Möker avait déplacé Evvie dans la caverne. Elle la veillait comme elle aurait veillé sa fille si elle avait pu en avoir une. Et, en même temps qu'elle gardait un œil sur le corps inerte, elle cherchait de toutes ses forces une solution pour sortir la princesse de cette situation.
Le pire était probablement de ne pas pouvoir établir le contact avec Evvie. Möker avait toujours été habituée à ce que rien ne soit au-delà de sa portée, même les choses les plus difficiles. Même les voyages temporels, même les déplacement entre les univers. Elle savait tout faire. Sauf entrer en contact avec un esprit perdu dans le Néant. Et c'était frustrant, si frustrant...
Elle avait congédié Imaven, temporairement, du moins. Il était inutile qu'il perde son énergie à rester près d'elle alors qu'il ne pouvait rien faire.
Si seulement elle avait remarqué cette faille dans la barrière de Svartalheim, rien de tout cela ne serait arrivé. Mais, ces dernières années, elle avait été négligente, plongée dans une léthargie profonde, dont rien ne parvenait à la distraire. Sauf l'arrivée d'Evvie.
Möker se prenait aussi à penser à la mère de la jeune fille. Elsa d'Arendelle, cette mortelle qui, probablement sans le savoir, avait donné naissance à une immortelle. Maintenant, au moins, elle était certaine de la nature d'Evvie. Aucun esprit purement humain n'aurait survécu deux secondes dans le néant absolu. Elle, même après des heures, elle était encore là. Physiquement, du moins. Son corps n'avait pas été réduit en poussière, il respirait toujours. Elle n'avait pas disparu. Elle était juste... perdue.
Elsa pensait-elle à sa fille ? Savait-elle combien la gamine avait souffert de son absence ?
Möker savait tout du passé de la petite princesse. Sa relation fusionnelle avec son frère, sa mère manquante, perdue dans sa propre douleur, sa tante, attentionnée, mais incapable de comprendre la peine des jumeaux. Elle aurait voulu pouvoir en vouloir à Elsa d'Arendelle, cette mère qui avait mis trop longtemps à se rendre compte combien ses enfants avaient besoin d'elle. Mais, étrangement, elle s'en sentait incapable. Sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi, elle ne pouvait pas réellement la blâmer.
Enfermée depuis trop longtemps dans une veille méditative, plongée dans ses pensées, Möker ne faisait pas attention au temps qui passait. Elle regardait les jours défiler sans bouger d'un cil. Une journée, c'était à peine un battement de cœur pour elle. Elle ne s'en préoccupait pas. Elle voyait les choses sur le long terme. Et, pour le moment, l'avenir paraissait bien sombre.
— Möker ?
La voix vint la distraire de ses sombres pensées. Elle ouvrit les yeux, cherchant la provenance. Une nouvelle source d'énergie pulsait maintenant dans la caverne, une qu'elle n'avait pas ressentie jusque là. Elle fronça les sourcils, déplia ses jambes, se redressa, et se pencha vers la princesse inconsciente, parcourut ses poches, jusqu'à tomber sur une petite gemme couleur or, qu'elle reconnut immédiatement. Elle l'attrapa, se rassit là où elle était, près de la tête de la gamine allongée par terre, la pierre couleur ambre entre ses doigts crochus, hésita, finit par la poser sur la poitrine de la petite fille.
— Engill, souffla-t-elle à voix basse.
La communication mentale s'établit, malgré la distance, malgré la brèche temporelle. Möker ne savait pas vraiment comment. Et elle s'en moquait, au fond. Ce qu'elle ne savait pas, Engill le savait. C'était ainsi qu'ils fonctionnaient. Contraires, complémentaires.
— Evvie est bien arrivée ? Comment se passe l'entraînement ?
— C'est drôle que tu poses la question... Son âme est perdue dans le Néant.
VOUS LISEZ
Les Ténèbres dans nos Cœurs / Partie 3 : Until I find my way to you
FanficIls ont été téléportés, éparpillés aux quatre coins des neuf mondes. Ils ne savent pas où ils sont, ne savent pas ce qu'ils doivent faire. Ils pressentent seulement que les choses s'accélèrent violemment. Qu'ils n'ont plus le temps de s'arrêter. Qu'...