Chapitre 25

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Je m'assois au bord de lit faisant rouler ma tête d'un côté puis de l'autre pour détendre ma nuque engourdie. Je finis de m'étirer en étendant mes bras haut au dessus de ma tête. Une main surgit soudain des draps pour m'attraper la jambe alors que je me lève.

- Reste encore un peu... grogne une voix grave étouffée par l'oreille.

En souriant, j'essaye de dégager la main de Gabriel qui n'a pas l'intention de me laisser aller prendre mon café matinal salvateur. Je le laisse me ramener dans le lit, appréciant le contact de son corps chaud contre le mien. Toujours entre l'éveil et le sommeil, Gabriel glisse sa main sur ma hanche nue et me colle plus près encore de lui. Son souffle dans mon cou me chatouille et je n'arrive pas à m'empêcher de me tortiller contre lui.

- Arrête de bouger...

Refusant plus longtemps d'être privée de ma dose de drogue matinale et je me glisse hors de son étreinte et évite de justesse une main qui allait atterrir sur mes fesses. La chevalière de Gabriel, que je porte autour du cou, glissée à une longue chaîne, rebondie entre mes seins alors que je me lève.

- Raté, tu vises mieux d'habitudes, je glousse en haussant un sourcil réprobateur à l'homme désormais bien réveillé qui garde ses yeux fixés sur mon anatomie.

- Reviens dans le lit si tu n'es pas satisfaite. Je suis sûr que je pourrai me faire pardonner.

- Aucune chance, je meurs de faim. Entre toi et mon petit déjeuner, je suis désolée, mais tu n'as aucune chance, je réponds tout en attrapant mes sous vêtements.

L'avantage de l'appartement de Gabriel est qu'il est suffisamment haut que je n'ai pas à me soucier de la pudeur des voisins. J'en profite donc pour me balader en culotte sans retenue. Une fois la machine à café lancé, je pars inspecter le contenu des placards de mon ancien manager.

J'attrape de quoi me sustenter et m'installe à mon aise sur un des transats de sa terrasse pour profiter des premiers rayons du soleil qui percent à peine par dessus les hauts bâtiments de la ville. Nous sommes en plein mois d'août et je profite de quelques jours de congés à New-York pour renouer avec de vieilles connaissances.

Avec le nouveau taff que m'a confié Carter, je vois du pays, il n'avait pas menti sur ce point. Je passe plus de temps en avion qu'au sol et le jetlag est devenu mon nouveau meilleur ami. J'ai pu rester fidèle à ma promesse qui était de ne jamais remettre les pieds au Japon et c'est tant mieux.

Cela fait maintenant 3 ans que cette sordide affaire avec Ichiro a bien failli extrêmement mal finir. Heureusement pour moi, j'ai pu passer à autre chose, avoir une nouvelle vie, une nouvelle situation, un taff enrichissant, tout en gardant un pied à New-York grâce à Lisa, Matt et Colin.

Et Gabriel.

Pendant un temps, j'ai même hésite à faire retirer mon tatouage pour définitivement faire un trait sur mon ancienne existence. Mais, entre le prix faramineux de l'opération au laser (rappelons que mon tatoo me recouvre tout le dos) et  le fait que finalement, j'étais peut être prête à assumer ce que j'avais été et fait, j'avais gardé mon dragon. Je le portais maintenant avec une certaine fierté : j'avais survécu, j'avais gagné le droit de mener mon existence comme je l'entendais.

Je sirote mon café, fermant les yeux de contentement. Jusqu'à ce qu'une ombre importune vienne se placer directement devant moi.

- Dégage de mon soleil, je grommelle.

- Tu n'es pas Diogène, et je ne suis pas Alexandre le Grand...même si j'admets que la référence est flatteuse, pour moi en tout cas, ricane Gabriel qui  ne bouge pas d'un poil.

Voyant qu'il ne bouge pas d'un pouce, je lance ma jambe vers lui pour effectivement le faire dégager pour que je puisse reprendre ma séance de bronzette matinale.

- Allez, Sibylle... On ne s'est pas vu depuis des mois...

Il s'assoit au bout du transat et commence à passer lascivement sa main sur ma cuisse.

- Tu ne me feras pas croire que ton lit est resté vide tout le temps où j'étais à l'étranger Gabriel, je rétorque en haussant un sourcil.

Choquant direz-vous ? Absolument pas. Cela a été très clair entre nous depuis le début. Je sais que mon coeur appartient à Gabriel, et que le sien est à moi. Mais, que ce soit dans son cas comme dans le mien, nous sommes tous les deux complètement inadaptés à une relation exclusive.

La relation libre s'est imposée tout naturellement. Nous ne sommes exclusifs que les rares fois où nos emplois du temps, et nos positions géographiques concordent, ce qui n'arrive que rarement. Sinon, ce qu'il fait de son temps et avec qui ne me regarde pas et réciproquement. Je n'ai jamais peur qu'il finisse par ne plus m'aimer, comme il sait que jamais je ne tomberai amoureuse d'un autre...

Enfin..."jamais" c'est vite dit. Pour le moment, l'idée ne me viendrait même pas à l'esprit mais peut être que dans quelques années, la flamme s'éteindra et alors chacun reprendra sa route de son côté, content d'avoir partagé tous ces moments uniques avec l'autre.

Et c'est très bien comme ça.

Vaincue, je pose ma tasse de café au sol pour éviter un malheur et jette les bras autour du coup de mon blond favori qui me rend mon étreinte en passant ses larges mains dans mon dos. Nos lèvres se joignent et je savoure comme pour la première fois le goût de sa bouche que je connais par cœur.

Soudain, à cet instant précis, dans les bras de Gabriel, au sommet de New-York où le soleil impose sa chaleur et sa lumière, je me rends compte que pour la première fois je suis pleinement heureuse. C'est vraiment un sentiment étrange, je n'ai pas à me soucier de quoi l'avenir sera fait, je n'ai pas à me dire qu'un psychopathe veut ma mort, en fait, je pourrais presque trouver le bonheur chiant à mourir et pourtant, là, tout de suite, je ne veux pas que ça s'arrête.

Des amis uniques, un amant exceptionnel, pas de menace de mort à l'horizon, de quoi profiter pleinement de ma vie... Il ne manque qu'une toute petite chose.

Un éclat de rire monte irrésistiblement dans ma poitrine et je dois me détache des lèvres de Gabriel pour laisser mon fou rire éclater.

- Qu'est ce qui t'arrive ? me demande Gabriel surpris mais tout de même amusé.

Il passe une main dans me cheveux avant de se rapprocher de nouveau mais je l'arrête. Il me manque mon cliché de film romantique pour que tout soit parfait.

- Tu as de quoi mettre de la musique ? Genre assez pour réveillé les voisins ? J'ai une envie de happy ending tout d'un coup.

- Ending de quoi ?

- Pour une bonne fin, il faut une bonne musique.

Gabriel écarquille de grands yeux sans répondre.

- Laisse tomber je vais trouver toute seule.

Je saute du transat, attrape mon téléphone et pars à la recherche d'une enceinte. Un câble, un bouton, et l'appartement se remplit des premières notes d'un titre horriblement cliché mais horriblement bon. Colin se foutrait sûrement de moi s'il me voyait. Je ferme les yeux et laisse le son résonner dans ma tête et dans tous mes os. Ma cage thoracique résonne à chaque ondulation de la voix du chanteur qui s'élève encore et encore.

Tout va bien.

Gabriel, qui semble-t-il a l'air assez amusé par ma nouvelle lubie me rejoint, attrape ma main et me fait tourner sur moi même.

- Qu'est ce qu'on fête ?

- Absolument rien, je dis en souriant.

Mon rire se mélange à la voix de Steve Tyler qui donne l'impression de recouvrir la ville. J'enlace le visage de Gabriel, afin de sceller pour de bon le cliché, mon cliché de comédie Hugh Grant à moi toute seule.

Qu'est ce qui arrivera demain ? Je n'en sais rien, et je m'en fous.

Dream on

Rédemption (Is It Love ? Gabriel)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant