Quatrième

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Un fin rayon de soleil caresse mon visage. Mes yeux s'ouvrent, me revoilà dans ce monde noir.

L'insomnie de cette nuit ne m'a pas fait de cadeau. Durant ces heures tardives, j'ai eu le temps d'apprendre, les décimales de pi, que l'on ne peut pas ne pas réfléchir, qu'on ne peut pas compter combien nous possédons de cheveux et d'autres choses.

Le soleil me brûle les yeux en ouvrant les volets. La température de l'été baigne mon visage. J'aime pas l'été, tout le monde devient naïf du fait que la vie devient parfaite mais ils oublient que la noirceur de l'hiver va les rattraper.

Le satin noir de ma robe de chambre me parcours la peau. Je jette un coup d'œil dans mon miroir avec mélancolie. Il ne reviendra pas, mon visage coloré ne reviendra pas, mes yeux rieurs ne reviendront pas, le bonheur ne reviendra pas. Il ne me reste qu'un teint pâle, des yeux vides et des cernes en guise de reliefs.

Le bois des escaliers me provoque un picotement à mes plantes de pied. Mais le carrelage froid apaise cette sensation.

Personne n'est là. Ça ne me change pas, on peut être entouré mais se sentir toujours aussi seul.

La fenêtre de la cuisine me laisse apercevoir dans le jardin au loin un fine silhouette. Celle de ma grand mère qui étend sur un fil menu le linge.

Et voit mon grand père agenouillé sûrement en train de planter des légumes comme si sa vie en dépendait.

Je me fait à manger pour ne pas encore une fois tomber par un taux de glycémie trop bas. Hors de question que l'on me fasse encore la morale par rapport à ma  santé physique.

Grand mère rentre dans la cuisine telle un halo de lumière. Ses yeux s'illuminent en voyant ma présence.

-À tiens, tu as bien dormi ?

-Comme un Jeudi.

-On est Vendredi, dit-elle dans un rire.

-Justement.

Son sourire s'effaça.

-Euh Cameron...

-Oui ?

-Tu peux aller chercher les courses au marché ?

Je n'ai vraiment pas envie de voir des gens mais bon on m'a demandé de sortir alors au moins on ne pourra pas me le reprocher. J'aurais qu'à me fondre dans la masse comme à mon habitude.

Je vois ma grand mère me supplier du regard.

-D'accord.

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