Prologue

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Noir absolu. Elle ne voyait rien, ne sentait rien, à part une chaleur étouffante. Une douleur sourde, à la base du crâne, la lancinait, l'empêchait d'ouvrir les yeux sans avoir mal. Pourtant, elle aurait aimé le faire. Aimé savoir ce qui venait de se passer. Mais elle était obligée de rester là, allongée, sonnée par la douleur. Elle se mordit les lèvres.

— Qu'est-ce que... ?

— Je crois que nous avons été téléportées.

— Comment ça ?

— Déplacées à un autre point de l'univers.

— Je devine ce que ce c'est qu'une téléportation, merci. Mais comment est-ce possible ?

— Aucune idée. Tu peux voir où on est ? Une idée de notre environnement actuel ?

Elle prit une profonde inspiration, puis ouvrit brusquement les yeux. La souffrance lui vrilla la nuque, mais elle se maîtrisa, et s'obligea à observer. Elle ne voyait toujours rien. Mais elle percevait déjà un peu mieux la touffeur moite sur sa peau, devinait de la vapeur d'eau devant ses yeux.

Puis, un geyser orangé jaillit brusquement à moins de quinze mètres devant elle. La lave illumina un bref instant une cave sombre, dont le sol était troué par endroits.

Son armure la couvrit juste à temps pour la protéger des éclats de roche en fusion qui l'aspergèrent quand le geyser se tarit, émit un grognement de douleur. La jeune reine sentit la chaleur sur sa peau, atténuée par le métal. Et le gémissement de Sylvi.

— Muspellheim.

§.§.§.§.§.§

Son front lui faisait étrangement mal. Il grogna, écarta péniblement les paupières. Dans son champ de vision, du gris. Du gris partout, monochromatique, uniforme. Son cou lui faisait mal. Il avait l'impression de sortir d'un combat avec le Hulk. Ce qui arrivait encore de temps à autre, certes, mais... il n'y avait pas eu de combat récemment. Du moins pas qu'il s'en souvienne.

Brièvement, l'idée que le Hulk l'ait frappé assez fort pour lui faire oublier un combat l'effleura, le fit sourire. Puis, il la repoussa, alors que quelques souvenirs revenaient. Il se rappelait de la quête, de la navette. Il se redressa, découvrit une grande cité devant lui. La ville lui paraissait étrangement connue. Il mit un moment à retrouver le nom. Pourtant, il était venu souvent.

New York.

Il était dans son vaisseau. Et il n'y avait personne à côté de lui. Il s'étira, avec l'impression d'émerger d'un long somme. En étendant la main, il ouvrit le poing, et une petite bille dorée roula. Il se pencha pour la ramasser, se cogna le front contre l'accoudoir de son fauteuil. Dans son état encore léthargique, le choc fit danser de petites étoiles devant ses paupières fermées.

Bon, point positif, il savait où il était.

Point négatif, il ne savait pas où les autres étaient.

§.§.§.§.§.§

Il cilla, stupéfait. Il peinait à en croire ses yeux. Pourtant, il savait qu'il n'était pas fou. Enfin, pas autant que les gens aimaient le croire. Il se doutait bien que s'il sentait la fraîcheur de l'air sur sa peau, entendait le vent dans les branches et les oiseaux qui gazouillaient, c'était parce qu'il n'était plus dans le vaisseau spatial. Mais comment avait-il été téléporté, cela demeurait un mystère.

En tournant la tête sur le côté, il avisa à côté de lui un pendentif doré. Curieux, il fronça les sourcils, se baissa pour le ramasser. Au contact de sa peau, la pierre se mit à scintiller, puis redevint terne tout aussi brusquement qu'elle avait brillé. Il cilla, pivota sur ses talons, décidant de ne pas s'attarder sur les mystères qu'il ne pouvait pour l'instant pas résoudre.

Il se rappelait nettement avoir été dans le vaisseau. Puis, noir absolu, et il s'était réveillé ici, sur le bas-côté d'une petite route pavée. Il regarda des deux côtés, hésitant. De toute façon, il ne pouvait pas rester sans rien faire. Et, il n'y avait rien autour de lui qui pouvait lui prédire un retour proche dans la navette. Aussi se mit-il très vite en route, au hasard, avec une seule question en tête.

Par Odin, où est Elsa ?

§.§.§.§.§.§

Ce fut l'oiseau qui le tira de son évanouissement. Il se redressa avec un cri de douleur, le dos de la main traversé par une aiguille de souffrance pure. L'oiseau, effarouché, arracha son bec long et fin de la chair qu'il venait d'essayer de transpercer, et s'envola en piaillant. Le silence se fit dans la clairière.

Il se frotta la main en grimaçant, se redressa en position assise. Tout son dos était trempé par la rosée, qui constellait l'herbe dans laquelle il avait été allongé. Il frissonna lorsqu'un vent glacial se faufila entre les branches des arbres. À côté de lui, un gamin blond se relevait lentement, encore sonné après son inconscience.

— Où sommes nous ?

— Je ne sais pas...

Au même moment, les fourrés s'écartèrent, et des formes humanoïdes, bien plus hautes qu'eux, en émergèrent lentement.

§.§.§.§.§.§

Elle tremblait, terrifiée. Tout autour d'elle, rien ni personne. Enfin, personne de vivant. Les fantômes étaient tellement nombreux qu'elle s'étonnait qu'ils ne se rentrent pas dedans. Si c'était possible. C'était comme si une population entière avait été décimée à cet endroit précis. Les spectres gémissaient presque tous, figés dans l'époque où ils avaient été tués, incapables de savoir que des années s'étaient probablement écoulées depuis. Personne ne faisait attention à elle.

Allongée à même le sol terreux, elle se roula en boule, douloureusement consciente de l'absence de la pulsation familière du corps de son frère. Les larmes coulèrent, sans qu'elle ne puisse les retenir.

Elle était seule.

Sa plus grande peur, son pire cauchemar.

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Je suppose que vous aurez reconnu qui est qui... ^-^

Les Ténèbres dans nos Cœurs / Partie 3 : Until I find my way to youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant