CHAPITRE 1

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"Et puis, il y a ceux que l'on croise, que l'on connait à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute, une demi-heure et changent le cours de votre vie",

Victor Hugo

* * *

Ma fille représente tout pour moi. Sans elle, je ne sais pas ce que je ferais. Et depuis que sa mère est partie sans prévenir, du jour au lendemain, j'essaie de remonter la pente. Elle était une de mes raisons de vivre, mais par pur égoïsme, voulant profiter de sa jeunesse, elle est partie. Je n'ai jamais su où, et ça m'a détruit. Et puis, comment avouer à une enfant de quelques mois que sa mère ne sera jamais là pour elle ? A cet âge-là, ils ne comprennent pas un mot de ce qu'on leur dit, mais maintenant qu'elle en a quatre, ça devient de plus en plus dur de lui expliquer correctement qu'elle ne reverra probablement jamais sa mère.

Outre ça, j'ai essayé de rencontrer quelqu'un d'autre pendant bien deux ans, mais rien ne s'est déroulé comme je le pensais. Enfin, si, j'ai eu des rendez-vous avec de charmantes femmes, mais à chaque fois que je leur disais que j'avais une fille de quatre ans, alors que j'ai seulement vingt-trois ans, elles n'étaient plus intéressées, bizarrement. Elles n'ont juste pas envie de se poser tout de suite, elles veulent profiter de leur jeunesse. Chaque fin de rendez-vous était la même à chaque fois. Tu es vraiment adorable, mais tu as une fille. Et même si elles ne me le disaient pas directement, ça se voyait dans leurs manières ou dans leurs regards. Ils passaient de j'ai envie de te dévorer à il a une fille, je dois partir tout de suite.

Alors, j'ai de plus en plus l'impression que l'amour, ce n'est pas pour moi. Je veux dire, tous les signes sont là. Ma copine m'a quitté, me laissant seul avec notre enfant, et maintenant que j'essaie de reprendre du poil de la bête, je me fais rejeter. J'envie tous les hommes de mon âge qui sortent le soir pour prendre un verre entre amis. J'envie tous les jeunes qui sortent avec une jolie fille, sans prise de tête. Parce que moi, je ne peux plus faire ça, maintenant que j'ai Charlotte. Je ne peux pas me permettre de partir la nuit, ou encore de ramener une fille différente chaque soir. Ce ne serait pas un mode de vie sain. Et puis, je ne suis pas comme ça, ce n'est pas de cette façon que mes parents m'ont éduqué.

C'est donc pourquoi, maintenant, je me concentre seulement sur ma fille. Elle est rentrée cette année en petite-section. J'ai l'impression que le temps passe tellement vite, je la vois encore dans mes bras alors qu'elle avait seulement quelques jours. Ça me fait toujours bizarre, c'est ma petite puce, je ne veux pas la voir grandir. En parlant de ce petit monstre, je ne dois pas oublier d'aller la chercher à la sortie de classe, comme ça m'est déjà arrivé plus d'une fois, je l'avoue. Je m'arme donc de mon manteau ainsi que d'une écharpe avant de sortir de mon appartement.

Je marche pendant une dizaine de minutes avant d'arriver à son école. Je m'approche de la horde de parents qui attendent avec impatience de voir la bouille de leur enfant, et je dois faire du coude pour pouvoir m'approcher suffisamment des grilles. Je reconnais rapidement le visage des camarades de Charlotte, mais aucune trace d'elle. Elle doit encore être en train de papoter avec ses amies, j'en mettrais ma main à couper. Et bien entendu, j'ai raison. Je l'aperçois près du portail, en train de parler avec une petite rouquine. Les deux ont l'air de très bien s'entendre, vu le sourire sur leur visage.

C'est en tournant le regard vers le portail qu'elle m'aperçoit enfin. Ses yeux se mettent à briller alors qu'elle fait un signe à son amie, et prévient sa maîtresse que je suis là. Elle sort en courant, et je me baisse à sa hauteur pour qu'elle atterrisse dans mes bras.

— Salut, ma puce, comment était ta journée ? demandé-je, comme chaque soir.

— Super ! s'exclame t-elle. On a fait tout plein de trucs, c'était trop bien !

Autour d'Un Café [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant