3.4 : OONA

50 9 10
                                    

Le soleil tapait fort, et malgré le vent, les colons avaient chaud

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Le soleil tapait fort, et malgré le vent, les colons avaient chaud.

— On est bientôt arrivés ? grogna Ludmila derrière Oona.

Chihiro, en tête de file du petit groupe, se retourna en lui lançant un regard noir. Les animateurs s'étaient mis en quatre pour proposer aux vacanciers une randonnée autour du grand lac, dans laquelle ils devaient profiter pour visiter d'anciennes ruines de villages sorciers.

— Tu veux pas arrêter de te plaindre ? rétorqua Toussaint.

— Et toi, tu veux pas t'occuper de tes prunes dirigeables et me laisser un peu tranquille ?!

— Eh, pas la peine de parler comme ça ! pesta la japonaise.

— Je parle comme je veux, ma famille est la plus influente de Russie !

L'irlandaise leva les yeux au ciel et se dit que cela n'avait strictement aucun rapport.

— Et si on chantait, proposa-t-elle. On verra moins le temps passer !

— On va pas chanter, c'est ringard...

— Par Freyja, tu vas te taire un peu, Lud ?! protesta Rasmus. Tu pourrais pas arrêter de gâcher chaque moment qu'on passe tous ensemble ?

— Je connais une comptine moldue française, proposa Toussaint. C'est : "un kilomètre à pied, ça use, ça use... un kilomètre à pied, ça use les souliers !".

— J'ai rien compris mais l'air est marrant, pouffa Ejiro.

— Pff, naze.

Oona se désintéressa de la conversation et des jérémiades de la blonde pour observer le paysage autour d'elle. Elle ralentit, et laissa passer les autres, pour se retrouver en arrière, au même niveau que Nahuel. L'amérindien rythmait la randonnée avec les petits "clic" de son appareil photo. Tout y passait : la forêt à leur droite, le lac un peu en contrebas à gauche, et même la petite troupe se retrouvait parfois sur les clichés.

— C'est super beau, lança-t-il à la rouquine. Quand je vais montrer ça à mes frères et sœurs, ils ne vont pas y croire.

— Tu m'étonnes ! Tu as beaucoup de frères et soeurs ?

— Assez, oui ! Il y a Calfuray, l'aînée, Rayen et Sayen, les deux jumelles, moi, et mon petit frère Aucaman.

— Originaux, comme noms !

— C'est à dire que ma famille est originaire d'une tribu d'indiens Mapuches. Ce sont tous des noms spécifiques de la langue de ce peuple.

Oona allait lui demander s'il maîtrisait cette langue, mais à ce moment, Chihiro lança haut et fort :

— Regardez, le village est juste là !

Le groupe se mit soudain à accélérer, chacun ayant hâte d'arriver au village en ruine, car qui disait village, disait pique-nique. Et il fallait avouer qu'ils avaient tous faim, après cette première demi-journée passée sur le petit chemin longeant le lac.

Certains autres groupes de colons étaient déjà arrivés, et s'étaient assis dans la terre, rougeâtre, à cet endroit.

— Si on s'installait là ? proposa l'africaine en désignant quelques rochers surplombant le lac.

Cela parut être une bonne idée, aussi les huit jeunes commencèrent à investir les rochers. Nahuel fut le premier à sortir son déjeuner de son sac, suivi par les autres. Oona saliva en extirpant son sandwich au thon, avant de croquer dedans avec voracité.

— C'est vraiment dommage que Cézar ne soit pas avec nous, regretta Ejiro. S'il savait ce qu'il manque !

Certains membres de l'équipe d'entretien avaient pu se libérer pour participer à la randonnée, mais le brésilien n'en faisait pas partie. Chargé des espaces extérieurs, il avait beaucoup plus de travail que ceux qui s'occupaient de la vaisselle — pour qui le pique-nique du jour était bien pratique.

— T'inquiète pas, Eji', je prend plein de photos, on pourra lui montrer, la rassura Nahuel.

L'africaine sourit.

— Vous voulez connaître l'histoire de ces ruines, alors ? proposa Chihiro.

— Oh, ouais !

La japonaise se tourna pour faire face à tout le monde, puis prit un visage énigmatique pour raconter son histoire :

— Autrefois, vivaient dans ce même village une petite tribu de sorciers. La particularité de ses membres était qu'ils étaient extrêmement doués pour toutes les disciplines artistiques, comme la sculpture mouvante ou le dessin animé. Ils vivaient reclus du reste de la population de l'époque, car ils étaient les seuls à posséder des dons en sorcellerie. Mais un jour, la tribu voisine eut vent de cette faculté spéciale que possédaient ce peuple. Comme vous vous en doutez, il voulurent en profiter, mais les habitants du village, effrayés par ces gens qu'ils ne connaissaient pas et dont ils avaient peur, les repoussèrent. Furieux, les guerriers de l'autre tribu revinrent une nuit et mirent le feu au village. Pris au piège par les flammes de tous les côtés et affaiblis, les habitants n'eurent pas le choix et usèrent de métamorphose pour se changer en oiseaux et s'envoler dans le ciel. Toujours sous cette même forme, ils s'enfuirent loin de la Terre de Feu, pour trouver refuge dans la plaine de Nazca, au sud du Pérou.

— Je crois que je connais la suite, s'exclama Nahuel. On l'a étudié l'année dernière en cours de Mythes et Civilisations des Amériques !

— Oh, tu veux raconter ? proposa l'asiatique.

— Volontiers ! Comme l'a dit Chihiro, le peuple s'est retrouvé dans la plaine de Nazca. Mais en regagnant le sol, ils s'aperçurent avec horreur qu'ils étaient incapables de se métamorphoser à l'inverse : ils avaient passé tant de temps dans leurs corps d'oiseaux qu'ils y étaient coincés pour le restant de leurs jours. Mais si leur magie ne pouvait pas les faire retrouver forme humaine, leurs pattes d'échassiers et leurs très longs becs leur permit de continuer d'exercer leur art. Ils furent alors les dessinateurs de figures gigantesques tracées dans le sable du désert, tradition qu'ils perpétuèrent le long des générations et qui leur valut leurs noms de "nazcalitos". Ce sont ces grands dessins qui intriguent les non-majs depuis des années, car ils se demandent comment ils ont pu être tracés, si ce n'est par des technologies extraterrestres. Seuls nous, sorciers, savons de quoi il s'agit vraiment !

Oona sourit, parce qu'elle avait un cousin, dans la partie moldue de sa famille, qui croyait dur comme fer à l'existence des extraterrestres, et qui soutenait à chaque Noël leur existence pour expliquer tous les grands mystères comme ceux de Nazca. La prochaine fois qu'il en parlerait, elle songea qu'elle pourrait le démentir.

Soudain, Ludmila et Rasmus poussèrent un cri. Le reste du groupe se tourna dans la direction de leur regard, et découvrirent une forme serpentueuse de dimensions colossales qui sortait lentement de l'eau du lac et venait glisser sur le rivage. Sa peau était couverte d'écailles vert émeraude, et il était en train de faire battre deux grandes ailes aux plumes argentées. A sa vue, Nahuel se précipita vers la rive, armé de son appareil photo, et l'on l'entendit prendre plusieurs clichés. Lorsqu'ils retourna vers eux, il s'écria :

— Vous vous rendez compte ?! Je rêvais de voir un Quetzalcóatl !

[Plus qu'un point de vue avant le milieu de l'histoire... Saurez vous deviner quel est le prochain personnage que l'on suivra ?]

Magiciens du Monde | fanfiction HPOù les histoires vivent. Découvrez maintenant