Acacia (Philippine Tome 3)

Chapitre 19 - Enfant battue

Je ne sais pas ce que je dois ressentir présentement : De la fierté ou de la honte. Cela fait dix minutes que je regarde ma mère négocier avec un agent de police, tandis que mon père n'ose même pas intervenir. Je pense que de toute façon, il n'a pas le choix. Laisser maman creuser sa propre tombe, c'est mieux. À son âge, il y a quand même des choses qui ne se font plus. Elle est censée être une adulte responsable et consciente de ses actes, alors comment peut-elle avoir frappé un représentant des forces de l'ordre ? C'était quoi le plan ? Aller en prison sans passer par la case départ et recevoir les 500 euros ?

Je les vois soudainement revenir tous les deux vers moi, accompagnés par l'agent tandis que ce dernier s'arrête devant moi et me dévisage lourdement. Quoi ? Porter un minishort ce n'est pas contre la loi.

- C'est votre fille ?

- Oui, c'est elle. Comment tu vas Acacia chérie ? Mon poussin ! Maman s'est fait du souci pour toi, tu sais ?

Ah bon ? Pourquoi ? Il y a encore trois heures tu me disais que t'allais crever les roues de mon vélo.

Oh. Je vois. Je crois que j'ai cerné le personnage.

- Et ce bleu sur votre bras mademoiselle ?

Théoriquement, un accident de vélo, mais bon, là de suite, la meilleure arme du monde. Tu voulais me voir galérer hein ? Bah attend un peu ma vieille, moi je vais t'envoyer patauger dans la semoule.

- Je suis une enfant battue.

- Quoi ? Mais n'importe quoi ! Acacia ! Qu'est-ce qu'elle a l'imagination débordante pour son âge.

- Je ne suis pas censée vous le dire, car si je vous le dis, elle va me frapper. Vous savez qu'elle use de son autorité parentale pour me menacer ? Pas plus tard que tout à l'heure, elle m'a envoyée en plein centre-ville sans aucune sécurité et en plus elle voulait crever les roues de mon pauvre vélo. Un vélo rouillé, disons-le. Vous trouvez ça normal, vous monsieur l'agent ?

- Acacia !

Et toc ! Dans les dents maman ! J'appelle ça le retour de flamme, moi. Ça t'apprendra. Il y a bien longtemps que l'on ne joue plus dans la même cour maman chérie et ton temps de régence est révolu.

- Vous m'en direz tant. Madame Tagliani, je pense que nous allons passer le reste de la soirée à nous expliquer vous et moi.

- Quoi ? Mais attendez ! Non, je....Acacia sale morveuse ! Tu ne paies rien pour attendre ! Tu verras quand on rentrera à la maison !

Vas-y maman, menace moi en le disant encore plus haut et plus fort alors que tu es cerné d'agents de police.

- C'est vache Acacia.

- Tu sais papa, tout à fait entre nous, c'est de votre faute. Vous ne m'avez pas éduquée pour être gentille avec tout le monde et sourire à la vie. Vous m'avez éduquée pour survivre. Je survis là. Crois-moi.

- Quand ta mère sortira du commissariat, tu comptes faire comment ?

- Je prendrais sans doute mes jambes à mon cou.

Je suis peut-être folle à lier pour me mettre ma mère sur le dos, mais je ne suis pas assez téméraire pour attendre tranquillement les conséquences de mon acte. Alors, je pense que je vais juste fuir. Je vais faire mon sac et demander l'asile à Gaston quelques jours.

- Tu sais, ta mère n'est pas aussi horrible qu'elle ne laisse le voir.

- Je sais.

- Alors pourquoi ?

- Pour lui montrer que quoi qu'il puisse m'arriver dans la vie, je saurais me débrouiller grâce à tout ce qu'elle m'a appris. Je ne me laisserais jamais faire. On ne me marchera pas dessus. Je veux lui montrer que je saurais prendre soin de moi. Même si je viens à rencontrer une autre "Philippine".Je vous aime et vous adore, vous êtes mes parents, mais dès votre mariage passé et mes études terminées, je compte m'en aller. Je veux bouger, je veux voyager. Je veux voir le monde et apprendre. Ici, je suis comme...

- Coincée ? Tu sais Acacia, dis toi bien une chose. Malgré toutes les réprimandes que ta mère et moi t'avons passées, s'il y a bien une chose dont tu dois être certaine et assurée, c'est que nous sommes fiers de toi. De toi et du chemin que tu as parcouru jusqu'à maintenant.

Soudain, mon père s'arrête, regarde en direction de ma mère plus loin et sourit. Je ne sais pas vraiment ce qui l'amuse, ni même à quoi il pense maintenant, mais je me dis que même si je suis loin d'eux, ils sont ensemble et ça, c'est la meilleure équipe au monde.

- On se fait un Macdo ?

- Et tu laisserais maman ici toute seule ?

- J'ai faim et ça la calmera. Allez viens, c'est moi qui invite !

- À condition que tu me dises déjà pourquoi maman a été frapper un policier.

En fait, le policier était en civil et papa et maman ont été faire des courses au super-marché. Comme à son habitude, maman s'est trouvé une tête de Turc dans le rayon fruits et légumes et s'est battu avec une femme enceinte pour je ne sais trop quoi, une question de promotion de dernière minute. À cet instant, l'homme en question est intervenu et s'est pris un coup non désiré.

Voilà. Le reste de l'histoire, je la connais.

Décidément, elle me les fera toutes, ce n'est pas dieu possible.

Mais que voulez-vous ? C'est ma mère et je l'aime avec tous ses défauts. Il le faut bien, elle n'a pas beaucoup de qualités.