CHAPITRE UN.

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PDV ALISTAIR.

Troisième tentative, et troisième échec. Je n'arrive tout simplement pas à cliquer sur son nom. Je ne sais pas quoi faire. Je ne comprends toujours pas pourquoi il m'a appelé. Depuis le devoir de physiologie qu'on devait faire en duo imposé je ne lui ai plus adressé la parole. Je l'ai peut-être croisé dans les couloirs et encore, rien qui ne me vienne vraiment en tête. Je n'ai jamais été son ami. On a échangé nos numéros par politesse et pour ce que soit plus simple pour l'exposé, mais on n'en a jamais eu besoin. Il fallait à chaque fois envoyer des documents avec nos recherches et nos conclusions, alors on s'est toujours parlé par mail, ou de rares fois via Messenger. Mais jamais par téléphone.

Et parce que je suis un abruti, je ne savais même plus que j'avais enregistré son numéro sous un emoji tête de chien. J'ai une bonne excuse, pour ça, et aujourd'hui pourtant je me sens coupable. Je me dis que c'est peut-être à cause de petits trucs débiles comme ça qu'il a voulu se jeter dans le vide. J'en sais rien. Il a pas voulu en parler, et je n'ai pas insisté. Mais du coup, j'ai quand même changé le nom. J'ai mis le sien, et j'arrête pas de me dire que ses parents sont quand même de beaux enfoirés pour avoir décidé de l'appeler comme ça. Il a un prénom de chien. Et forcément, personne n'a jamais raté la référence, et tout le monde s'est moqué, ou a au moins pouffé. Même les profs ont fait des sourires en entendant son prénom, ou en le lisant sur les listes. Et je me dis que ça aussi, ça peut jouer. Pourtant, j'ai l'impression que c'est quelque chose d'autre. Une raison que je ne peux pas saisir et qui lui est propre. Et j'ai peur d'être intrusif en l'appelant. Après tout, il n'est pas obligé de répondre. Comme moi, peut-être qu'il ne répond jamais au téléphone.

Et quand je pense au fait que je décroche que très rarement, je me demande ce qu'il se serait passé si je n'avais pas répondu. En fait, je préfère ne pas savoir. Je ne veux même pas l'imaginer. Je n'arrête pas de jouer avec mon téléphone. Je le déverrouille, je vais dans mes contacts, je descends jusqu'à son nom, puis j'appuie sur le bouton de côté, et je le balance sur le lit. Et après, je le reprends, et je fais encore pareil. Je n'arrive pas à l'appeler. Je soupire, je m'oblige à calmer ma respiration, et j'appuie enfin. L'appareil collé à mon oreille, je compte les sonneries. Il décroche à la sixième, mais je n'entends que son souffle à l'autre bout. Il ne parle pas. Il doit sans doute attendre que je dise quelque chose en premier.

« Est-ce que ...est-ce que ça va ? »

C'est la seule chose qui me vient en tête, et je me frappe la jambe du plat de la main tant je me sens stupide. C'est nul comme question. Il a failli foutre sa vie en l'air, c'est bien qu'il ne va pas bien. En plus, il ne répond pas.

« Rex ? Tu m'entends ? Tu ... Réponds-moi s'te plait. »

« J'ai menti. »

« Qu... quoi ? »

« Je t'ai pas appelé parce que ton nom était sous mon doigt. »

« Pourquoi alors ? »

Il ne répond pas vite. Il prend son temps pour donner ses réponses. Et même si mon cœur bat à cent à l'heure dans ma poitrine, et que j'ai la bouche sèche, et presque les mains qui tremblent, je ne sais pas quoi dire. Alors j'attends. Je lui laisse le temps nécessaire pour qu'il dise ce qu'il pense. Mais c'est bizarre. Les seules fois où on a parlé - toujours pour l'exposé - il était du genre à beaucoup parler. Et très vite. Rex ne ressemble pas du tout au mec que j'avais en tête avant ... avant cette nuit. Il me semble timide, et difficile à approcher. Il a l'air de souffrir, et pas que depuis quelques jours. Et pourtant, je l'ai toujours vu dynamique, et carrément hautain parce qu'il se tape les meilleures notes à chaque examen. Il regarde les autres comme s'il était supérieur. Il a du répondant, même s'il ne réplique plus quand on se moque de son prénom. Parfois, il fait un doigt d'honneur, mais ça s'arrête là. Pour le reste, il a toujours une répartie de dingue et cinglante, et ça fait toujours son effet. Là ... je n'ai pas du tout l'impression de parler à Rex. C'est trop étrange.

Apprivoisable (Tome 1 - AVIFic - BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant