Prologue

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Les Hommes sont à mes yeux des abeilles. Ils se collent au premier sujet qui les intéresse comme l'abeille butine la fleur. Ils s'intéressent. Se trouvent une certaine curiosité pour absolument tout.

La dernière émission à la con.

La dernière fake-news sortie.

La vie d'un autre congénère aussi. Dieu seul sait que ça, ça vaut tous les potins du monde. Du jour au lendemain et depuis l'émergence de notre belle et grande société, on s'est trouvé un intérêt soudain pour se mêler d'absolument tout et étaler absolument tout.

Une petite photo sur Instagram pour le repas qu'on mangeait à midi au restaurant.

Une petite vidéo sur snapchat pour notre jogging du jour ou notre cours de sport.

Un petit mot sur twitter pour dire que les évènements qui se passent dans X pays sont révoltants.

Et sinon, quand est-ce que vous allez commencer à vous occuper de vos fesses ? À vous concentrer sur votre propre vie ? À la vivre plutôt que de jalouser la fausse vie que s'inventent Sandrine et Bernard vos collègues de boulot ? Quand est-ce que vous allez arrêter de donner vos avis sur absolument tout, quand vous ne savez déjà pas vous faire votre propre avis quand on vous demande ce que vous voulez manger à midi ? Quand est-ce que vous allez vous apercevoir que vous passez à côté d'énormément de choses ?

Je n'aime pas le monde dans lequel je vis. Rien ne me plaît et à mon sens, si on était dans "Sims City", je lancerais une bonne grosse catastrophe pour tout recommencer de 0. On a de sérieux problèmes, mais le plus gros, c'est nous-mêmes. Nous nous sommes enterrés dans une culture de l'égo. Une culture de la mauvaise curiosité. Une culture de la jalousie, parce que forcément ce que l'autre fait en mieux, ça donne envie. Une culture où se mettre en avant est devenu...vital.

À l'exemple de tous ces gens, malades, branchés à des machines H24 pour survivre ne serait-ce qu'une heure de plus, on est devenus en quelque sorte des "branchés" nous aussi. Constamment le nez sur un écran pour fuir une réalité qui nous a échappée depuis bien longtemps, trop flemmard de courir après le train en marche. Fuir un monde qui nous dépasse parce qu'on n'y comprend plus rien. Fuir ne serait-ce que du regard, une personne qui vous souris tout bêtement dans la rue.

On est assis là, dans un coin, à lire n'importe quoi, provenant de n'importe qui, en oubliant qu'autour de nous, ça bouge. Comme si l'on s'était volontairement mis sur "pause".

Et vous savez quoi ? Je déteste ça. Je déteste voir tout ça. Ce monde connecté, branché, perdu dès qu'il lève la tête et s'aperçoit qu'il a raté son moment. Son bus le menant vers la vie.

Il est grand temps de mettre un coup de pied aux fesses à toutes ces personnes.

Il est grand temps de réveiller le monde.

Grand temps de leur dire "bougez-vous, secouez-vous"

Et pour ça, quelques coups de pied au derrière s'imposent.

Aux grands maux, les grands remèdes.

Acacia (Philippine Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant