Fled - YoonGi

eIGHTEEN

Tu le retrouves plus loin, à l'abri des regards, dans l'ombre des murs, dos à toi. Tu t'armes de courage qui semble te délaisser souvent ces derniers temps. Tu souffles faiblement, peu sure des mots qui traverseront tes lèvres.

« YoonGi. »

Il ne bouge pas. Du moins, pas de suite. C'est quelques secondes plus tard que tu perçois un faible déplacement. Un simple haussement. Tu hésites à te déplacer, te rapprocher de lui. Tu ressens encore une certaine peur quand tu dois lui faire face et parler de vous. Il ne réagit jamais de la même manière, il t'est impossible de savoir comment le gérer.

Son corps finit par pivoter vers toi. De profil, il t'observe d'un œil, attendant ce que tu as à dire.

Tu oses un pas dans sa direction, doucement et avec prudence. Tu ne souhaites rien brusquer, et ça te permet de retarder ta prise de parole.

« J'aimerai qu'on parle de ce qui s'est passé, souffles-tu doucement, le regard fuyant. »

Avoir le tranchant de ses yeux t'analyser ne t'aide pas à garder ton calme. Ses manies, ont la mauvaise habitude de te déstabiliser à chaque fois. Ou peut-être que c'est simplement toi qui n'arrives toujours pas à t'y faire.

« S'il te plaît YoonGi. »

Ta voix se veut plus pressante pour qu'il réagisse.

« Tu es enfin prête à nous écouter maintenant que tu t'es calmée ? somme ton compagnon avec un arrière-gout de reproche. »

Ce qui à le don de réveiller un picotement de colère en toi.

« Ne commence pas s'il te plait, interviens-tu la mâchoire crispé. Tu connais très bien la raison de mon attitude, et tu devrais savoir que je n'ai pas fait le choix de sa présence. »

Il reste de fixer plusieurs secondes qui paraissent tellement longue qu'elles te semblent être des minutes. Son air est si nonchalant que cela te blesse. Un peu plus de compréhension de sa part t'aurais fait le plus grand bien.

« Et tu veux que je te dise quoi ? questionne-t-il comme si tu avais la réponse. »

Il vient s'adosser négligemment contre une parcelle de mur encore debout. Ses mains dans les poches de sa veste kaki, la tête inclinée vers le sol, tu ressens la lassitude qui l'habite.

« Tu veux que je m'excuse, continu-t-il en rompant le silence. Mais je t'avais demandé de rester dans la voiture pour éviter ce genre d'incident, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même sur le coup. »

Ses mots sont aussi foudroyants et lacérant que les éclairs qui se déchaîne un soir de tempête. Et tu as l'impression d'entendre leur résonnance dans ta tête. Il a raison, et la vérité est toujours dure à admettre quand on est en tort.

« Tu peux t'estimer heureuse que Jimin t'ai retrouvé et ramené sans trop de souci jusqu'au véhicule. Tu ne te rends pas compte de la merde dans laquelle on aurait pu être ! Sa voix s'élève un peu plus à chaque mot. »

Comme si la colère, interné depuis longtemps commençait lentement sont invasion brutale et douloureuse.

« Tais-toi ! crie-tu sans t'en rendre compte, il a dépassé les limites. Tu t'écoutes parler ?! La faute ne me revient pas entièrement, siffles-tu énervé. Ça fait plus de trois ans qu'on se côtoie, tu es au courant de quasiment tout me concernant, assume ta part de responsabilité maintenant. »

Tu sens les larmes bruler ta rétine et tu essayes de les contenir avec peine.

Pas un mot ne fend la tension suite à votre discussion. Tu attends un geste de sa part, dans l'espoir de pardonner ses paroles blessantes.

Mais ses yeux finissent par fuir ton corps et partent rencontrer les rayons de la station-service. Un pincement au cœur, tu t'en vas retourner dans le véhicule. Finalement cette sortie hors de l'habitacle sécurisé aurait mieux fait de ne pas avoir lieu.

« Excuse moi. »

Ce n'est qu'un murmure, comme celui de la légère brise du vent qui vient effleurer le corps avec délicatesse. Tes mouvements se stoppent, glacés par ces deux mots.

Tu sens un poids se plaqué contre ton dos qui vient t'entourer avec fragilité. Tu te figes, le cœur battant à tout rompre.

« Tu sais très bien que je m'inquiète pour toi. »