CHAPITRE TROIS.

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PDV ALASTAIR.

Je ne veux pas paraître prétentieux, mais le défi que j'ai dû réaliser la nuit dernière n'était pas difficile. Ok, ce n'est pas mon genre, et ok, j'ai été choqué qu'il veuille une preuve. Mais, en dehors de ça, ce n'était pas une action complètement irréalisable.

Je suis allé au bar rejoindre l'équipe en envoyant un petit message à Merrill. Bien évidemment il n'a pas répondu. Alors j'ai envoyé un message à Enzo, mon coloc, mais qui fait aussi partie de l'équipe. Lui non plus n'a pas répondu. Mes deux autres colocataires ne font pas de rugby, et ils étaient invités à la crémaillère de quelqu'un - faudra m'expliquer comment on peut faire une crémaillère plusieurs mois après la rentrée mais bon -. Du coup, j'ai essayé de joindre les autres gars de l'équipe - sans succès - en m'avançant petit à petit vers le centre-ville.

Ça n'a pas été très difficile de les trouver. Avec le boucan qu'ils faisaient, ils ne passaient pas inaperçus. Je suis donc rentré dans le bar, j'ai commandé un cocktail. Puis un deuxième. Merrill a passé un bras sur mes épaules, et Asra est arrivé. Il a commencé à chanter en renversant son verre un peu partout.

- Ce soir c'est Alas qui vomit ! Tournée générale les gars !

Et voilà comment je me suis retrouvé à enchainer les shooters. Je ne bois presque jamais, que l'on soit clair. Alors forcément, il ne me faut pas beaucoup d'alcool pour être bourré. J'ai très vite perdu le contrôle de moi-même. Ça n'a pas été difficile de m'entasser sur les autres dans la petite voiture de Asra, et je n'ai rien dit sur le fait qu'il conduisait bourré. Au contraire, j'ai chanté et j'ai dansé sur le son de la radio trop fort, j'ai rigolé quand on a failli se prendre un poteau. Puis on est arrivé en boite.

Je me suis tenu dans la file d'attente, je n'ai pas trop regardé le videur dans les yeux, de peur qu'il ne voit trop facilement que j'avais les pupilles dilatées et que j'étais déjà mort. Bref, on a réussi à rentrer. La musique m'a remis directement dans l'ambiance. Les gars m'ont trainé vers un coin plein de filles. Il ne m'a pas fallu longtemps pour être abordé par une téméraire, et je n'ai pas fait le difficile.

Ce n'est pas mon genre, je tiens vraiment à ce que ça reste en tête, quelque part. Je ne suis pas le style de mec à faire ça. Et pas seulement parce que je n'aime pas les relations d'un soir, mais aussi et surtout parce que je ne prends jamais vraiment de plaisir. En fait, je ne vais même jamais jusqu'au bout, et je dois simuler l'orgasme. Ça craint, hein ? Je me suis déjà demandé si j'étais asexuel, parce que je n'ai jamais pris de plaisir et surtout, parce que je ne ressens jamais d'attirance. Sexuelle. Pas une attirance tout court, parce que je reste pas non plus indifférent à tout. Mais en tout cas, je ressens rien de sexuel à chaque fois. Alors je le fais par automatisme, et par pression sociale. Il faut que ce soit comme ça. J'ai conscience que c'est débile, et que c'est simplement pour pas que les gens se posent trop de question. Mais voilà, je le fais quand même. Pas souvent. A de très rares occasions, histoire de. C'est pitoyable.

Bref, ce soir-là, j'ai donc couché avec une fille dont je ne sais même pas le prénom. Je suis allé sur Snapchat, et j'ai voulu prendre une photo mais je n'avais pas suffisamment les bons réflexes, alors j'ai galéré pour mettre la caméra frontale. Et j'ai filmé. Quelques trucs. Je ne sais pas trop quoi. Toujours est-il que maintenant, je me réveille, avec une bonne gueule de bois, mais avec les idées claires. Je sais ce qu'il s'est passé la nuit dernière ... Plus ou moins. Ok, je ne me souviens pas de tout, j'ai oublié pas mal de choses. Mais le principal, malgré tout, je l'ai gardé en mémoire.

Je suis seul dans mon lit. Où est-ce que j'ai fait ça ? Impossible de le dire. Sans doute dans les toilettes de la boite. C'est crade. Je descends à la cuisine, je crois que personne n'est levé. Mais vu que je me prends les pieds avec la dernière marche des escaliers, je fais un bruit monstre et j'ai deux portes qui s'ouvrent, laissant entrevoir des têtes fatiguées. Julias et Cole n'ont pas non plus l'air très bien.

Apprivoisable (Tome 1 - AVIFic - BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant