[CHAPITRE2]

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Je me suis réveillée en sursaut et en sueur à cause de ce cauchemar.

Je n'ai pas vu mon ombre, il n'est pas venu dans mon mauvais rêve et il ne m'a pas empêché d'avoir peur.

C'est la première fois que je fais un cauchemar de la sorte. Je ne suis jamais rentrée en contacte de cette façon avec un homme appartenant à mon rêve.

Je me demande ce que ce rêve signifie et pourquoi Eldeweiss n'est pas venu.

Lorsque je regarde par la fenêtre, je vois que le soleil se lever. Le ciel est plutôt dégagé pour un matin de fin d'hiver. Je sors paresseusement de mon lit en poussant ma couverture chaude au bout de celui-ci.

Je me dirige ensuite vers les salles de douches, des vêtements chauds et propres à la main. Même si je ne veux pas sortir, j'aimerais prendre un peu l'air dans la cour de l'orphelinat.

Après une bonne douche bien chaude, je me dirige vers la salle à manger et à côté de moi se trouvent quelques enfants en bas âge, certains entrain boire leur lait ou d'autres en train de manger leurs tartines.

Je me dirige vers la cuisine et me prépare un café. Je n'ai jamais vraiment aimé manger le matin, maintenant je m'y suis habituée et je ne veux pas changer mes habitudes, trop de nouveau n'est jamais bon d'après la psychologue. En plus, ici les petits déjeunés sont écœurants. Je pars ensuite m'installer dans un coin de la pièce et commencer doucement à boire le liquide qui se trouve dans mon mug.

Au fur et à mesure que le temps passe, la salle se remplit de plus en plus. Les enfants sont presque tous présents et un brouhaha terrible est présent dans la salle.

Je débarrasse mon mug vide et me dirige vers les portes pour sortir. Au moment où je passe la porte, les deux autres de mon âge me bousculent. Je ne réagit pas et continue d'avancer. Quand je suis au milieu du couloir, j'entends encore leurs moqueries "Lonely est encore une fois seule, cette fille n'est pas normale. Trop flippante." Mais comme à chaque fois, maintenant ça ne m'atteint plus du tout et je laisse ses langue de vipères cracher leurs venins.

Je m'engage dans l'allée pour sortir du bâtiment et passe devant la salle d'adoption. Je me souviens alors que cet après-midi, l'orphelinat ouvre ses portes pour que chaque enfant ait la visite d'une ou de plusieurs familles. Je déteste ce jour depuis mon "adoption", mais je suis quand même obligée d'y aller et de participer un minimum, malgré mes réticences, pour ne pas me faire encore convoquer chez la directrice, qui je le sais, en a marre de moi.

Je marche à une allure assez vive dans ce couloir que je connais depuis ma "tendre" enfance et quand j'atteins enfin la poignée, un son de talons frappant le sol me fait arrêter tout mouvement. Je peux reconnaître ce bruit entre mille. Je me retourne lentement et vois une ombre qui me semble bien être celle de la directrice se dirigeant vers la pièce lui servant de bureau, mais une autre ombre se fait voir et je n'ai pas eu le temps de la regarder qu'elle a déjà disparu dans la pièce. C'est assez étrange car les adoptions ne sont normalement prévues que cet après midi. Ça doit encore être de ses riches qui ne veut pas se montrer en public.

Je pousse la porte pour accéder à l'extérieur. Ce geste me rappel mon rêve de cette nuit.

Je prends une grande bouffée d'air. Je ferme les yeux pour profiter du calme que me propose le jardin quelques temps.

Malheureusement dix minutes plus tard, une horde d'enfants courent pour jouer dans le grand jardin. Ils font un bruit insupportable et je décide donc de rentrer pour rejoindre ma chambre.

Une fois la porte passée, je croise les jeunes adolescents qui se dirigent eux aussi vers l'extérieur. Lorsque je passe à côté d'eux, comme d'habitude, je suis encore victime de leurs insultes et moqueries. Je garde le regard droit devant moi et ne regarde pas où je marche. Je suppose être arrivée au bureau de la directrice et j'entends la porte s'ouvrir. Je jette un coup d'œil rapide et ce que je vois me cloue sur place.

La directrice avait en face d'elle un homme, grand, musclé et imposant. Je peux reconnaître cette ombre entre mille.

Il est l'homme qui était venu m'adopter il y a bientôt six ans. Il fait partie de la famille d'accueil chez qui j'ai vécu treize jours.

Il me regarde un sourire en coin et reporte ensuite son regard sur la directrice qui elle, n'a pas détourné les yeux des feuilles sur son bureau.

Je me remet à marcher et continue vite mon chemin jusqu'à ma chambre.

L'après-midi arrive rapidement et les portes de l'orphelinat sont ouvertes aux familles. Les familles de toutes les origines viennent et regardent chaque enfant avec attention. Certaines familles jouent avec eux et discutent entre eux de leur choix.

Car oui lorsque l'on est dans une situation comme la nôtre, quand nous sommes dans un orphelinat, quand nous sommes adoptés dans une famille, nous n'avons pas notre mot à dire, nous devons juste suivre, nous taire et suivre les ordres donnés.

Je reste dans un coin au fond de la pièce, espérant qu'aucune famille ne me voit. Je reste stupéfaite du nombre de personnes présentes aujourd'hui. D'habitude il n'y a que quelques familles, pas plus de dix, mais la ... ils sont un peu moins vingt-cinq familles.

Les enfants semblaient néanmoins heureux de voir autant de monde, les voitures de certaines familles pouvant leur faire quitter cet enfer.

Lorsque je vois des nouveaux arrivants se diriger vers les jeunes je commence à les observer.

Une femme qui apparaît comme la chef du groupe, parle un peu avec les enfants de l'établissement. Je vois certains orphelins me donner des coups d'œil de temps en temps. Je ne comprends pas pourquoi et pour cause, je n'entends pas leurs conversations. Et cette situation m'intrigue beaucoup.

Lorsque je regarde vers la sortie tous les surveillants sont ici et gèrent les sorties. La directrice cherche quelqu'un du regard, quand elle tombe sur le mien, elle s'approche de moi d'un pas déterminé. Je m'enfonce le plus possible dans le coin mais à un moment, les murs en angles me stoppent.

Je reste alors, droite en attendant que la femme stricte que je n'aime pas, arrive pour me parler. Lorsqu'elle est devant moi, elle me regarde avec un air hautain. Je n'aime vraiment pas cette femme.

Elle commence à parler de mon âge et du fait que je vais assez vite quitter de l'orphelinat. Que l'établissement m'aidera au début pour me payer un petit studio, etc. ...

Je ne l'écoute plus parler et regarde autour de moi. Je remarque que les enfants partent de plus en plus avec des familles d'adoption. Mon regard se bloque sur un mouvement au niveau de la porte. Un jeune homme vient d'entrer dans la salle et beaucoup de filles le dévisage.

Je ne sais pas pourquoi mais je me sens attirée par cet homme.

La directrice me regarde bizarrement et finit par regarder où mon regard est porté. Lorsqu'elle voit l'homme, un sourire éclatant est sur son visage et elle se rhabille correctement, notamment en ouvrant sa chemise, en dégradant les premiers boutons, laissant ainsi une vue plongeante sur sa poitrine. Je n'y crois pas, elle pense séduire un jeune avec sa tête et son corps ? Beurk !! Je suis écœurée

Elle s'avance rapidement vers le nouvel arrivant, faisant claquer ses talons haut sur le sol comme une top model. Le bruit attire beaucoup de regard dont celui du jeune homme.

Lorsque celui-ci regarde dans sa direction, il ne regarde même plus la femme qui s'avance rapidement vers lui avec un regard aguicheur. Il regarde derrière elle. Il me regarde-moi, enfin je pense, en tout mon regard est dans le sien. Je m'y perds et ne fais pas plus d'attention à ce qu'il m'entoure. Quelques secondes plus tard, la directrice se place juste devant lui, entre nous deux, coupant le contact qu'il y avait entre nous.

Un semblant de grognement et de juron me parvient mais je n'en suis pas sûr. Je tourne la tête et commence à chercher une autre sortie.

Je m'avance vers la porte menant au réfectoire et ne jette aucun regard derrière moi.

Je commence à accélérer, car je sens un regard insistant de plus en plus sur ma personne.

J'allais passer les portes quand je suis poussée en avant pour arriver plus vite dans la cuisine, j'ai juste le temps de me retourner et de voir le jeune homme que je suis plaquée contre un mur de la cantine.

L'homme se tenant droit devant moi. Un visage neutre mais avec un regard sombre et sévère.

EldeweissOù les histoires vivent. Découvrez maintenant