Rédemption (Is It Love ? Gabriel)

Chapitre 18

Je serre les dents au moment où le jet privé (évidemment) de Carter décolle. Comme on pouvait s'en douter, je n'ai pas trouvé de solution miracle pour éviter de mettre de nouveau les pieds au Japon. Ce qui fait que je me retrouve coincée dans le jet en compagnie de Carter, Mark et Gabriel. Autant dire que je me sens très à l'étroit au milieu de ces trois égos surdimensionnés dégoulinants de testostérone. A vomir.

Entre Mark et Gabriel, c'est toujours la guerre froide, tout en subtilité et petites piques envoyées dès que la moindre occasion se présente. Carter regarde ça de loin, il a l'air presque amusé de voir les deux collaborateurs se tirer constamment dans les pattes. Il a l'air d'attendre de voir lequel des deux va l'emporter pour savoir à qui il accordera la sacro-sainte promotion. On dirait un empereur romain regardant ses favoris lutter pour des faveurs. A vomir.

Moi, je me retiens de ne pas tout les renvoyer chez leur mère, histoire de recevoir une éducation de base et d'arrêter de vouloir attirer toute l'attention sur leur petite personne. J'ai l'impression d'avoir des crampes à la rétine tant je lève les yeux au ciel. C'est une des raisons pour lesquels j'ai fui le secteur privé pendant des années, ce genre de mesquinerie de bas étage a tendance à me donner des envies de coup de pied au cul bien senti (même si en altitude c'est une mauvaise idée, question d'atterrissage, de mise en danger de la vie d'autrui...des bêtise comme ça). Mais je fais ma bonne petite assistante, gardant constamment un faux sourire crispé de circonstance plaqué sur le visage. A vomir.

Je cours effectivement vomir avant l'atterrissage, aussi discrètement que possible, car le stress intense qui m'habite a décidé de me retourner l'estomac. Je vais revoir Ichiro, et mourir sans doute mais avant je vais aussi sans doute revoir mon père qui est, si j'ai bien compris, retombé dans le jeu et l'alcool. Il va me falloir toute ma détermination et mon savoir-faire pour essayer d'éviter de causer plus de dommages collatéraux.

"Je m'en moque, sauf s'ils m'éloignent de toi"...

- Ils vont faire plus que m'éloigner, crois moi...je grogne tout en me rinçant la bouche.

Je passe de l'eau mon visage et fais une grimace à mon reflet. Ma vie m'a l'air d'être une vaste blague, je n'ai plus le contrôle sur rien. Nous sommes déjà en octobre, j'ai commencé à travailler à Carter Corp en juin et depuis cette date rien ne va. La voyage au Japon a pris des semaines à être organisé tant les partenaires à contacter sont nombreux. La convention dont m'avait parlé Carter a été réécrite près d'une vingtaine de fois avant d'arriver à la version finale, qui est toujours en cours de négociation.

Ichiro m'a laissée tranquille. J'ai jonglé entre ma relation torride avec Gabriel et mon attirance pour Mark pendant toute la préparation du séjour. Je me suis noyée dans le travail pour éviter de réfléchir à tout ça. D'une certaine façon, rien n'a vraiment évolué. J'évite les sujets ou les discussions que je sais tendues d'avance...mais il va bien falloir que je fasse face à mes problèmes.

- Mademoiselle Roy ?

Mark frappe quelques coups à la porte. Je ferme les yeux, inspire à plusieurs reprises avant de lui répondre.

- J'arrive, Mark.

- Tout va bien ?

Je grince des dents, j'aimerai lui demander poliment de me laisser tranquille, que les kilomètres qui l'avion me parcourent me retournent l'estomac car je retourne à un endroit que j'avais juré de quitter. Mais j'ouvre la porte et lui répond avec un grand sourire.

- Un petit coup de fatigue, pas de quoi vous inquiéter.

Je referme la porte et retourne vers mon siège. Alors que je suis sur le point d'écarter le rideau qui sépare l'avant de l'avion de l'espace passager, Mark me retient en tirant doucement sur mon poignet. Je me retourne vers lui, surprise par son geste, et le suit quand il m'attire à l'écart.