CHAPITRE DIX.

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PDV ALASTAIR.

Fin de semaine. Je suis dans le train qui me mène à Londres. Je bosse sur mon devoir de philo que je n'ai toujours pas fini et que je dois rendre lundi. Qu'est-ce qu'elle me gave cette matière. Je ne serai définitivement jamais d'accord avec les programmes. De la philo en médecine, non mais vraiment. Ce sujet-là ne m'intéresse même pas.

J'arrive malgré tout à y mettre un point final et à l'envoyer par mail au prof avant que le train n'arrive en gare. Je me sens plus léger de l'avoir terminé. Débarrassé. Il ne me reste plus que celui de pharmacologie, où je dois faire des recherches plus poussées sur la molécule pour savoir si oui ou non, au final, elle est bénéfique pour les reins.

Sauf que là, c'est le week-end. Nous sommes vendredi après-midi, je viens d'arriver à Londres et un chauffeur doit m'attendre sur les quais pour me mener à la maison. A partir du moment où je descends du train, finis les devoirs et les révisions. Je vais profiter de mes parents que je n'ai pas vu depuis longtemps. Mon père est rentré de Paris avec sa nouvelle copine apparemment. Et ils vont loger à la maison. Avec ma mère qui est toujours célibataire. Je trouve ça carrément ... pas malsain. Mais un truc dans le genre. C'est bizarre, quoi. Je me demande qu'est-ce que ça lui fait, à ma mère. J'imagine que ça ne doit pas lui faire plaisir.

C'est ce que je me demande durant tout le trajet en voiture. Je ne parle pas vraiment avec le chauffeur. Je ne le connais pas. Après tout, ce doit être celui qui a été attitré à mon père pour son retour en Angleterre. Je n'ai jamais eu de chauffeur. J'ai toujours pu prendre le bus, le métro, le vélo. Même si je suis le fils d'un ambassadeur, on m'a toujours laissé de la liberté. Je sais bien sûr que j'étais surveillé. Mes réseaux sociaux scrutés à la lettre, par exemple. J'étais dans des écoles privées pour assurer un peu plus de sécurité et de sélectivité. Je n'ai jamais trop fait de vagues, justement parce qu'on m'a appris que cela pouvait être dangereux. C'est ce qu'on me répétait quand j'étais petit ou adolescent. On me disait de faire attention au danger. On m'a appris les arts du combat, et même à me servir d'une arme. Mais je ne possède pas d'armes. Et maintenant que mon père vit et travaille à Paris, et que je suis seul à Cambridge, les choses ont un peu changé. Je suis adulte, maintenant, et on me laisse beaucoup plus de liberté.

Lorsque j'arrive à la maison, mon père m'attend sur le perron. Ou plutôt, il est au téléphone sur le perron, et il raccroche quand je descends de la voiture. Il me serre contre lui, et je me sens ridiculement petit. Il a toujours été très grand, lui. D'ailleurs, il ne se gêne pas pour me faire remarquer que je n'ai pas grandi, avant de m'ébouriffer les cheveux. Comme avant. Je râle pour la forme, mais cela ne me dérange pas.

En pénétrant dans le salon, je vois ma mère et une femme blonde discuter. Ou plutôt s'extasier et s'égosiller dans les aigus. Visiblement, elles s'entendent très bien. Elles rigolent, et se parlent comme de vieilles amies qui commèrent. C'est troublant. Je pensais vraiment qu'il y aurait un froid entre elles.

- Alastair je te présente Chloé. Chloé, mon fils, Alastair.

- C'est un très grand plaisir de faire enfin ta connaissance. Ton père n'arrête pas de me parler de toi à longueur de journée.

Elle a un tout petit accent français lorsqu'elle parle, mais elle prononce l'anglais avec ... bah bien, en fait. C'est pas comme tous les français que j'ai pu croiser quand ils venaient en vacances sur Londres. Elle maitrise la langue et ses subtilités. Son sourire est contagieux. Elle n'a pas l'air méchante.

Au final, j'apprends que mon père est rentré spécialement pour que ma mère et moi rencontrions Chloé. Elle travaille en tant que commerciale pour je ne sais plus quelle grosse boite, et ils se sont rencontrés à cause d'un accident de voiture. Il y avait un bouchon monstre devant eux, alors ils sont tous les deux sortis pour voir ce qu'il se passait. Ils étaient coincés pour un bon moment, apparemment, et la discussion s'est enclenchée seule. C'est mignon.

Apprivoisable (Tome 1 - AVIFic - BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant