When life was easy

Chapitre 17

Je sors de ma voiture. Je suis un peu fébrile. Georg qui me demande de le rejoindre d'urgence, qu'est-ce que cela peut cacher ? Je peux m'attendre à tout, autant à une grosse dispute avec Suzanne qu'à une nouvelle aberration des jumeaux. Est-ce qu'il a essayé de ravoir un contact avec eux ? Est-ce que ça a foiré ? Si je dois encore le ramasser en morceaux, je vais en avoir pour des heures.

Je frappe à la porte. Cela ouvre presque immédiatement. Georg me salue avec une accolade courte. Apparemment, ça a l'air d'aller, pas de mauvaise nouvelle en vue. Alors pourquoi cet ordre de me rendre ici ? Je veux ouvrir la bouche pour lui demander mais il me stoppe en me poussant vers le salon. Dès que je passe l'encadrement, je comprends tout.

Tom et Bill sont là, sur le canapé, en train de boire un café comme si tout allait bien. C'est quoi ce délire ? Ils sont là depuis quand, eux ? C'est un piège cette invitation de dernière minute ou c'est une volonté idiote à nous rassembler comme avant ?

Je me tourne vers Georg qui arrive et me pousse à aller m'asseoir moi aussi. J'obéis mais sans envie. Je fronce les sourcils en m'asseyant sur le fauteuil dans l'angle, mon regard planté sur eux. Ils relèvent les yeux à leur tour. On se jauge alors que Georg prend place sur un des accoudoirs. Aucun de nous n'est à l'aise. J'ai encore de travers de savoir que ces petits trous du cul ont repris la musique dans leur coin. Moi, je ne m'imagine pas faire un truc sans eux mais visiblement, c'est pas leur cas. Et ça, ça m'emmerde.

« Bon... On pourrait croire que rien n'a changé, commence Georg d'un air faussement détendu.

- C'est pas le cas, lâché-je avec dédain.

- C'est clair, affirme-t-il. Mais note, il y a du progrès, me dit-il en pointant les jumeaux. Ils sont là, on peut se parler sans filtre, tous ensemble... Je crois qu'on en a tous besoin.

- Pour savoir quoi ? Que notre groupe est explosé et ne veut plus rien dire pour certains ? J'ai pas besoin d'eux pour ça. Je crois avoir déjà bien saisi que le divorce était décidé. »

Je remarque leur tête qui sont à la fois fâchées et tristes. Drôle de mélange. Puis il y a un truc dans leur regard qui sent mauvais. Comme si tout n'était pas dit, qu'il y avait encore des secrets entre nous. Si c'est le cas, j'aimerais autant m'en débarrasser, histoire de définitivement savoir pourquoi on ne se parle plus comme avant. Et peut-être partir d'ici en claquant la porte pour de bon.

« En parlant de divorce, amorce Georg, on lâche le sujet maintenant ? »

Il lance un regard accusateur aux jumeaux qui baissent la tête. Qu'est-ce qu'ils ont fait encore ? Avec eux, je peux m'attendre à tout.

« On est là pour parler du groupe, non ? Balance Tom en relevant à peine les yeux.

- Et pourquoi le groupe a foutu le camp ? Parce que notre amitié a foutu le camp. Alors on va régler ça. On se dit tout entre amis, non ? Alors vas-y, dis-lui la bonne nouvelle. »

Je sens toute l'ironie de Georg lorsqu'il dit ça. Quelle bonne nouvelle pourrait ne pas en être une ? Qu'est-ce que Bill et Tom nous ont cachés encore ? Si c'est comme ça pour tout, s'il faut batailler pour qu'ils lâchent le moindre truc, je risque de rentrer chez moi plus tôt que prévu. Et d'effacer deux numéros de mon répertoire par la même occasion. Je n'ai pas envie de revivre la même chose qu'en 2011, ça c'est clair. Je leur ai laissé une chance, il n'y en aura pas de deuxième. Faut pas déconner, je ne veux pas être pris pour un con.

« Je me suis marié en début d'année. »

Je dévisage Tom. C'est quoi cette bombe ? C'est une mauvaise blague ? Un canular ? Lui, marié ? Et je ne suis même pas au courant ?!