Chapitre 16

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Ils sont toujours là, à deux pas de moi. Ils me regardent tous les deux comme des chiens abandonnés au bord d'une route. Ça me crève le cœur. Je leur en veux tellement d'avoir fait tout ça... Pourtant je le comprends très bien aussi et...

J'ouvre mes bras. La réaction est immédiate. Ils ont le même décrochement de mâchoire mais la même étincelle dans le regard. Moi aussi, je suis sur le point de chialer devant eux. J'écarte un peu plus les bras, ils comprennent de suite.

Bill est le premier qui s'élance vers moi. Il se jette contre moi, ses bras me ceinturent si fort que j'en reste surpris et chancelle sur place. Tom arrive une seconde après mais avec moins de vivacité... Et plus de force. Il nous serre tous les deux en même temps. J'entends leurs respirations brusques, elles ressemblent à la mienne.

« Vous m'avez manqué, les gars, lâché-je en sanglotant.

- Toi aussi, chouine Bill. Désolé... Vraiment désolé. »

Ils s'écartent en même temps... Pas jumeaux pour rien. On est dans le même état tous les trois, à vouloir pleurer mais à se retenir. C'est complètement con mais c'est comme ça, trop de fierté sans doute. On s'observe à tour de rôle. J'ai un fin sourire de voir le leur en manquant de pleurer, ça fait un drôle de mélange. Mais je ne dois pas avoir une meilleure tête.

« Je peux pas me passer de vous, petits cons. »

Ils rigolent maladroitement. On dirait qu'ils se forcent mais je pense juste qu'ils ont du mal à croire que je les empêche de partir de chez moi. Tout ça sonne très nerveux à mes oreilles.

« Ah ouais ? Je savais que j'étais indispensable. » Dit Tom d'un faux air arrogant.

Je secoue la tête. Ça, c'est le signe que tout va bien. Quand Tom fait des vannes, même pourries, c'est qu'il n'y a rien de problématique. C'est aussi son moyen de dérider les situations, de cacher ses inquiétudes. Je frappe doucement l'arrière de son crâne avec un regard réprobateur complètement factice. Il me répond en répliquant, sans aucune force, cela ressemble presque à une caresse derrière la tête. On a le même regard désabusé, tous les trois.

« Ne me faites plus ça, les gars, dis-je avec sérieux. J'ai cru devenir dingue avec toute cette histoire.

- Nous aussi, tu sais, on a failli devenir dingues plusieurs fois, m'assure Bill.

- Je sais. C'est juste que... Je savais que vous aviez une vie impossible mais de là à me tourner le dos... Non, ça, non. Vous n'aviez pas le droit.

- Désolé... Vraiment désolé. C'était un mal... Pour un bien.

- Hum, fais-je simplement peu sûr de moi.

- T'as envie de reprendre la musique ? M'interroge Tom.

- Ça dépend... Vous allez être les mêmes têtes de mule qu'en 2009 ? Les taquiné-je avec un fond de vérité.

- Non.

- On vous montrera tout, à toi et Gustav, ajoute Bill. Et on ne fera rien sans vos accords. Je te le jure. Il faut que tu comprennes qu'on... Avec Tom, on avait uniquement besoin de liberté. Maintenant qu'on l'a, on veut la conserver en retrouvant la scène. Parce qu'on aime ça et qu'on a besoin de jouer. On va seulement avoir besoin de trouver un équilibre entre les deux. On peut compter sur toi pour nous soutenir ?

- Évidemment ! Tu crois que ça m'amusait comme train de vie de courir comme ça partout ? De ne même plus savoir dans quel endroit on se trouvait ? On est grands maintenant, on peut mieux gérer tout ça et on a notre mot à dire de toute façon. On n'a plus de contrats, ni quoi que ce soit. Quand ça deviendra trop lourd, on prendra une pause. Moi aussi, j'ai besoin d'avoir un équilibre. J'ai Suzanne qui m'attend maintenant, souris-je.

When life was easyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant