suis laissée aller comme rarement et j'ai encore sur les lèvres le goût des siennes. Je me suis abandonnée dans ses bras et je ne brûle que d'une chose : recommencer, plusieurs fois. Comment je vais faire pour gérer ça maintenant ? Une chose après l'autre déjà. J'essaye de calmer les battements de mon cœur mais rien n'y fait.

J'attrape mon paquet de cigarettes et file devant une fenêtre. Je ne peux pas accéder à mon spot préféré sans faire de bruit mais je ressens un violent besoin de nicotine. Ce truc aura ma peau, c'est ce que Matt répète tout le temps. Mais là, c'est vital. On a essayé de me renverser, mon passé ne veut pas me lâcher et j'ai couché avec mon supérieur... Putain de merde. Je suis mal barrée. J'étais pourtant venue à New-York pour commencer une nouvelle vie...et bien on va dire que je m'en sors plutôt bien !

J'allume ma cigarette et inspire profondément en serrant les pans de mon gros sweat contre moi. L'air qui s'engouffre par la fenêtre ouverte est tiède, et me réchauffe doucement. Je sens encore dans tous mes membres une langueur agréable. Cela faisait longtemps que j'avais pas partagé mon lit avec un homme, enfin pas de manière aussi intense. Gabriel a fait vibrer quelque chose en moi, quelque chose d'endormi et maintenant réveillé.

Je soupire, admirant la ville endormie en contre-bas. Gabriel est en réalité le cadet de mes soucis. Il veut que je revienne vers lui malgré tout ce qui s'est passé, j'avais pourtant tout fait pour qu'il m'oublie, j'étais allée le plus loin possible ! Il n'aurais pas dû savoir que j'étais en vie !!! Comment avait-il pu retrouver ma trace ? Une seule personne était au courant et elle ne m'aurait jamais trahie...il avait dû trouver la faille, comme il le faisait toujours, et maintenant il voulait me revoir.

Nous faisons tous des choses dont nous ne sommes pas fiers, seulement, certaines choses sont plus grave que d'autres. J'avais fait des choix malheureux que j'avais cru pouvoir oublier mais tout me revenait aujourd'hui dans la figure comme une gifle. Il y a quelques années, j'avais passé un marché, j'étais plus jeune, plus idéaliste et plus énervée contre le système. En pensant améliorer les choses, j'avais passé un pacte avec un démon. C'était la pire décision de ma vie.

Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire ? Je n'ai pas de ressource, aucun moyen de pression, aucun échappatoire. Je prend mes cheveux et les ramène sur mon épaule avant d'entortiller quelques mèches autour de mon doigt. Une furieuse envie de musique me prend et mes doigts me démangent. Je m'assois devant mon piano, effleurant les touches blanches, je brûle d'envie de jouer mais je ne veux pas réveiller Gabriel.

Tout est si silencieux et je continue de rêver de briser ce silence qui commence à me peser. Moi qui pensait trouver une vie calme et posée à New-York, l'illusion n'aura pas duré longtemps.

- Tu ne dors pas ?

Je sursaute avant de me retourner vers l'origine de la voix. Gabriel est adossé contre la porte, un drap noué autour de la taille. Je lui souris timidement, maintenant que notre fièvre est passé, je retrouve mes doutes et mes inquiétudes le concernant. Sentant mon trouble, il se rapproche de moi avant de venir s'asseoir à mes côtés. Doucement il lève la main pour venir la poser sur ma joue et tourner mon visage vers lui.