Apprivoisable (Tome 1 - AVIFic - BxB)

CHAPITRE VINGT

PDV REX.

Je crois que je vais finir par jeter mon téléphone. Ou au moins changer de numéro. Ma mère a continué à chercher à me joindre, puis elle m'a dit qu'elle s'inquiétait, qu'elle voulait savoir comment j'allais, et comment allait ma mère. Comment elle veut qu'elle aille ? Je ne ressens pas la douleur ! Alastair a mis du temps à accepter de la toucher, parce qu'elle est toujours gonflée par l'opération et par les broches. Mais il me tient par les deux mains, et je me réveille toujours avant lui pour faire le petit déjeuner. J'adore cuisiner les pancakes, les œufs, et le bacon. Même si je ne mange qu'un bol de céréales et des tartines. Du coup, il ne dit jamais rien sur le fait que je me serve de ma main.

Maintenant que mes parents m'ont lâché, c'est au tour de Abby de commencer. Elle m'avoue avoir parlé à Alastair, et qu'il lui a aussi dit que j'étais chez lui.

« Il est vraiment content que tu sois là. Ça a été dur pour lui de passer outre ce qu'il s'est passé, mais il l'a fait. Il tient vraiment à toi. »

Si ça n'avait été que ça. Sauf qu'elle a rajouté « gâche pas tout sous prétexte que t'es flippé. » Puis « vivez votre histoire » et patin-couffin. Mais elle avait besoin de me rappeler que je suis le pro quand il s'agit de tout gâcher ? Je suis énervé, maintenant. Alastair est sous la douche, je doute qu'il m'entende, ou qu'il apprécie si j'ouvre la porte. Alors je lui laisse un petit mot sur son lit. « Je vais me promener, je reviens. Pas de stress. »

J'ai failli ajouter un « je t'aime » sauf que je veux lui dire de vive-voix. Je ne lui ai encore jamais dit. Comme je le lui ai pas dit pourquoi je l'avais appelé. Il faudrait que je lui dise. C'est pas un secret d'état. C'est rien de dingue. Surtout qu'il s'est énormément confié à moi. Mais j'ai peur qu'il soit déçu de ma véritable excuse. Elle est bidon. Mine de rien, je reprends le stylo, je tourne le papier, et je me confesse.

« Je t'ai appelé ce soir-là, pour une raison de merde. Le jour de l'exposé, je stressais dans le couloir. Je devais passer devant tout le monde, avec toi, mais je déteste monter sur l'estrade et parler. J'aime pas tous ces yeux qui me fixent. Déjà, avant qu'on rentre dans la salle, tu as su trouver les mots pour m'apaiser, et me dire que ça allait bien se passer. T'avais pas envie de le faire non plus, mais t'as commencé à parler le premier. Juste pour m'éviter d'avoir à le faire.

C'est moi qui ai fait la conclusion, et j'ai terminé par une blague que personne n'a compris. Ou peut-être qu'elle était tellement nulle que je suis juste passé pour un con. Mais t'as rigolé. Tu t'es pas foutu de ma gueule, t'as rigolé à ma blague, parce que tu la trouvais drôle. Et ça m'a redonné le sourire. Depuis ce jour-là, j'ai pas arrêté de te regarder, en me disant que t'étais un putain d'ange. »

Heureusement que j'écris petit, et heureusement qu'Alastair est très, très, très lent quand il prend sa douche. Je sais pas comment il se débrouille. Déjà, il doit vider les trois quart du ballon d'eau chaude à chaque fois, et puis bonjour le gaspillage ! Je plie le papier sur son oreiller, et je rajuste ma veste avant de sortir.

Lui avoir écrit ce mot m'a apaisé, mais je veux le laisser seul pour le découvrir. Je me suis calmé, je ne suis plus énervé. J'ai même répondu gentiment à Abby tandis que je me promenais dans la rue. Et j'ai même promis à Elsie de rentrer avant le rendez-vous avec le docteur qui m'a opéré, et que je me sentais bien sans les cachets. Parce que oui, je suis parti sans rien. Je suis arrivé à Londres sur un coup de tête, et je ne pensais pas rester si longtemps. En fait, je croyais que j'allais simplement faire l'aller-retour. Mais au final, ça fait presque une semaine que je suis là. C'est vrai qu'il y avait de quoi s'inquiéter, vu que je répondais pas. Je les rassure, avec un ton plus doux. Je prends même l'appel de Malia, qui me pose mille et une questions, et je suis patient, je réponds, dans le calme.