La MdM, (alias Magiciens du Monde) est heureuse de vous accueillir pour une nouvelle année dans sa colonie de sorciers. Pour l'édition 1996, elle se situera en Terre de Feu, à l'extrême sud du Chili, et sera comme toujours ouverte à des sorciers de...
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— Je hais la neige !
— Un comble, pour quelqu'un qui vient de Russie, ricana Toussaint.
— J'ai jamais demandé à habiter en Russie, je te signale !
— Bon, finalement, tu viens ou pas ? fit Chihiro d'un ton sec.
La quasi-totalité des membres de la bande avaient enfilé leurs manteaux, prêts à affronter le vent glacial et la neige qui entre dans les chaussures. Les animateurs de la colonie venaient d'organiser un concours de construction de bonhomme de neige ensorcelés, une activité qui semblait enchanter tout le groupe. Seule Oona, qui avait quand même vécu un sacré choc suite à son match de Quidditch, avait décidé de rester au lit. Enfin, Ludmila était encore en pull, n'ayant pas décidé si elle voulait rejoindre les autres. Elle ne savait toujours pas comment se comporter avec eux, surtout depuis qu'elle n'avait plus le soutien de son meilleur ami, qui refusait toujours de lui adresser la parole. Il avait beau l'avoir aidée pendant sa gueule de bois — et elle lui en était reconnaissante — il semblait ne pas être revenu sur sa décision de l'ignorer.
— Je reste ici, décréta enfin la blonde.
— C'est pas trop tôt, railla Toussaint.
Ludmila lui adressa un regard noir. Elle avait l'impression que peu importait les efforts qu'elle essayait de faire, avec le français. Il l'avait détestée dès leur première rencontre et cela ne changerait pas. Tant mieux. Elle ne l'aimait pas non plus. Et leur inimitié lui permettait au moins d'avoir un adversaire réel pendant les matchs de Quidditch.
Les jeunes sorciers ne firent pas répéter à Ludmila sa réponse une seconde fois. Ils tournèrent le dos à la russe et s'engouffrèrent dans le froid, hors du bungalow.
Ludmila souffla. Elle était enfin tranquille. Elle allait pouvoir reprendre la lecture de son passionnant thriller sans personne pour l'embêter. Mais c'était sans compter sur l'irlandaise. Une fois la blonde emmitouflée dans ses couvertures, assise contre le dossier de son lit, son livre à la main, elle entendit les pas d'Oona sur la mezzanine. Quelques secondes plus tard, en levant la tête, elle aperçut les deux pieds de la jeune fille entamer la descente de l'échelle.
— Euh, Ludmila ?
— Quoi ? grogna l'intéressée.
— Tu pourrais m'aider à descendre ?
Depuis sa chute dans le petit lac à la fin du match, la rouquine avait mal au bras — celui qui s'était réceptionné à plat sur la surface de l'eau. La russe leva les yeux au ciel. Elle croyait enfin pouvoir lire son livre au calme, et voilà que quelqu'un d'autre se mettait à la déranger.
— Tu pouvais pas me le dire avant ?! pesta-t-elle, en se levant néanmoins pour soutenir Oona.
— Désolée, mais je voudrais me faire une tisane.
— Et tu pouvais pas dire "Ludmila, peux-tu s'il te plaît, aller mettre de l'eau à chauffer pour une tisane", plutôt que de descendre ?
— Je t'aurais fait te lever dans tous les cas, répliqua l'irlandaise.
La russe ne sut pas quoi répliquer. Bizarrement, depuis le début du séjour, Oona était la seule qui était capable de lui tenir tête en la laissant à court de répartie.
Une fois que la rousse eut descendu l'échelle, elle se dirigea vers la salle principale, et Ludmila retourna à sa lecture, tout en entendant distraitement le bruit de la bouilloire que sa colocataire venait de mettre sur le feu. Son livre l'absorba. Pendant un court instant, puisqu'elle entendit soudain une exclamation venant de la pièce d'à côté.
— Oh, j'y crois pas !
— Tu m'empêches de me concentrer ! râla Ludmila.
— Oups, désolée, fit Oona sur un ton qui laissait entendre le contraire.
La blonde pesta dans sa barbe.
— J'ai trouvé quelque chose de génial, continua l'irlandaise.
— Extasie-toi en silence et fous moi la paix, alors !
— Non mais franchement, tu devrais venir voir !
Oona prononçait ces mots sur un ton presque malicieux, ce qui fit comprendre à Ludmila qu'elle ne faisait que se moquer d'elle et l'exaspérer encore plus.
— Dis, le Cognard ne t'as pas frappé assez fort ? Est-ce que tu comprends ce que ça veut dire, "fous moi la paix" ?
— Oh, ça va, pas la peine de faire la rabat-joie, je pensais juste que ce que je viens de trouver pouvait t'intéresser...
La russe renversa la tête en arrière d'exaspération, ce qui lui valut de se cogner au montant en bois du lit. Oona n'arrêterait pas de parler tant qu'elle ne se serait pas extirpée de ses couvertures ? Soit, elle allait se déplacer pour lui faire plaisir, et ensuite elle retournerait lire son fichu thriller !
Elle quitta son lit pour la deuxième fois de trop en quelques minutes, et rejoignit l'irlandaise dans le séjour. Oona, couverte de dix couches de pulls — étant donné qu'elle était tombée dans un lac a l'eau glaciale en plein hiver, elle avait récolté un rhume — était accroupie aux pieds du vieux meuble en bois appuyé contre le mur qui séparait la porte d'entrée de celle de la salle de bain.
— Qu'est ce que tu fais ? questionna la blonde d'un ton agacé.
Où était la découverte fantastique que venait de faire Oona ?
— Une minute, je cherche ! répondit l'autre, la tête plongée dans le compartiment du bas du meuble.
Elle se releva peu après, une pile de vinyles dans les mains. Ludmila remarqua alors le tourne-disques posé sur le dessus du meuble. Comment ne l'avait-elle pas remarqué avant ?
— C'est ça, ta trouvaille ?
— Quoi, c'est tout ce que ça te fait ? protesta Oona. Mais c'est génial, on va pouvoir mettre de la musique tout le temps ! En plus y'a plein de groupes géniaux ! Les Bizarr' Sisters ! Les Hiboux Swingueurs ! Et y'a même des albums moldus !
Ludmila eut une grimace de dédain.
— Tu crois vraiment que j'écoute de la musique "moldue", comme tu dis ?
Oona leva les yeux au ciel.
— Ça ne m'étonne pas. Mais on va y remédier, riposta-t-elle en sortant un vinyle de sa pochette.
Sur cette dernière, était inscrit Sting. La russe fronça les sourcils. Mais aussitôt que l'irlandaise eut déposé le disque sur le support et positionné l'aiguille, la musique retentit dans la pièce.
— Le chanteur préféré de mon père, lâcha Oona. Tu m'en diras des nouvelles.