Chapitre 7

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Chez les Denn, 25 rue des Mauvais Menteurs, Vieufaune. Vieille maison aux beaux volets rouges, murs blancs propres, agrémenté d'un petit jardin plein de charme.

C'est ici qu'Alix et sa soeur Fanny Denn sont occupées à prendre le thé comme chaque samedi, tradition initiée il y a quelques années par l'ainée, très motivée à l'idée d'organiser des tea time hebdomadaires.

Ce soir hélas, la cadette blonde ne parvient pas à afficher son entrain habituel, trop angoissée par l'étrange humeur de son amie pour savourer tranquillement ce rendez-vous. Elle n'arrête pas de confier ses soucis à ce sujet depuis tout à l'heure, elle en est bien consciente. Néanmoins, impossible pour elle de s'arrêter et de faire comme si tout allait bien. Parce qu'Oriane ne va pas bien. La principale concernée elle-même a fini par le reconnaître, confiant à son amie "qu'il y avait peut-être quelque chose" et qu'elle retournerait prendre rendez-vous au cabinet Denn.

Depuis, Oriane ne lui a pas reparlé de cela, et son moral semble inchangé, malgré ses tentatives de le cacher. Mais cette ombre constante dans son regard n'a pas échappé à sa meilleure amie. Alors si seulement son beau-frère, Saïd Denn, pouvait au moins la rassurer à ce sujet, lui dire que la brune se remettra de son mal mystérieux, que les séances sont utiles...

Il n'y a qu'à attendre que le psychologue rentre de son cabinet. Attendre avec la boule au ventre.

« Tu es sûre que je m'inquiète pour rien ? insiste Alix en resservant du thé à sa soeur.

— Fais confiance à Saïd, tout ira bien, mon sucre. C'est un professionnel.

La femme du psychologue balaye d'un regard le salon, puis reprend, un sourire rassurant sur ses lèvres d'un rouge vif :

— De toute façon, ton amie est une grande fille, non ? Elle n'a pas besoin d'une maman poule pour la surveiller ! A mon avis, tu t'inquiètes pour rien. Il te faudrait quelqu'un dans ta vie pour...

— Oh, pitié, tu ne vas pas t'y remettre ! soupire Alix. Tu ne veux pas me lâcher avec ça, Fanny ?

L'autre hausse les épaules en riant, avant de rajouter d'un ton de commère :

— Mais je t'assure que ça te ferait grand bien ! Moi, me marier avec Saïd, ça m'a vraiment assagie ! Et d'ailleurs, est-ce que je t'ai parlé de..?

Une fois partie sur le sujet des couples, rien n'arrête Fanny Denn. C'est ce qu'aime Alix chez son ainée : toujours décontractée, bavarde, un peu en décalage par rapport à la dureté du monde. Pour elle, la vie se résume à un roman de chick-lit.

Si seulement ce pouvait être vrai...

Leur conversation se voit brusquement coupée par l'arrivée de Saïd, pour l'instant très occupé à pester contre les Lego que sa fille Karine a eu l'excellente idée de laisser juste devant l'entrée. Injures que ne manque d'ailleurs pas de souligner cette dernière. Descendant les escaliers en trombe, elle hurle :

« Maman ! Maman ! Papa il a dit des gros mots ! T'as entendu, dis, t'as entendu ?

Alix réprime un sourire, attendrie par la petite puce toute sautillante qui vient d'assaillir Fanny. Celle-ci, pas moins charmée, lui frotte affectueusement le haut du crâne avant de lancer à son époux :

— Bonsoir Saïd ! Tu as passé une bonne journée ?

L'enthousiasme de la mère ne parvient à contaminer son interlocuteur qui, paraissant de mauvais poil aujourd'hui, émet quelques grognements pour seule réponse. Comme s'il était de son devoir d'expliquer la mauvaise humeur de son mari, la femme explique à sa soeur :

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