L'utilité de cette immense assemblée échappait totalement à Silvester puisque, dès que l'étrange elfe leur fit signe de les suivre, ils furent conduits dans une petite cavité attenante, où un vantail de bois rond se referma derrière eux, et la foule fut laissée derrière. Pourquoi, le prince n'en avait aucune idée. Il supposa simplement qu'il y avait des choses que cet étrange être ne voulait pas partager.
Silvester s'assit sur un rondin taillé en fauteuil qu'on lui désignait, couvert d'une étrange feuille bleue, épaisse et moelleuse, telle un coussin. Affalé là, il avait l'impression de s'enfoncer profondément dans l'un des canapés de sa chambre, à Weselton. Un léger sourire lui échappa à ce souvenir.
À côté de lui, Eirik s'assit à même le sol, dédaignant le siège qu'on lui offrait de la même manière. Son ourson, aux yeux dorés étincelants, vint s'allonger dans son dos, et glissa ses pattes autour du jeune prince dans une gestuelle étrangement protectrice. Silvester fronça les sourcils, certain que, au départ, les yeux de l'ours avaient été bleu glacier. Il en aurait juré. Puisque c'était Elsa d'Arendelle qui avait créé cet ourson, et tout ce qu'elle faisait avec sa magie était invariablement bleu ou blanc.
La pensée de la blonde ramena avec elle une vague d'inquiétude. Silvester rangea la question dans un coin, avec les plus importantes : où étaient-ils, pourquoi n'étaient-ils que deux, où étaient les autres, qu'est-ce que c'était que cet endroit, comment rentrer et retrouver le reste de leur équipage. Une jolie liste, donc. Mais il espérait que cet étrange elfe pourrait répondre à la grande majorité d'entre elles.
Lorsque les étranges yeux bleu et vert se fichèrent dans les siens, le prince de Weselton eut l'impression qu'ils voyaient sans difficulté jusqu'au plus profond de son âme. Il aurait aimé se soustraire à cet examen muet. Il aurait voulu détourner la tête, mais il y était comme paralysé. À côté de lui, Eirik, muet, observait tout ce qui se passait avec attention.
Immobile, incapable de bouger, Silvester dut attendre que ces étranges yeux cerclés d'indigo cessent de le sonder. Ce qui prit peut-être une poignée de secondes ou une dizaine de minutes, il n'aurait su le dire. Au bout du compte, le regard le relâcha, fila sur le côté, pour faire subir la même analyse au jeune prince d'Arendelle, qui ne bougea pas, même s'il sembla redresser légèrement les épaules. À côté, comme si l'ourson ressentait quelque chose, il riva son regard d'or liquide sur l'elfe, mais ne remua pas non plus. Silvester faillit pousser un soupir. Ces êtres magiques, décidément...
Le discret rappel de la magie le ramena immédiatement à la substance qui coulait dans ses veines. L'Æther, autrement dit l'une de ces étranges Pierres d'Infinité qu'ils étaient censés trouver. À part que cette pierre-ci, pour une raison obscure, était liquide. Une pierre liquide. Rien que la simple idée lui liquéfiait un peu plus le cerveau.
— Vous êtes troublés, souffla l'elfe après avoir fini son examen. Tous les deux. Je vais essayer de vous faciliter les choses. Je suis Alvär, un hybride entre les elfes noirs et les elfes de lumière. Vous êtes sur Ljösalfheim, le monde des elfes de lumière.
— Qu'est-ce qu'on fiche là ? Et où est ma sœur ?
C'était Eirik qui venait de parler. Et, apparemment, les bonnes manières qu'il avait manifestées jusque là étaient oubliées. Silvester voulut l'apaiser, mais le jeune garçon arborait cet air résolu, focalisé, qui l'empêchait de regarder autour de lui et d'écouter une possible voix de la raison. Il était trop préoccupé par sa sœur pour faire attention au reste. Du reste, l'ourson enroulé autour de lui, protecteur, empêchait toute approche physique, sympathique ou non.
Mais l'elfe ne sembla pas s'offusquer d'une telle entrée en la matière. Ses sourcils se redressèrent légèrement, adoucissant ses traits, et il répondit :
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Les Ténèbres dans nos Cœurs / Partie 3 : Until I find my way to you
FanfictionIls ont été téléportés, éparpillés aux quatre coins des neuf mondes. Ils ne savent pas où ils sont, ne savent pas ce qu'ils doivent faire. Ils pressentent seulement que les choses s'accélèrent violemment. Qu'ils n'ont plus le temps de s'arrêter. Qu'...