CHAPITRE NEUF.

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PDV ALASTAIR.

Bientôt les vacances ? Et bah non. Parce qu'on est à l'université, et qu'on doit montrer notre sérieux, on a plein de devoirs à rendre, et des pratiques. En fait, ça va juste être de l'observation, mais on doit prendre des notes sur tout ce qu'on va voir, et rendre un devoir dessus. En plus de tout le reste. C'est hyper chiant.

J'ai déjà fait celui de l'option histoire de la médecine. Allez m'expliquer qu'est-ce qui a pu me passer par la tête quand j'ai décidé de prendre ça. C'est soporifique, et il n'y a rien d'entrainant là-dedans. Je m'ennuie, et je m'en fous. Et puis bon, il y a aussi la philosophie. Non mais sérieux quoi. En médecine on a encore ça. Il paraît que c'est pour nous aider à mieux communiquer avec nos patients, à comprendre l'intérêt de peser nos mots lorsqu'on donne un diagnostic. On a déjà eu un cours de dialogue ... enfin la matière ne s'appelait pas comme ça, mais en gros on devait décrypter ce que pensait la personne en fonction de ses tics et expressions du visage. On a analysé tout le corps, comme ça, pour deviner les pensées. C'est super important pour ceux qui veulent faire psychiatrie, mais comme c'est pas mon cas ... De toute façon, je ne sais pas ce que je veux faire. Je suis rentré ici par piston, j'ai choisi médecine parce que j'avais trop regardé les séries policières à la télévision, et que médecin légiste avait l'air cool pour résoudre des crimes. J'aurais dû me frapper la tête plusieurs fois. Mais bon, si je n'avais pas fait médecine, je ne sais pas trop ce que j'aurais fait d'autre. Je n'aime pas le droit. Je n'ai pas le tact pour enseigner. Je suis trop petit pour devenir sportif de haut niveau. Spectateur de film n'est pas un métier. Les langues, ça me gonfle. On parle déjà la langue la plus utilisée dans le monde, alors bon ... Et puis, alors que mon père vit à Paris, j'ai jamais réussi à aligner deux mots de français. Au final, il ne me restait que médecine. Je finirai sans doute par trouver la bonne voie, la spécialité qui me plaira. Pas gériatrie. Et encore moins pédiatrie. Mais il y a le reste. Genre gynéco, oncologue etc...

« Hey. Tu voudrais reprendre le jeu, ce WE ? »

« dsl je suis pas là. Je vais à Londres voir mes parents. »

« Tu veux qu'on joue plus tôt ? On est mercredi, disons demain ? »

« J'ai pas trop la tête à ça. T'es ok qu'on fasse ça la semaine pro ? »

« Pas de souci. »

« T'es sûr ? »

« Oui. »

« En fait laisse tomber, c'est ok pour demain. »

Il va me prendre pour un indécis. Mais on ne s'est plus vraiment parler depuis la soirée du week-end dernier. Et bizarrement, ça me manque. On est resté un long moment sans se voir, et sans discuter, parce qu'on est tous les deux rancuniers, je crois. Depuis qu'il m'a appelé, il s'est passé beaucoup de temps. On est en avril, maintenant. Pas depuis longtemps, mais quand même. On est officiellement au printemps. Il m'a appelé alors que février venait de commencer. C'était le 3 février, je m'en souviens. J'avais eu mon dernier examen deux jours plus tôt. Deux mois complets se sont écoulés. C'est fou. Et je ne sais toujours rien de lui. C'est pour ça que je veux avancer dans le jeu. J'ai vraiment, vraiment envie d'en savoir plus.

Parce qu'il a des phases. Il va bien, puis il sombre. Il a l'air de s'ouvrir et, l'instant d'après, il se referme comme une huitre. C'est difficile de jongler avec ça. J'ai toujours peur de dire le mot de trop, de faire quelque chose qui ne fallait pas.

Ce serait mentir de dire que je ne suis pas attaché à lui. C'est pas comme un pote, ni même comme un véritable ami. C'est différent. J'aime passer du temps avec lui. J'aime les énigmes qu'il représente. Et j'ai envie de le faire sourire. Je suis un pitre, quand je le veux, mais mes blagues n'ont pas trop d'effet sur lui. Pourtant, je ne désespère pas. J'arriverais à lui arracher ce putain de sourire dont je me souviens. Celui qui illuminait la salle de classe où on était pour travailler. Celui qui m'a ébloui, et frappé. Ce lien invisible dont je parlais, un jour, je sais ce qu'il est devenu : il a grandi, et il s'est affermi. Il est plus fort qu'avant, mais encore fragile. Il a besoin de se consolider. Mais il est toujours là. Et plus Rex résiste, plus il met de la distance, plus j'ai envie de tout mettre en œuvre pour atteindre mon objectif.

Apprivoisable (Tome 1 - AVIFic - BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant