Chapitre 10

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J'ouvre la porte à Georg qui vient d'arriver avec Suzanne. Je les salue chaleureusement et les invite à s'asseoir dans le salon, à côté de la cheminée qui crépite. Linda se charge de les servir à boire pendant que je rapporte de quoi grignoter de la cuisine. On trinque ensemble à ce petit moment qu'on s'accorde dans ce temps glacial. La neige ne tombe pas encore mais ça ne devrait plus tarder.

Pendant que les filles parlent de leur côté, Georg se rapproche de moi et m'interpelle d'une voix plus basse. Même dans son attitude, ça se voit qu'il n'est pas à l'aise. Il est un peu tassé, recroquevillé... Rien à voir avec d'habitude.

« Un problème ? L'interrogé-je entre deux gorgées de whisky.

- T'as des nouvelles des jumeaux ?

- Aucune depuis cette session sur Skype il y a deux semaines. Pourquoi ?

- Je n'en ai plus de Bill.

- Ah bon ?

- Hum. J'avais envoyé un message pour dire que j'étais prêt à les recevoir chez moi quand ils voudraient... Et depuis, plus rien.

- Rien, genre pas de date définie ? Ou rien, genre pas de message du tout ?

- Non, pas de message du tout. Pas une réponse, pas un mot, que dalle. Qu'est-ce que ça veut dire ?

- J'en sais rien.

- Ça fait deux semaines ! Deux semaines que j'attends un truc, même juste un SMS de rien du tout, je ne sais plus quoi penser. Est-ce que ça veut dire qu'ils ont changé d'avis sur leur venue ? Ou est-ce que ça veut dire que je dois m'attendre à les voir devant ma porte un beau matin ? Ça me rend dingue cette histoire, j'en dors presque plus la nuit.

- Ah oui, quand même, soufflé-je ahuri.

- Ils t'ont pas reparlé à toi non plus ?

- Non. Je te l'ai dit, on ne s'appelle pas tous les quatre matins. On va dire que c'est environ... Je ne sais pas, une ou deux fois par mois mais jamais plus.

- Pourquoi il a accepté qu'on reprenne contact si c'est pour m'ignorer de la sorte quand je fais un pas en avant ?

- Et Tom, t'as essayé de lui écrire ?

- Non, je n'ai pas osé.

- Tu devrais peut-être essayer.

- Tu crois vraiment que ça vaut le coup ? Me demande-t-il pas très convaincu.

- J'en sais rien. Je parle souvent avec Bill, en fait. Tom, c'est plus occasionnel.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas, ça se fait comme ça, c'est tout. À partir du moment où j'ai de leurs nouvelles, je ne me pose pas plus de questions.

- Et... Tu ne veux pas essayer de les contacter là ?

- Maintenant ? Fais-je surpris.

- Ouais. Histoire de voir s'ils sont toujours partants pour qu'on se retrouve.

- Ben... On est en plein apéritif quand même...

- Allez, s'il te plaît, me pousse-t-il.

- Bon... Ben viens dans le bureau, on va essayer Skype. »

Je préviens en vitesse les filles qu'on s'absente un instant et m'enferme avec Georg dans le bureau. Il pousse le fauteuil au coin de la bibliothèque pour venir s'installer à côté de moi, face à l'écran. Je me connecte en quelques minutes et découvre avec plaisir que Bill est en ligne. Il est pourtant deux heures du matin à Los Angeles... Mais lui et Tom sont des oiseaux de nuit. Finalement, on est presque toujours sur les mêmes horaires tant ils sont en décalage.

When life was easyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant