CHAPITRE SEPT.

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PDV ALASTAIR.

Je l'ai vu partir du bar en face. L'équipe a gagné, ce soir. Enfin, cet après-midi. On avait un match à une heure de là. Quand on est rentré, on s'est directement installé au bar. J'ai bu deux verres. Pas plus. Maintenant tout le monde est bourré. Les gars veulent aller en boite, comme d'habitude. Mais Enzo et un gars de l'équipe de foot n'ont pas bu. C'est eux qui conduisent. Pour une fois qu'on me demande pas d'être le taxi... Je suis sur le parking avec eux, prêt à m'installer sur la banquette arrière quand je le vois passer.

Je vois les deux mecs le suivre, et je dis alors que je les rejoignais peut-être plus tard, mais que pour l'instant je devais faire un truc.

- Cool vas-y pousse toi ça fait plus de place.

- Ta gueule Merrill, je ne peux m'empêcher de lui dire.

Une fille rigole. Je ne savais même pas qu'il y avait des filles avec nous. Enzo me demande si tout va bien, et je réponds par l'affirmative.

- J'crois que je vais pécho, ce soir, je lui chuchote d'un air entendu.

- Oh bien mec ! La copine de Julias est à la maison et Cole est sorti mais ... je veux tous les détails demain !

On se tape dans la main et je pars. D'abord en direction du bar. Quand la voiture démarre, je change de cap. Je l'ai perdu de vu, mais je vais malgré tout dans la rue où je l'ai vu. Au tournant, il y a toujours les deux mecs. Alors je cours et je m'arrête de façon à ce qu'on ne me voit pas. Là, Rex s'arrête, il frappe celui qui est le plus près de lui et il part en courant. Les deux mecs ne tentent pas de le suivre. L'un reprend son souffle, l'autre crie des insultes. Je dois passer devant eux, mais j'ai peur d'être pris pour cible. Je passe par la rue adjacente en courant, moi aussi. J'ai vu par où Rex était parti.

Après ce qui me semble un long footing, je le retrouve et je le vois pousser la porte de l'immeuble. Cet immeuble. Je lui laisse un temps d'avance, mais je monte quand même à sa suite. Je reste silencieux, le souffle court, à l'abri dans le petit couloir. Je m'élance vers lui mais je vois qu'il s'assoie simplement. Je lui laisse un peu de temps, avant de venir m'asseoir à côté de lui.

Deux semaines que je n'ai pas eu de nouvelle. En cours, il ne m'a pas adressé un seul mot ou même un regard. On n'est pas dans les mêmes groupes de TD mais en classe magistrale, si. Je crois qu'on s'en voulait un peu tous les deux d'avoir dérapé de la sorte. Et si ce genre de truc se règle en quelques secondes, juste après s'être engueulé, avec mes potes, c'est pas pareil avec Rex. Il est différent des mecs que je côtoie. Il est plus sensible, je crois. Il me perturbe. Il me pousse à me questionner sans arrêt. J'ai l'impression d'être souvent à côté de la plaque, avec lui.

Je ne sais pas grand-chose sur lui, mais il m'intrigue. Il me donne envie de m'accrocher. Il a l'air de souffrir. Je ne sais pas de quoi. Et même si je n'y peux sans doute rien, je ne veux pas qu'il saute de ce toit d'immeuble. J'ai toujours le ventre qui se retourne quand je le rejoins ici. Il pourrait glisser sans le vouloir.

En plus, il n'a pas l'air de vouloir réellement mettre fin à ses jours. Il est investi comme personne, en classe. Il a toujours les bonnes réponses. Il a les meilleures notes. C'est lui qui trouve toujours les bons diagnostics, et il a l'air très fier de sa réussite. Il fait toujours attention à son apparence, au petit détail de sa tenue. Il se donne à fond dans ... notre jeu. Il a fait des recherches, il a inventé toutes les possibilités de l'histoire. Et puis quand on était au centre équestre, il me semblait épanoui. Même auprès des patients que l'on voit parfois à l'hôpital, il est investi.

Apprivoisable (Tome 1 - AVIFic - BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant