20 - Ljösalfheim

74 10 8
                                    

Eirik avait perdu espoir. Cela faisait trois jours que Silvester était parti, et il ne parvenait toujours pas à rétablir le contact avec sa mère. Pourtant, juste avant leur départ, Alvär lui avait clairement expliqué comment faire. Mais rien à faire, personne ne répondait. Et Eirik avait beau orienter ses réflexions vers sa mère, il n'arrivait pas à obtenir ne serait-ce qu'un écho de sa voix. Idem pour Evvie, idem même pour Loki. Personne n'était joignable.

Las, épuisé et frustré par une multitude de tentatives qui n'aboutissaient pas, il se contentait de se reposer, appuyé contre son ourson, lorsque la voix retentit soudain dans sa tête.

— Eirik ?

Il se redressa comme un ressort, n'osant y croire.

— Maman ?

La douce chaleur dans sa poitrine, et la vague d'amour qu'il ressentit à l'instant où il pensa le mot, le convainquirent immédiatement que c'était bien elle.

— Je suis là. Comment vas-tu ? s'enquit-elle immédiatement.

— Mieux, maintenant, répondit instinctivement l'enfant. Je suis sur Ljösalfheim, apparemment... et toi, où es-tu ? Evvie est avec toi ?

Sa mère hésita, comme si elle n'osait pas lui dire la vérité. Mais, très vite, les mots résonnèrent, terribles, et pourtant étrangement rassurants.

— Muspelheim. Et non, Evvie n'est pas avec moi, mais elle est en sécurité avec une... connaissance, on va dire...

Le soulagement déferla dans le corps d'Eirik comme une vague de douce chaleur, lui permettant enfin de décrisper ses muscles noués par des dizaines d'heures d'angoisse. Il poussa un long soupir, se laissa retomber contre le ventre du pachyderme de glace qui veillait sur lui.

— Loki est avec toi ? demanda-t-il après un instant de silence mental.

Il lui sembla entendre le discret soupir, légèrement agacé, de sa mère, mais son ton était paisible lorsqu'elle répondit :

— Non. Mais il est censé avoir une pierre comme la tienne, donc je devrais pouvoir le contacter sans mal.

Eirik fronça un sourcil, perturbé.

— Une pierre ?

— Oui, une petite gemme dorée.

— Je n'en ai pas. Mais...

Il hésita. Et, soudain, la lumière se fit dans son esprit. Il tourna la tête, observa un instant les yeux de miel liquide de son ours, et sourit :

— Mais l'ourson que tu as créé a les yeux dorés, maintenant. Donc je suppose que...

Il n'acheva pas. Mais ils avaient tous les deux compris. Pour une raison ou pour une autre, la pierre avait fusionné avec l'animal. Ce qui, songea l'enfant avec un sourire, lui éviterait de la perdre.

— Donc avec cette pierre, je peux te contacter ? embraya-t-il.

— C'est ça, répondit Elsa. Tu es en sécurité, j'espère ? Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

Instinctivement, sans même savoir comment il le faisait, il projeta ses souvenirs le long du lien mental qui l'unissait temporairement à sa mère. Depuis son premier réveil, au milieu de la forêt, en passant par son arrivée à l'arbre-maison des elfes et à la crise de Silvester, jusqu'à ses épuisantes tentatives de contact qui avaient toutes échoué.

En retour, sa mère lui envoya une puissante vague de tendresse, rassurante, qui enveloppa l'esprit de l'enfant et lui permit de totalement se calmer. Il poussa un soupir d'aise, sourire aux lèvres, et ferma les yeux en continuant de lui envoyer d'autres souvenirs, plus anciens, regrettant qu'il n'ait pas les moyens de le faire plus tôt.

Les Ténèbres dans nos Cœurs / Partie 3 : Until I find my way to youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant