Rédemption (Is It Love ? Gabriel)

Chapitre 10

Encore une fois, je suis la dernière à quitter le service. Ça commence à devenir une mauvaise habitude... Il faut que dire que je redoute mon rencard avec Mark et que j'avais pas mal de taff à rattraper. J'ai aussi repris pas mal d'éléments pour remercier Matt de m'avoir soutenue. Je ne sais pas du tout qu'est que j'attends de ce rendez-vous avec Mark. Je ne sais pas vraiment dire pourquoi, peut être est-ce parce qu'il est très difficile à cerner, toujours occupé par le travail ?

- Hum, hum.

Je sursaute alors que Mark toussote à côté de moi pour attirer mon attention. Indulgent devant ma gêne, il m'adresse un aimable sourire. C'est la première fois que je le vois sans son téléphone greffé à la main. Puisque personne ne peut nous voir, il desserre légèrement sa cravate. Je le comprend, ça doit être insupportable de supporter ça constamment.

- Vous avez terminé mademoiselle Roy ? C'est rare de voir quelqu'un travailler si tard, surtout à cette période de l'année. En général, les agents filent profiter des beaux jours.

- Il faut croire que je n'aime rien faire comme tout le monde...

Bravo Sibylle, toujours l'art de la phrase juste. Excellente idée de passer pour la fille bizarre de service. Heureusement, Mark ne semble pas s'offusquer et continue de me sourire. Il a l'air bien plus détendu que d'habitude et les rayons rasants du soleil qui rentrent dans l'open space donnent une couleur cuivrée magnifique à ses cheveux. Son attitude ultra professionnelle a tendance à le faire oublier, mais il possède vraiment un charme indéniable.

- Vous avez terminé ?

- Oui, juste un instant et j'arrive.

Il acquiesce et patiente pendant que j'éteins mon poste et que j'enfile ma veste. Je porte une robe simple, à la coupe assez classique, bleue nuit, des collants fins et de petites bottines en cuir marron. Pour ajouter un peu de couleur, j'ai choisi une  veste légère en lin orange et un collier sautoir qui se termine par une petite montre.  Comme d'habitude, j'ai noué mes cheveux en une grosse tresse épis. Je ne suis pas archi lookée mais Mark me regarde avec un intérêt non dissimulé.

Gênée, je baisse la tête avant de prendre mon sac en bandoulière et de le serrer contre moi. Étrangement, je le trouve bien plus intimidant qu'à l'accoutumée. Il me laisse passer devant lui avant de poser, sans vraiment me toucher, sa main dans le creux de mes reins pour m'inviter à entrer dans l'ascenseur. Je me sens de plus en plus troublée et ma gêne redouble quand, alors que les portes se referment, une main se glissent entre les portes pour les empêcher de se fermer.

Je pique un fard absolument monumental quand je reconnais la main, qui arbore une chevalière reconnaissable entre toute, puis quand les portes s'ouvrent dévoilant l'identité de la personne à qui elle appartient.

- Excusez moi, dit Gabriel tout en ouvrant les portes avec un grand sourire.

Il prend place dans l'ascenseur qui tout de suite me paraît minuscule et étouffant, comme s'il ne pouvait pas contenir les deux hommes entre lesquels je suis coincée. Le connard...je suis sûre qu'il l'a fait exprès. Tout le monde à Carter Corp sait que Gabriel et Mark ne s'entendent absolument pas et voilà que je me retrouve en sandwich entre les deux ! Je commence à me sentir oppressée par l'ambiance qui devient aussi lourde que du plomb. Les étages défilent et personne ne parle. Je rêve de briser le silence mais je ne sais pas quoi dire.

À mes côtés, les deux hommes sont tendus comme les tordes d'un arc et fixent sans ciller un point invisible devant eux. Quand, enfin, l'ascenseur arrive au rez-de-chaussée, j'ai du mal à retenir un profond soupir de soulagement. Je crois que je n'ai jamais senti une ambiance aussi pesante !