CHAPITRE SEIZE

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PDV ALASTAIR.

Lorsque je suis rentré chez moi, Julias et Cole m'ont soigné. Ils m'ont posé des questions, mais je suis resté vague. J'ai dit que je m'étais fait agresser dans la rue, que je n'avais pas vu les mecs qui m'avaient fait ça. Je n'ai pas parlé une seule fois de Rex. J'aurais pu. Ils étaient prêts à aller tabasser les responsables. Mais je l'ai protégé. Une fois de plus. Je suis vraiment con.

J'ai laissé tous ses appels sonner dans le vide. J'ai supprimé ses messages sans les lire. Je n'ai pas ouvert ceux qu'il m'a envoyé sur les réseaux sociaux. Je l'ai bloqué sur Snapchat. Il n'a pas arrêté de me harceler les premiers jours. Et moi, je pleurais à chaque fois que je voyais mon téléphone s'éclairer. Parce que je savais que c'était lui, qu'il m'avait fait du mal, qu'il avait sérieusement endommagé le lien. Je ne suis pas quelqu'un de rancunier. Je n'ai pas d'ennemi, et je n'ai jamais emmerdé personne. Si je me suis déjà disputé, une fois que j'avais dit ce que je devais dire, c'était terminé. Je me prenais la tête jusqu'à ce que je revoie la personne, et la hache de guerre était enterrée. Mais pas cette fois. Ce n'était pas une dispute anodine. Il m'a frappé. Pire. Il m'a tabassé.

Je ne suis pas allé à l'hôpital, mais j'ai de sérieux hématomes sur le corps. J'ai des courbatures. J'ai mal quand je bouge. Il ne comprend pas ça, lui, vu qu'il ne ressent pas la douleur. Sale enfoiré. Je le déteste. Du plus profond de mon cœur meurtri.

Maintenant, c'est l'heure des examens. Je dois me concentrer là-dessus. Je ne dois pas foirer mon année. Je ne suis pas allé en cours, ni aux entrainements. Les gars m'ont envoyé leurs notes, et les profs ont accepté que je rende tous mes devoirs par mail. J'ai travaillé en restant cloitré dans la maison. J'avais trop honte de sortir comme ça. J'avais peur de le croiser. J'ai bloqué mon esprit. Je me suis concentré sur mon année. Je refuse de la gâcher à cause de lui. Je n'avais pas de retard, et heureusement. J'ai pu continuer à approfondir chaque matière. J'ai failli casser mon téléphone plusieurs fois, à force de le voir s'allumer. Alors je l'ai caché sous mon oreiller pour travailler. Je crois que ça a fonctionné.

Les examens ont finalement commencé et je savais que j'allais le croiser. Mais j'ai tout fait pour l'éviter. Je suis resté devant la porte de la salle d'examen, le regard bien droit. Je n'ai jamais regardé derrière moi. Ou alors, j'arrivais pile à l'heure, pile ce qu'il fallait pour entrer dans la salle d'examen. Elle est si grande qu'il n'y a pas besoin de nous diviser en petits groupes par ordre alphabétique. Ça m'aurait pourtant arrangé. Je m'appelle Crawford, et lui s'appelle Wishaw. On aurait été bien loin l'un de l'autre.

Pendant les partiels, j'ai fait abstraction du monde autour de moi. J'ai fermé mon esprit, je me suis laissé prendre par les diagnostics, les médicaments, les analyses. J'ai jeté mon désespoir dans les études. Quand je sortais de la salle d'examen, je courrais presque jusqu'à la voiture. Mon cœur cognait fort dans ma poitrine, parce que j'avais peur de le croiser. Peur de ne pas pouvoir l'éviter.

Mais maintenant, les examens sont terminés. Je ne dois pas partir en vacances avant d'avoir les résultats, parce que selon les notes, je peux faire un oral de rattrapage. Ou m'arranger avec les profs pour cet été.

Ce soir, tout le monde sort. Je me suis physiquement bien remis. J'ai encore quelques traces violetées sur le corps, mais mon visage est déjà moins marqué. Mine de rien, j'ai tellement fait d'effort pour ne pas penser à lui, pour ne pas penser à ce qu'il m'a fait, que je suis épuisé. J'ai donné mes dernières réserves dans les examens.

Je n'ai pas la force de sortir m'amuser. Je n'en ai pas envie. Quelque part, il y a quelque chose de brisé en moi. Ce lien comptait plus que ce que je pensais. Rex n'était pas seulement le bon copain qui m'ouvrait les yeux sur mon identité. Il n'était pas juste ma première expérience, mes premiers ressentis. Il était ... plus que ça. Je n'ai jamais été de mettre des mots précis sur nous, sur ce qu'on partageait. Mais si je me sens aussi mal, c'est sans doute parce que j'avais des sentiments. Et pas de n'importe quel genre.

Apprivoisable (Tome 1 - AVIFic - BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant