☀️Chapitre 10

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Kuroro la regarda impassible, mais avec une tristesse déchirante qui vacillait dans son regard que la jeune femme remarqua.

-Tu ne te souviens vraiment pas de moi...? Dit-il dans un murmure pour empêcher sa voix de trembler.

-Me... Souvenir de quoi? Demanda-t-elle, incertaine.

Elle commençait à avoir peur, non seulement le comportement et les paroles de Kuroro la mettaient mal à l'aise mais en plus il insinuait qu'elle aurait oublié des choses. Ces choses qu'elle n'arrivait à atteindre avaient-ils un rapport avec ce que cet homme disait?

Elle plissa les yeux, s'efforçant de chercher les fragments manquants. Elle vit alors une image furtive.

"-On sera toujours ensemble n'est-ce pas?

Elle vit la moitié du visage du garçon sourire, lui embrassant le front et lui répondre

-Je te protégerai et on sera toujours ensemble, promis."

C'était encore ce garçon. Ce garçon qui peuplait ses songes en l'appelant par son prénom.

Elle ouvrit les yeux et vit le visage de Kuroro.

Elle ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit.

Seul des larmes chaudes dévalaient en cascade ses joues rouges et humides.

-P...Pourquoi est-ce que je pleure? J'ai vu ton visage et une douleur insaisissable a serré mon coeur... Qui es-tu? Quel est ce sentiment? Quelle est cette chaleur et cette nostalgie qui me parcourent en regardant tes yeux? Qu'ais-je oublié?

-Calme toi-.

Une douleur atroce vint saisir le bas du crâne de Gesshokû, la faisant perdre l'équilibre.

Avant quelle ne puisse tomber la tête la première, Kuroro la rattrapa.

-Tu ne devrais pas forcer à te souvenir, tout reviendra en temps voulu. Je te raccompagne chez toi.

-Mais-.

-Je n'ai pas demandé ton avis, la coupa-t-il, doucement en la portant dans ses bras.

Elle déposa son bras sur ses yeux, sa tête la lançait et tournait horriblement, se laissant faire pour l'instant.

Elle avait peur.

Elle, la grande assassin connue de tous, dont le nom faisait trembler les pires crapules, avait peur. Peur de d'avoir oublié quelque chose d'important, peur que ses souvenirs oubliés le furent parce qu'ils étaient dangereux et nocifs, le furent parce qu'ils auraient pu la détruire.

Il s'engageait dans de petites ruelles sombres pour éviter d'attirer l'attention des infatigables habitants de Yorkshin City, sillonnant de façon fluide et rapide, comme si le poids de Cieri n'avait jamais eu lieu.

Cieri, durant tout le trajet, s'efforçait de garder son esprit vide, blanc et inactif. Même si de millions d'interrogations venaient enflammer son crâne, la seule image qu'elle avait en tête était celle de ce petit garçon.

Elle gardait son bras qui cachait ses yeux. Elle avait honte d'avoir pleuré et ainsi avoir perdu ses moyens. Elle ne voulait le regarder, n'était-il pas la cause de tout ses maux? Il avait tout vu, ses larmes, sa détresse, son incapacité à réfléchir. Il a tout dérobé, tel le voleur qu'il était. Il avait un énorme impact sur ses gestes et faits. Et pour cela, elle avait peur de son regard, capable de tout voir.

Les voilà, devant la porte de la chambre d'hôtel de Cieri, qui se demandait comment savait-il qu'elle habitait ici.

Il ouvrit la porte, et la referma derrière lui avec son pied et déposa la jeune femme sur le lit, qui daigna enfin de laisser découvrir ses yeux verts vides.

Elle s'assied et grogna:

-J'ai soif...

Elle se leva et se mit à tituber, mais Kuroro l'arrêta.

-Je vais aller t'en chercher, va te recoucher.

Elle détourna le regard, mais obéit tout de même.

Il revint quelques secondes plus tard avec un verre d'eau remplit à ras bord et le tendit à Cieri qui le finit d'une traite.

Il s'assied sur une chaise de commode qui plaça juste en face de la jeune femme qui regardait ses pieds.

Le téléphone de Kuroro sonna, montrant un appel entrant de Machi et s'empressa de raccrocher, rapportant son attention vers Cieri qui lui jeta un regard hésitant:

-Tu devrais aller rejoindre tes compagnons.

-Je suis bien plus inquiet pour toi que pour eux.

Cieri siffla entre ses dents, agacée par tant de franchise qui lui fit légèrement colorer ses joues.

-...Comment connais-tu mon vrai nom?

-J'ai fais des recherche -enfin, Sharnalk en a fait- et je suis tombé sur Maman Zahira.

Elle leva vivement la tête, à l'entente de ce nom.

-Et puis... Tu ne te souviens sûrement pas, mais nous avons vécu tout notre passé ensemble... Tu l'as encore, cette lune sur ton poignet?

Ébahie et pantoise, elle acquiesça, le lui montrant.

Il sourit tendrement et lui montra le sien où un soleil était gravé.

Sans qu'elle ne sache pourquoi, sa main se mit à se mouvoir de son propre chef, et saisit la grande main de Kuroro, entrelaçant leurs doigts.

Il la regarda à son tour, surpris par son geste.

-Pourquoi même le fait de te toucher me laisse nostalgique...? Murmura-t-elle, observant leurs mains unies.

-Petits, nous nous tenions toujours la main... Répondit-il avec douceur. Il y'a une chose que j'ai toujours voulu dire, Cieri... Je suis désolé.

Elle le regarda, un air interrogateur.

-Je suis tellement désolé de ne pas avoir pu te protéger. Je n'ai pas réussi à tenir ma promesse... Murmura-t-il, d'une voix faible.

-Je... ne sais pas de quoi tu parles. Explique-moi...

-Tout te reviendrais si tu recouvres la mémoire. Et j'ai une solution. La même que celle que j'ai utilisé pour recouvrir la mienne.

Cieri le regardait tout en réfléchissant. Si elle recouvrait la mémoire, elle saurait tout! Elle saurait d'où lui venait sa Lune, son nom de Cieri et de Gesshokû, qu'elle était sa relation avec Kuroro, sa promesse qu'il n'avait pu tenir, de quoi avait-il échoué de la protéger, elle connaîtrait son passé, comment elle l'avait connu, comment avait-elle fini par être adoptée par Maman Zahira.

Tout lui sera éclairé. Et pourtant...

-Non, je refuse.

●°E.C.L.I.P.S.E•○ [Kuroro]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant