The Walking Dead Megan Knight

Chapitre 41

Hébétée, le couteau encore à la main, c'est Daryl qui me bouscule pour que je laisse ma place au médecin qui vient tout juste d'arriver. Je le regarde s'affairer sans raison sur le cadavre de Rick, . . . quand des mots parviennent à mes oreilles, . . . des mots auxquels mon cerveau refuse de croire de peur de ne tomber encore plus bas . . . si c'est encore possible.

_ Il est vivant, la balle a traversé, Josh va dans la pharmacie et prend tout le nécessaire pour ce genre de blessure, dit le médecin à son fils avant de se pencher de nouveau sur Rick.

_ Je l'accompagne, ajoute Rosita en emboîtant le pas de Josh.

Abe et Daryl vont chercher ceux qui sont restés dans les bureaux pour les ramener dans le hall afin d'avoir l'œil sur tout le monde. Je reste inerte, debout comme si j'étais étrangère à tout ce qui se passe autour de moi. Rosita et Josh reviennent très vite les bras chargés de matériel médical.

Commençant à me sentir de trop, je laisse Aaron s'occuper de ceux qui sont dans le hall et vais rejoindre les garçons dans les bureaux. Je serais peut être utile là-bas qu'ici.

Quand j'arrive, je suis stupéfaite par ce que je vois. Les nouveaux membres du groupe de mon frère s'étaient spontanément rendus sans aucune forme de résistance. Ce n'étaient pas des combattants, ils voulaient juste un toit au dessus de leur tête, se sentir en sécurité . . . alors ils s'étaient alliés à mon frère.

_ Où est le noyau dur de la bande ? Demandais-je aux garçons.

_ Partis, me répond Daryl en tapotant sur la vitre pour attirer mon regard vers l'extérieur du bâtiment.

Je souffle en voyant la grille de l'entrée principale défoncée et il manque deux voitures plus un fourgon.

_ Et merde, dis-je en tapant du plat de la main sur la baie vitrée.

_ Megan . . . y a plus important pour l'instant, reprend calmement Daryl.

Il a raison, il y a plus important, Rick doit vivre . . . pour lui, . . . pour ses enfants, . . . pour le groupe, . . . pour Alexandria . . .

_ Bon c'est pas tout ça les enfants mais on fait quoi de tout ce joli monde, balance Abe.

Daryl et moi nous regardons mais je ne me sens pas à ma place pour prendre des décisions, encore moins des décisions qui concerne l'avenir du groupe. À cet instant, je ne sais même plus vraiment qui je suis réellement. Je sais juste que j'ai coupé les liens nocifs que j'avais avec mon passé.

_ On les descend dans le hall avec les autres, pour la suite on verra après, dit simplement Daryl.

Une fois de retour en bas, j'ai un haut le cœur quand je vois la quantité de sang répandu sur le sol. Je n'ose même pas regarder le médecin qui s'affaire toujours sur lui.

Abe rassemble toutes les personnes retrouvées devant le grand escalier. Ils sont une vingtaine et au premier regard Daryl a vu qu'ils n'étaient pas bien méchant. Après discussion avec Abe, ils décident de leur proposer un marché. Pendant que le toubib s'occupe de Rick ceux qui veulent rejoindre la communauté aident à charger les deux fourgons qui restent de tout ce dont aura besoin la ville. Les autres sont libres de faire ce qu'ils veulent rester ici ou tenter leur chance sur les routes.

Je regarde le balai de ces hommes et femmes se déplacer et déambuler devant moi, tantôt avec des cartons tantôt avec des caddies. J'observe cette effervescence assise sur les marches de ce même escalier que j'avais descendu pour moi dans une autre vie, alors que cela ne datait que deux seulement deux heures.

Bizarrement ou pas personne ne m'approche ni ne me parle. Je suis devenue invisible, . . . et c'est assise sur ces marches que j'ai enfin compris ce que je devais faire. Je me redresse et fais quelques pas dans le hall. Ils sont tous accaparés par ce qu'ils doivent faire pour se préparer à reprendre la route. En les écoutant, j'avais été soulagée de comprendre que Dan, le médecin et son fils, Josh avaient choisi de rejoindre Alexandria.

Voyant que personne ne prête attention à moi, je me dirige vers le plan du centre et repère trois magasins qui peuvent m'intéresser comme l'alimentation, la droguerie et le magasin de sport.

Je déambule dans les couloirs jusqu'au magasin de sport. Je me sens vidée et inutile. Encore une fois, j'avais fait le mauvais choix et Rick allait probablement mourir alors qu'il est important pour bon nombre de personnes.

Je ne m'explique pas non plus pourquoi j'ai mis tant de temps à l'anéantir. J'ai toujours été plus forte que je ne le pensais. J'aurais pu m'affranchir depuis si longtemps. En le laissant faire et agir comme il le voulait, il avait fait tant de mal autour de lui. Je secoue la tête et me dis que maintenant tout cela est terminé . . . même si c'est un peu tard. J'avais mis le temps mais je l'avais fait . . . alors c'était l'essentiel.

Une fois dans le magasin, je suis stupéfaite de l'état dans lequel il se trouve. Il est certes en désordre mais plus qu'un black friday. Rapidement, je choisis mon sac à dos. Ni trop grand car une fois chargé, il peut se révéler trop lourd et encombrant, ce qui est gênant qu'on sait qu'à l'époque actuelle il faut agile et mobile. Ni trop petit, car pas assez de place pour emmener le nécessaire donc autant ne rien prendre.

En passant dans les différents rayons, je le remplis de tout ce qui me sera utile dehors comme une torche, des piles, une polaire, une couverture de survie, une corde, . . . Bref, je me constitue le sac de la parfaite petite campeuse. Alors que je m'apprête à passer à la boutique suivante, je tombe nez à nez avec Rosita.

_ Tu fais quoi là ? Me demande-t-elle calme mais pas franchement ravie.

Je ne lui réponds pas et passe à côté d'elle. Rien de ce que je pourrais dire ne pourrait justifier mes actes alors à quoi bon maintenant. Mais c'est mal connaître Rosita. Elle me dépasse et se place devant moi m'obligeant à m'arrêter.

_ Je répète, tu fais quoi Megan ?

Je me stoppe et inspire profondément pour me donner le courage de lui répondre en utilisant les bons mots afin d'être la plus convaincante possible.

_ Je fais ce qu'il y a de mieux à faire pour tout le monde Rosita. Je m'en vais, dis-je en baissant les yeux car je n'arrivais plus à soutenir son regard.

_ Le mieux pour nous, se moque-t-elle ouvertement en croisant les bras sous sa poitrine. Puis elle reprend avec calme, le mieux pour nous . . . ou pour toi Megan ?

Je ne réponds rien, après tout, elle n'a peut être pas complètement tort. Je ne dis rien et reprends avec calme mon chemin vers la droguerie.

_ Partir c'est facile, . . . fuir c'est facile, . . . mourir c'est facile . . . mais accepter de l'aide, . . . accepter de faire partie d'un groupe . . . accepter d'être aimé . . . ça . . . ça demande du courage, . . . ça fout la trouille . . .

Je me stoppe une nouvelle fois et l'écoute sans me retourner.

_ J'ai jamais vraiment poser mes valises, poursuit-elle. Je me suis contenter d'aller de groupe en groupe et de prendre ce dont j'avais besoin pour m'en sortir, . . . mais Abe, Eugène, Daryl, Rick et les autres. Ils m'ont acceptée, . . . fait confiance. Ils ont fait la même chose avec toi. Et maintenant quoi que tu décides, une fois qu'ils t'ont acceptée tu fais partie de la famille et c'est le cas. Mais le meilleur là dedans c'est que quoi tu fasses, ils seront toujours là pour toi que tu merdes ou pas, termine-t-elle.

Je me retourne et la regarde interdite ne comprenant pas tout de suite que l'humidité sur mes joues vient des larmes qui ruissellent sur mes joues.

_ Je vous ai fait tellement de mal, . . . je les ai fait tellement souffrir, . . . je peux pas Rosita, terminais-je.

_ Oh que si tu peux et tu vas le faire croix moi . . . T'as fait des conneries la belle affaire . . . mais t'as aussi fait des trucs bien comme tuer Negan, termine-t-elle en me serrant contre elle. D'abord réticente, je finis par me laisser aller.

_ Bon allons voir où ils en sont, clôture-t-elle en me tenant pour être sûre que je ne m'échappe pas une fois de plus.